TOPIC COMMUN : MARCHÉ DE NOEL.

LE MARCHÉ DE NOËL

Topic commun.

I don't want a lot for Christmas, there is just one thing I need. I don't care about the presents underneath the Christmas tree, I just want you for my own, more than you could ever know, make my wish come true. ― Mariah Carey.

N’importe qui te connaissant, dirait que t’es l’incarnation même de l’esprit de noël, émanation physique de toute la magie des fêtes de fin d’année. Alfred l’a si souvent répété après tout, t'es ce gamin qui a ramené la joie hivernale au manoir après des années de silence et de deuil pour Thomas et Martha Wayne, comme beaucoup de choses oubliées que t'as ramenées à la vie dans ce foyer. Parce que t’as toujours été comme ça, t’as jamais laissé la tragédie t’assaillir, retirer les couleurs de ta personnalité, surtout à l’époque. T’es celui qui tous les ans, trouve un pull encore plus hideux que celui de l’année précédente, celui qui malgré les conflits a toujours réussi à rassembler la famille pour cette occasion, même après le décès de Jason, même après l’agression de Barbara. Parce que Noël, c’est une grande tradition depuis que tu sais te tenir sur deux pattes, une fête qui te tient à cœur. Parce qu’elle célèbre la famille.
Cette année cependant c’est différent. Nostalgie, douce-amère mélancholie alors que tu appréhendes cette période au plus profond de tes pensées. Parce que tu sais que cette année, comme l’année dernière, tu ne pourras pas réunir la famille et honnêtement le manque commence à cruellement se faire ressentir dans ton cœur. Cette période te rappelle à quel point ta fratrie, ta famille a implosé, et que t'es pas certain de pouvoir un jour en recoller les morceaux, avec toute ta bonne volonté. Malgré tout t’essayes encore de croire, de retrouver cette magie qui d’ordinaire fait briller tes yeux en regardant les illuminations, comme un enfant découvrant la neige pour la première fois.
Et certaines personnes, certains moments, contribuent à cet émerveillement perpétuel.

Sourire aux lèvres, tes doigts tapotent hâtivement sur le clavier de ton portable alors que quelques lettres du message se perdent dans le froid : ce n’est pas grave, le destinataire est littéralement un génie du décryptage, elle saura te comprendre, comme elle parvient toujours à te comprendre. Tu replaces le tactile dans ta poche et presses un peu ton allure, un peu en retard. T’as tenu à passer rapidement au cirque après ton service, pour t’assurer que les artistes ne manquent de rien et apporter davantage de couvertures pour les animaux, avec cette vague de froid un peu plus virulente que prévue. Tu ne peux que compatir avec ces pauvres bêtes après tout, frileux comme tu es. Ton corps est entraîné pour résister aux températures extrêmes et pourtant tu ne peux t’empêcher de trembler dès que le thermostat descend un peu trop bas, pour le plus grand amusement de Barbara qui aime bien en rajouter avec ses mains froides sur ta peau. C’est pourquoi t’es actuellement emmitouflé sous plusieurs épaisseurs alors que tu traverses le marché, un stupide bonnet rouge et blanc avec des énormes grelots sur la tête.
Enfin tu l’aperçois, et ton sourire s'illumine. Passer du temps avec Babs te permet toujours d’oublier le monde autour, il pourrait tout bonnement s’effondrer que tu n’en aurais rien à faire, et bien sur le moment tout du moins. Parce qu’avec elle, tu ne fais que savourer l’instant présent, et de la simplicité de vos moments tu tires une puissante énergie vitale, comme une bouffée d’air frais dans un monde enfumé. Il y a toujours eu cette complicité particulière entre vous, qui malgré les hauts et les bas de votre relation, ne s’est jamais éteinte ; Babs c’est ton havre de paix, la présence qui te rassure autant qu’elle peut te faire perdre tes moyens. Ta force et ta faiblesse à la fois. Pas étonnant que tout le monde sache à quel point t’es toujours profondément amoureux de la fille du commissaire, alors que tu penses pourtant, naïvement, être subtil.

T’arrives près du stand de chocolats chauds, furtivement, et dans le dos de la rouquine passes doucement tes mains sur son visage pour recouvrir ses yeux comme le ferait un adolescent. « Hey Babs ! ». Tu sais que c’est une entreprise risquée, que par réflexe elle pourrait aisément te faire passer par-dessus son épaule, mais t’es prêt à prendre le risque. Tu dégages tes mains de sa vision, laisse à la place tomber tes paumes sur ses épaules et te tords sur le côté dans un angle où ton visage peut faire face à celui de Barbara, sourire taquin – presque félin. « Jolis bois », tu dis en levant les yeux sur son serre-tête, puis secoue frénétiquement la tête de gauche à droite pour faire tinter les grelots de ton bonnet, l’air idiot.
« Je sais, j’suis en retard. Mais je sais aussi que tu vas me pardonner une fois que t’auras vu mon excuse », tu dis joyeusement en te déplaçant pour cette fois-ci passer devant elle. Hâtivement tu portes à son attention le sac et en sors la trouvaille que t’as achetée sur le chemin, un pull de Noël, parfaitement ridicule, aux couleurs de Robin. Mais pas celles de l’actuel sidekick de Batman, les tons ne sont pas aussi sombres que ceux de l’uniforme de Damian ; ce sont bien les couleurs éclatantes de ton Robin, parfaitement accordées au côté rétro du vêtement. De quoi faire jaser davantage tous ces gens qui te harcèlent constamment pour savoir si tout ce temps t'étais au courant pour l’alter ego de ton père adoptif, ou encore si tu es Nightwing. Honnêtement, à force, tu commences à prendre goût pour les faire tourner en bourrique, jouer avec eux et les titiller un peu plus à chaque fois, tout aussi arrogant que cela puisse être. « J’devrais peut-être le porter plus tard, pour ma photo avec un certain petit elfe », tu fais mine de réfléchir une seconde. « Qu’est-ce que t’en penses ? Il n’y échappera pas. »