[TERMINÉ] Blood//Water ||ft. Father

Father and Son

Blood // Water

We'll never get free
Lamb to the slaughter
What you gon' do
When there's blood in the water ?

T'as le myocarde qui tambourine contre ta poitrine, pendant un moment t'as presque cru que t'avais attrapé un genre de maladie, parce que t'es incapable d'avaler une fourchette de ton repas, tu te contente de remuer le plat en faisant grater les dents métalliques au fond de l'assiette creuse. T'es conscient de ce qui t'attends, ou plutôt non, tu l'ignore, tu sais à quoi ressemblais les punitions chez les Al Ghul, ça ne t'as jamais effrayé, pas comme ça. Peut-être que c'est parce que Pennyworth te lance ce fameux regard, un mélange de tristesse et de déception, t'es pas certain de savoir si c'est parce qu'il a de la peine pour toi, parce qu'il sait ce qu'il t'attend ou parce qu'il est lui aussi est déçu par ton comportement mais tu sais qu'il a essayé de t'apaiser durant la soirée. T'as à peine touché à son chakchouka aux pois chiches, pourtant a passé du temps en cuisine, à choisi avec soin une spécialité maghrébine végétarienne pour toi, et depuis, il fait mine de nettoyer, d'astiquer chaque recoin de l'immense salle à manger afin de ne pas te laisser dîner seul. C'est probablement ton seul réconfort hormis la tête de Titus qui repose lourdement sur tes cuisses.

Tu finis par repousser le plat, donnant une caresse affectueuse à ton chien avant de sortir de table sans un mot. T'as pas faim, tu penses pas que tu pourras avaler quoi que ce soit de toute façon et vu l'heure ton père est probablement rentré à présent. Titus marche sagement à tes côtés, t'as l'impression que le manoir n'a jamais été aussi calme, c'est faux, c'est le cas depuis que Batman a pris le contrôle de la ville, depuis que tout le monde à déserté, mais cette nuit t'as l'impression d'être englouti par l'immensité des couloirs et le silence pesant qui y règne.

Tes pas se stoppent finalement face au bureau de ton père et tu prends une profonde inspiration, pour te calmer ou te donner du courage t'en es pas trop certain, tes mains lissent inconsciemment le tissus blanc de ton qamis et tu adresses un regard à Titus qui penche la tête sur le côté.

« Stay here okay ?»

T'as l'impression de sonner ta propre heure lorsque ton poing résonne sur la porte et quand tu entres enfin, t'as ce sentiment qui opressse un peu plus ta poitrine, t'essaie de rien laisser paraître quand tu avances jusqu'au bureau, tu te tiens droit, les mains dans le dos, comme un soldat, et même si t'aimerais détourner les yeux, tu le fais pas, par respect et par fierté.

« Father.»

Tu sais très bien pourquoi t'es là. Récemment t'as fini en cellule de dégrisement pour t'être battu et avoir ravagé presque l'entièreté d'une terasse dans le feu de l'action. T'es au moins soulagé de savoir qu'il n'est pas au courant que Jason était celui avec qui tu avais passé la soirée dans cette cellule. Mais ce n'est certainement pas le pire, tu sais bien que la nuit dernière est sa principale préoccupation. C'était qu'une question de temps avant que Batman ne soit au courant de tes agissements, t'ignore encore que Broke est le premier à avoir parlé. T'as saboté ta propre mission, certains de tes hommes sont morts par ta faute, parce que tu les as abandonnés, tout ça n'a été qu'un grand fiasco après des semaines de préparation. Tu portes encore le poids de cet échec, physiquement et mentalement, tu le sens dans le regard de tes Bats bien que personne n'osera te faire directement la remarque. T'as pas non plus pensé à nettoyer derrière toi, t'as juste laissé un carnage inhumain en plus des Batarangs abandonnés sur cette scène de chaos.

T'as pas réellement conscience de tes actes, de l'impact qu'ils peuvent avoir aux yeux de la population, dans la presse ou quoi que ce soit d'autres maintenant que ton visage et ton nom sont connus de tous, tu réfléchis pas à ça toi, t'es toujours certain de pouvoir tout arranger parce que les autres finiront par plier face à toi. Ce soir tu portes encore les marques de tes récents échecs, la plupart camouflées par ton vêtement, il te restes quelques traces visibles sur le visage, les sutures faites par Jason qui tirent dans ton dos et tes mains bien trop jeunes pour être autant abîmées.

T'es pas là pour t'excuser, tu préfères attendre la sentence, quelle qu'elle soit et bien que tu gardes la tête haute, le regard droit, t'as l'impression d'être minuscule en cet instant.

Father and Son

Blood // Water

We'll never get free
Lamb to the slaughter
What you gon' do
When there's blood in the water ?

Tu sais a la seconde où il ouvre la bouche pour parler que la tendresse ne sera pas de mise, pas que t'aies l'habitude d'en recevoir, Talia t'as élevé à sa façon, faisant de toi une arme bien plus qu'un être humain et elle s'est assurée d'effacer le moindre sentiment, la moindre émotion, ou du moins c'est ce que vous pensiez. T'avais naïvement cru que les choses seraient différentes en rencontrant ton père pour la première fois, si tu n'étais pas prêt à accueillir les autres dans ta vie tu avais au moins eu l'aperçu de d'une famille avant que tout ne vole en éclat.

Les mots tranchent, sont bien plus douloureux que les coups que t'as pu recevoir   et t'as l'impression de rétrécir au fur et à mesure que sa voix résonne, mais tu gardes la face, ne détourne pas les yeux tandis que ton cœur cogne de plus en plus fort dans ton poitrail.

« I know Father...»

Tu murmures, tu repètes, peut-être plus pour toi-même et tu serres les mains dans ton dos, sent les ongles de tes doigts planter la chair de tes paumes dans l'espoir de garder le contrôle de ta voix, de soutenir son regard glaçant.

Tu sais pourquoi tu es né, pourquoi on t'as élevé, dans quel but, tu sais que t'as pas le droit de simplement vivre, t'as des objectifs à remplir, un but bien plus grand, ta mère t'as ancré ça dans le crâne depuis ta plus tendre enfance alors t'ignores encore pourquoi t'as pu faillir comme ça.

« No... No I didn't. »

Ce n'est pas juste. Tu sens la colère monter toi aussi, la frustration qui grandit, la déception qui broie tes tripes. T'es pas certain d'être en colère contre lui ou toi même, parce que t'as l'impression que c'est injuste, comme lorsque ta mère contrôlait chaque aspect de ton quotidien jusqu'à ta façon de penser, mais tu sais également que t'as déçu l'homme dont tu as toujours cherché le respect et l'approbation.

« It's not fair ! »

T'as claqué tes mains sur le bureau, impulsif comme toujours, penché vers ton père, le visage crispé, peignant les diverses émotions qui te traversent, tu pourrais presque trembler, envahis par ces sentiments que t'arrives pas à gérer. Parce que t'as juste envie d'élever la voix, de cracher ton venin. Parce que c'est faux, t'as passé ta vie entière à faire ce qu'on attendait de toi, tu t'es toujours montré à la hauteur, t'as toujours été le parfait petit assassin et qu'ils ont, tout comme toi, oublié que t'étais qu'un gosse.

« I know what I have to do! I know very well the importance of what we do. I know what you want from me, what mother wants from me. I know... I... I'm made for it!  »

Parce que si c'était pas le cas, si tu venais à échouer plus encore, à décevoir tes deux parents, que te resterait-il ? T'as jamais supporté la défaite, mais la déception que tu peux voir dans leur yeux, entendre dans leur voix, c'est pire encore. T'as passé la majorité de ta vie à te battre, littéralement, pour pouvoir rencontrer ton père, c'était plus qu'un simple rêve, c'était une obsession, toi qui n'a jamais eu la chance de tes frères et sœurs, connaître l'homme derrière le masque du chevalier noir pouvoir grandir et évoluer à ses côtés, alors lire cette déception, ce mépris à ton égard, est probablement la pire des choses que tu pouvais imaginer.

« I had a setback, I gave my orders for them to continue the mission, I thought they were capable of handling it, I am not the one who failed ! »

C'est faux. Parce que t'as choisis ton cœur plutôt que ta tête, ta désobéis à tout tes principes, tout ce que ta mère t'as enseigné, t'as fait voler en éclat tout ce qu'elle a bâtit parce que pour une fois t'as eu l'impression de ressentir quelque chose d'autre que ce qu'on t'as appris, t'as pensé à quelqu'un d'autre que toi même et t'as eu peur de perdre quelqu'un.

T'es trop immature, trop blessé, trop borné pour reconnaître tes tords, pour accepter que c'était ton but, ta mission de les diriger. Tu sens l'amertume dans ta gorge, la brûlures dans tes yeux, et tes poings se serrent sur le bois quand ton regard perce toujours celui de ton père.

Father and Son

Blood // Water

We'll never get free
Lamb to the slaughter
What you gon' do
When there's blood in the water ?

La peur n'a jamais été envisagée, on t'avais appris qu'il ne fallait pas s'en laisser submerger ni lui céder, que ce soit à elle ou aux autres émotions et depuis que tu avais fait tes premiers pas dans ce monde, on t'avais appris que la force était tout ce que tu devais montrer à tes adversaires, que tu ne devait jamais donner ne serait-ce qu'un simple semblant de frayeur, car les faibles devaient être écrasés et jamais plaints. Pourtant lorsque ton père se lève, ton corps agit de lui même, loin du mouvement de recul que tu devrais avoir, non, ton dos s'est simplement tendu et tes muscles se sont cripés, tes mains figées, planant quelques centimètres au dessus du large bureau. Ce serait presque imperceptible pour le commun des mortels, pour ceux qui ne te connaîssent pas, mais tu sais que ton père décèle cette étincelle de crainte maintenant qu'il te surplombe totalement.

La force brute, tu ne peux que la lire parfaitement chez lui, mère avait toujours été terrifiante mais elle était plus semblable à une vipère, habile, agile, hypnotysante, presque délicate, elle savait comment user de son langage corporel, se déplaçant avec la grace qui lui avait toujours sied jusqu'à ce qu'elle ne referme son emprise sur sa proie. Tu lui ressemblais à bien des égards, bien loin de l'imposante carrure de ton paternel, de cette puissance qui semblait presque emmaner de lui et faisait trembler ses ennemis et à cet instant tu ne t'étais jamais sentit aussi petit, comme si il pouvait te briser d'un moment à l'autre. Pourtant ton regard est toujours ancré au sien et bien que tu aies flanché l'espace d'un instant, tu lui renvoie probablement la même expression, la colère, la détermination, des traits similaires aux siens si ce n'est que tu auras toujours les yeux de ta mère.

Le poids des mots que tu ne peux réfuter s'abat et tes machoires se crispes, dans un élan d'impulsivité t'aurais presque pu balancer ton front en avant, frapper un coup sec son os nasal pour le faire taire, pour le forcer à s'éloigner parce que t'as toujours réagit comme un animal sauvage et que cette fois tu te sens menacé. Mais tu n'as que trop appris le respect que tu devais avoir envers ta famille, envers ta mère, ton grand-père, envers ton père. Mère serait probablement déçue de te voir ainsi, debout, montrant les crocs à ton géniteur au lieu de reconnaître ton echec, à genoux, prêt à recevoir ton chatiment.

« I- »

T'as du mal à lire sur son visage, tu sais bien que comme toi il s'est entrainé à masquer ses réelles intentions, à moins qu'il ait toujours été comme ça, comment pourrais-tu le savoir. T'es pas certain à cet instant, est-ce une question réthorique, veut-il réellement connaître les raisons ? Tu sais bien que tu n'avais jamais eu ton mot à dire avant, peut importe la situation, un échec était suffisant à lui même, impardonnable et tu portes encore sur ton corps les marques pour le prouver. Mais peut-être qu'avec lui c'était différent, peut-être que tu avais ton mot à dire cette fois-ci. La confusion se lit facilement sur tes traits, tu t'es redressé à ton tour, parfaite posture, si ce n'est tes poings sérrés et non pas liés dans le dos. Ta voix se fait plus mordante, aggressive.

« I had given my orders, we were on our way to execute our plan as planned but I caught these men attacking... an innocent man, if I had stood by and done nothing he would be dead. I- I thought I had to act, that I had to protect him, I thought that was our role.»

T'essaies de tourner ses propres mots, ses propres convictions contre lui, t'es pas certain d'avoir le dessus à ce jeu là, pas avec ton père, mais tu peux pas t'en empêcher, la fierté, l'orgueil, parce que t'as besoin de soigner ce qu'il est en train de briser.

« He was Richard's colleague. His blood would be on my hands if I hadn't done anything. »

Peut-être que ça l'adoucierait un minimum, que ça pourrait l'éloigner de l'échec, celui de la mission, pour se concentrer sur ce qui devait compter, mais tu sais bien que tu as choisis un vie contre plusieurs autres, que les ordures que tu devais arrêter se sont échappées, et tu sais aussi que t'as agis en suivant ton coeur, pas par devoir. Ca te fait froncer les sourcils, tu l'as ressent encore, cette frustration qui grandit, cette injustice, comme si tu étais le seul coupable, comme si tu étais le seul echec.

« It's not fair. It's not fair and you know it ! »

Cette fois tu éclates à nouveau, t'as besoin de faire entendre ta voix comme si ça pouvait apaiser des années de silence, des années à accepter les punitions, les remontrances sans plier, sans discuter.

« I'm the only one of your Robin's that stayed true to you, Grayson, Todd, Drake, they all turned away from your path, and most of them betrayed you, stabbed you in the back! I'M the only one who understands your vision, the only one who does the right thing, the only one who should be by your side! I am YOUR son, none of these impostors, so why, why did they get to make mistakes and not me ! »

Dans un mouvement de rage ton bras balaie l'entièreté du bureau, les feuilles et dossiers volent, le crystal d'un verre, d'une bouteille, se brise en touchant le sol et t'as l'impression que c'est pas assez, t'as envie de déverser ta frustration dans cette violence que tu ne connais que trop bien, la seule réaction que tu connais pour apaiser tes maux. T'es presque prêt à revenir à l'époque où tu venais d'arriver en ces lieux, quand tu brandissais un sabre en ordonnant à ton père de te montrer son respect en te combatant.

Father and Son

Blood // Water

We'll never get free
Lamb to the slaughter
What you gon' do
When there's blood in the water ?

Tu penses que sa colère, sa violence sont les pires choses que tu puisses affronter, tu as tort, terriblement tord, le calme est bien plus effrayant, tu ne peux que penser à ta mère, cette prestance qu'elle avait toujours dégagée, la tranquillité qui semblait lui sied comme si elle parvenait à toujours avoir tout sous son contrôle, comme si elle avait déjà 3 coups d'avance. Tu détestes ce calme quand tu n'es qu'une boule de nerf prête à exploser, tu l'as toujours détesté, que ce soit ici au manoir ou dans ton passé au sein de la ligue. Ton cœur bat plus fort, t'entends presque que ça résonner dans tes oreilles comme le sang qui pulse dans tes veines, tes poings se serrent assez pour que les ongles courts se plantent dans la chair de tes paumes, t'as besoin de ce contrôle, de gérer ton corps, tes pensées comme on te la toujours appris, par la douleur, mais tu te sens faible, presque vacillant face aux mots de ton père. T,'aurais préféré être de retour à la ligue, sous les coups de tes mentors et tuteurs, sous les ordres de ton grand-père, parce que c'était certainement plus facile à encaisser que ce genre de châtiments, tu peux gérer les sequelles physiques, la douleur, tu sais que ce n'est que temporaires, que ça ne laissera que des marques visibles, t'as bien plus de mal à encaisser le psychologique, pas quand il s'agit de ton père, de ta mère, les personnes dont tu as toujours cherché l'approbation et le respect. Il trouve les mots justes, comme Talia, ceux qui t'ancrent un peu plus à leurs côtés, qui font de toi l'armée parfaitement dévouée qu'ils ont créé, parce que quand tu l'entends dire que tu es meilleur qu'eux, tes prédécesseurs, t'as cette chaleur qui croît dans ta poitrine, qui soulage presque tous tes maux l'espace d'un instant. La rage qui brûle dans tes prunelles d'émauraude s'éteint peu à peu, remplacée par des sentiments que tu peines à comprendre, tu ressens ce manque, quelque chose que t'aimerais combler sans y parvenir, dans ta tête tu te rejoues des scènes que t'observes parfois, des enfants dans les bras de leur parents, l'affection et le contact physique que Grayson t'apportes quand bien même tu le repousse, tu te rends compte que parfois t'aimerais simplement ça de ton père, qu'il comble les mètres qui vous séparent pour te serrer dans ses bras. Tu sais que c'est une faiblesse de ressentir ça, Talia ne te l'a que trop bien enseigné, tu dois être celui aux commandes, pas le nécessiteux. Tu flanches, parce que ton regard quitte le sien, tu baisses les yeux, résignés, accablé par les mots de l'homme à qui tu dédies à présent ta vie. Disappointed. Le mot blesse bien plus qu'un coup de fouet ou qu'une lame acérée, et c'est pour ça que tu baisses la tête, honteux, soufflant presque d'une voix timide qui ne te ressemble pas « I understand Father... » Tout semble bien trop confus dans ta tête, parce que t'as ce sentiment humiliant d'échec qui grandit, s'étend dans ta poitrine comme pour t'étouffer, te noyer et pourtant t'as l'impression de prendre une nouvelle bouffée d'air à chaque mot prononcé par ton père qui te reconnaît comme sien, un Wayne, son fils, son sang. Tu oses enfin relever le regard, lui apporter le respect dont tu devrais faire preuve en permanence face à lui, comme on te l'a appris. Le torse presque bombé, la posture droite, digne, tes mains regagnent le bas de ton dos jointes, la posture parfaite quand tu t'adresses à nouveau à lui. « I wouldn't. You'll be satisfied. » Proud. Tu aurais aimé le dire, mais tu sais que ce n'est qu'un souhait enfantin pour te satisfaire. Tu penses naïvement que la conversation est terminée, que tu vas pouvoir quitter son bureau après qu'il t'en ai donné la permission, parce que vous n'avez plus rien à vous dire, vous avez terminés, comme à chaque fois qu'un rapport de mission doit être effectué, pas de fioriture, pas de détails insignifiants, mais tu vois l'attitude changeante dans ton paternel alors qu'il se rassied, il t'analyse, cherche à te percer à jour et si tu essaies de rester impassible, tes sourcils se froncent légèrement. T'es pris au dépourvu, parce que t'ignores où il veut en venir, tu sais bien qu'il est inutile de mentir, pas à Batman, il saura lire en toi comme dans un livre ouvert et pire que ça il pourra effectuer ses propres recherches si tes réponses ne lui conviennent pas, mais l'espace d'une seconde tu penses pouvoir simplement lui parler comme un fils à son père, tu crois pouvoir partager ce que tu gardes pour toi, ne confie qu'à Titus ou Alfred le chat. « I- yes, I met him before.» Tu repenses à ces moments partagés, ces instants où t'oubliais parfois tout de toi, Robin, Wayne, Al Ghul, pour n'être que Damian. Ta voix est plus hésitante, presque nerveuse, t'as l'impression de marcher sur une corde et que le moindre faux pas te fera basculer dans le vide, tu te revois gamin, à peine 5 ans, quand t'avais ramassé cette petite Jerboa dans le sable brulant, tu l'avais caché, soignée et grand-père l'avait découverte, tu avais été forcé de serrer ta main autour de son cou, de faire craquer sa petite tête dans un angle inaproprié et on t'avais réprimandé lorsque de grosses larmes avaient coulaient le long de tes joues. Tu avais appris ta leçon ce jour-là, ne pas s'attacher, à quoi que ce soit, jamais, l'amour, les sentiments sont des faiblesses, des freins. « I didn't lie to you, he is a colleague of Richard's but he- » Mais père n'est-pas comme ça pas vrai ? Il t'a offert Titus, lui et Grayson, il a accepté Alfred, Batcow, il ne t'as jamais forcé à avaler quoi que ce soit d'animal à partir du moment où tu l'avais décidé alors peut-être que cette fois ce serait différent ? « He is... my friend ? » Tu doutes, parce que t'as jamais eu d'amis, tu te crois incapable de t'accrocher aux autres, et tu sais qu'Oscar ignore tout de toi, pourtant t'as ce sentiment qui réchauffe ton cœur et ton corps te trahis parce que ta posture devient lâche, que tes yeux se perdent sur le bureau plutôt que sur ton père, que tes doigts attrapent distraitement les manches de ton qamis et que ta voix n'est plus qu'un souffle « I think he likes me ? » Évidemment, tu n'as pas idée des sentiments dont tu parles, t'as déjà du mal à distinguer l'affection l'amour et l'amitié, mais c'est ce que tu ressens en pensant à Oscar et prononcer ces mots affole ton coeur bien plus qu'avant, mais tu ajoutes presque timidement, ayant pour la première fois l'impression de pouvoir partager quelque chose de sincère et réel avec ton père « He's kind » Le serait-il toujours s'il savait ?

Father and Son

Blood // Water

We'll never get free
Lamb to the slaughter
What you gon' do
When there's blood in the water ?

Ses questions semblent aussi étrangères que lorsque ton esprit s'évertue à se les poser à lui-même, t'avais déjà essayé d'y répondre, seul, sauf que tu comprends pas, comment le pourrais-tu ? Toi à qui on a toujours appris que l'attachement, les émotions, les sentiments n'étaient que des fardeaux destinés à te clouer au sol, te rendant faible et inutile. Tu savais depuis toujours que ton chemin serait solitaire que, même les personnes les plus proches de toi pouvaient être un obstacle, un poison, t'as bien vu quel genre de relation entretenaient ta mère et ton grand-père et pourtant en débarquant à Gotham t'avais pu avoir une autre vision des choses, une autre façon de vivre, ça n'avait pas duré avant que ton père ne se lance dans sa nouvelle quête mais t'en avais eu un aperçu de cette vie qui aurait pu être totalement différente. Rencontrer Oscar avait tout bousculé et t'ignorais encore pourquoi tu n'arrivais simplement pas à le repousser comme tous les autres. Alors t'avais froncé les sourcils une fois encore, tes yeux clairs s'attardant sur le parquet comme si tu cherchais toi aussi les réponses à ces questions. « I don't know. I tried to push him away, he is loud, talkative, awkward but he seems ... interested in me? He's sincere and easy to read but deeply kind, it's ... different.» Différent de tout ce que t'as connu, la ruse, la trahison, la manipulation, jamais personne ne t'avais porté d'attention, pas si tu ne leur apportait rien en retour, t'as toujours été persuadé que c'est uniquement comme cela que fonctionnaient les relations et comment pouvais-tu t'intéresser aux autres quand ta mère te répétait combien tu leur été supérieur, qu'ils n'étaient là que pour plier sous ta botte. Dans un autre souffle tu ajoutes, plus doucement, presque pour toi-même, parce que t'as l'impression de le réaliser en le disant à voix haute. « He doesn't expect anything from me » et tes sourcils se froncent un peu plus parce que ça semble si faux, tout le monde attends quelque chose des autres, la vraie gentillesse n'existe que dans les conte pour enfants et t'as jamais eu la chance de pouvoir croire en eux. Tu relèves enfin le regard vers ton père, hésitant, incertain, bien loin de l'assurance habituelle que tu as hérité de tes deux parents, non à cet instant t'as l'impression de douter de tout, d'être sur cette corde instable et tu ignores comment agir, te préparer parce que t'as pas été formé à ça.« I don't like it, I didn't choose it... I don't know to deal with all this » Cette fois c'est vrai, c'est la seule certitude que t'as, parce que c'est ce que tu ressens, une énorme confusion, des sentiments que t'aurais jamais pensé éprouver, des sentiments que t'arrives pas à interpréter. Puis pendant un instant tu te reprends, plisses légèrement les yeux face au regard de ton père, parce que tu doutes, est-ce qu'il tient réellement à savoir tout ça, qu'espère-t-il obtenir de toi à cet instant, est-ce une ruse comme celles de ta mère, de ton grand-père, la carotte avant le bâton, t'es plus certain de rien, t'arrives pas à savoir si t'as à faire au père, au dictateur, à la chauve-souris. « What are you thinking. Why is it important now. » T'es de nouveau sur tes gardes, t'ignores sur quel pied danser, tu sais juste que t'as montré de la faiblesse, celle pour laquelle on t'a toujours puni, alors t'es prêt à montrer les crocs à nouveau.