Play with fire ||ft. Father & Oscar

Father and Oscar

Play with fire

Insane, inside the danger gets me high
Can't help myself got secrets I can't tell
I love the smell of gasoline
I light the match to taste the heat

Le trajet en voiture est silencieux, les tensions au manoir n'ont jamais été si grandes, t'ignores depuis combien de temps vous ne vous êtes pas parlé normalement ton père et toi, sans faux-semblants aux yeux de la presse, sans cri et excès de rage dans l'intimité de votre foyer. Ses mots sont toujours ancrés en toi, poison qui contamine ton être, façonne ton esprit et modèle ton futur, pourtant tu restes aveugle à tout ça, persuadé qu'il a raison, que tu es celui qui doit accepter et obéir, convaincu de faire les bons choix.

Gotham défile à travers les vitres et avec la pluie battante tu ne peux qu'en apercevoir les flous contours, des lumières qui s'étalent et forme des dessins abstraits. Le dos droit, les poings serrés sur tes cuisses tu oses un regard en biais, observe un moment ton paternel les yeux rivés sur la route, les mains agrippées au volant.

T'as pas osé lui demander d'explications quand il t'a missionné pour l'accompagner et évidemment t'avais bondit pour enfiler ton uniforme avant qu'il ne t'arrête t'indiquant que ce n'était pas nécessaire. Les questions s'étaient mises à germer dans ton esprit, peut-être un rendez-vous professionnel, quelque chose en rapport avec les entreprises Wayne, mais à cette heure tardive ? Peut-être simplement une entrevue avec Gordon.

Les pneus crissent sur le bitume humide et la voiture s'arrête enfin, tu échanges un regard confus avec ton père avant qu'il ne te fasse signe de descendre. T'as appris à fermer ta bouche avec lui, surtout en ce moment après vos derniers échanges alors tu rabats la capuche sombre de ton manteau avant de déverrouiller la porte en retenant un soupir les mains enfoncées dans tes poches.

Ton regard analyse immédiatement les environs et il ne faut que quelques secondes avant que tu reconnaisses les bâtiments familiers. T'es déjà venu ici, plusieurs fois, et tu connais trop bien ton père pour que ce soit un hasard. Ton cœur bat plus fort, résonne aux creux de tes oreilles mais tu inspires, tâche de ne montrer aucune émotion tandis que vous faites quelques pas dans la rue.

« Father ? I don't understand, what are we doing here ? »

Il n'achètera pas ton petit numéro d'innocence, t'en est certain, parce que tout comme toi il sait très bien où vous êtes, connaît les horaires de la proie qu'il a décidé de traquer, sait qu'il passera par ici d'une minute à l'autre. Fuck. Tu serres les dents, baisse un instant les yeux, t'as fais tout ce qu'il fallait, tu t'es assuré de l'écarter de ta vie, il a été assez malin et doué pour couvrir sa trace sur Internet, t'as fais le nécessaire pour dissimuler son adresse ou tout ce qui pouvait lui être associé et pourtant tu sais que tu vas payer pour avoir désobéi une fois encore, parce que t'as osé défier ton père une fois de plus et lui mentir droit dans les yeux.

« I told you that I had solved this problem.»

Tu marmonnes entre tes dents, la tension évidente dans tes épaules tandis que le froid et l'humidité commence à s'infiltrer malgré tes vêtements chauds.

Bruce & Damian

Play with fire

We were so magical, why end this way?
I know you're furious, yeah, just like me
You got good reasons, but I do too
What really happened here? I wish I knew

Les blessures ont presque disparues, mais les douleurs se font fantômes, échos de ces souvenirs trop vifs, encore. De ce rejet incompréhensible, après les actions du jeune Wayne. Ta perdition est cependant amenée dans la nuit à suivre quelques lumières amicales ; Dick, Arthur, Zoé. Entourage sauveteur pour ton coeur meurtri et esseulé. Mais tu n'abandonnes pas. Malgré qu'il t'ait bloqué, qu'il t'ai délaissé, après vos mots cruels et cette dispute brûlante. Tu t'es jeté à corps perdu dans le travail, comme si la paperasse du GCPD camouflait l'oxygène dont tu avais besoin. Mais cela t'empêchait de trop penser, de trop t'attarder sur tout ce qui te semblait trop difficile à appréhender.
Pourquoi Damian t'avait-il repoussé, après t'avoir sauvé, après s'être montré sous sa facette humaine ?

Chassant résolumment les questions qui assaillent ton esprit, tu remontes le col de ton manteau, ton sac à l'épaule, te parant d'une allure plus volontaire que tu ne l'es vraiment. Tu viens de finir tes heures et tu es épuisé - et c'est peut-être dû aux entraînements dont te gratifies Arthur. Ou alors aux boutades de Dick - depuis que vous êtes devenus coéquipiers, vous êtes les deux lurrons du coin. T'as un vrai sourire qui se dessine sur ton visage, malgré le froid ambiant. Tu te sais bien entouré, et tu rends grâce à ceux qui te soutiennent. Même si une absence se fait sentir et que tu aimerais pouvoir le revoir - ou simplement comprendre. Tu bouges les épaules pour répartir le poids de ton sac en bandoulière, pressé de rentrer et de retrouver tes trois félins. Tu repousses tes cheveux en arrière ; ils ont trop poussés et tu hésites à demander à Zoé de te les couper. T'as pas les moyens pour un coiffeur. Un de tes petits frères a dû se faire opérer et t'as avancé l'argent ; les fins de mois vont être difficiles mais ça ne vaut pas le sourire de Gary - avec toutes ses quenottes. Tu te demandes si tu aurais le temps de passer dîner avec ta famille, ta main sortant ton téléphone, quand un instinct te fait t'arrêter. Peut-être celui de la proie, sachant qu'elle est observée - peut-être un instinct que tu as développé après avoir failli mourir.
Ou peut-être parce que ton tout être se tend de le sentir là, tout proche.

Deux silhouettes. Nul besoin de plus que la lumière chiche des environs pour les reconnaître. Tu ranges ton portable comme si c'était une arme dangereuse, sans avoir eu le temps d'appeller ta mère ; elle a été chassée de ton esprit. Tu lèves le menton, le regard troublé, la peur au ventre. Et le soulagement. Parce que tu sens que si tout finit là, tu devrais avoir des réponses. Tu ne dis rien, silencieux, attendant simplement la suite. Une idée stupide te vient - peut-être ne sont-ils pas là pour toi. Mais tu la rejettes. Bien sûr qu'ils sont là. Tu retiens un frisson - ont-ils tout découvert ? Impossible. Tu te tiens à distance de la résistance, et tu as toujours couvert tes traces - aidé en ce là par Dick, sans que tu le saches.

Par réflexe tu frottes ta paume contre la cicatrice qu'il t'a laissé, après t'avoir recousu. Tu t'en rends compte, réussis à ne pas rougir. Involontairement, ton geste se fait pareil à celui de Damian - tu enfonces tes mains dans tes poches. Tu ne glisses tes prunelles que sur le paternel ; non par mépris pour le plus jeune, mais parce que tu ressens quelque chose, que tu ne voudrais pas qu'on devine l'affection ou l'inquiétude que tu peux avoir pour lui. Ton calme est apparent, tu es loin du bavard chien fou du GCPD que tu incarnes habituellement.
Tu attends calmemement.
Quoi qu'il arrive, tu l'auras vu une dernière fois.