Outlaw and Outsider (Jason Todd)

Outlaw and Outsider.

Red Hood & Captain Cold

What was silent in the father speaks in the son, and often I found in the son the unveiled secret of the father. Friedrich Nietzsche.

Gotham. La ville de tous les maux, la ville de tous les déboires. La ville que l’on aime uniquement à condition d’être né en son sein, d’avoir été bercé entre ses murs crasseux et sa noirceur éternelle. Alors, on l’affectionne, presque autant qu’on la déteste. On veut la voir prospérer ; on veut la voir brûler. Elle nous tient en otage de notre propre volonté, syndrome de Stockholm qui chaque jour s'étend un peu plus. Sous son épaisse brume de pollution, intensifiée depuis quelques années par ce dôme opaque que l’on a vu ériger, elle se glisse sous la peau de ses enfants tous aussi brisés les uns que les autres, pirate leurs cerveaux pour les rendre dépendants, comme des camés en attente de leur prochaine dose. Parce qu’il existe un lien indescriptible qui lie les natifs à leurs racines, un pacte de sang ; un appel presque funèbre auquel ils ne peuvent résister.
Jason Todd lui a déjà échappé par le passé. Mais toujours Gotham l’a rappelé à elle, comme l’un de ses fils. Elle qui l’a vu venir au monde, une première fois du ventre de sa mère, une seconde fois de ses propres entrailles. De la terre. Le jeune homme est un pur produit local. Ca se voit dans ses traits marqués rongés par le tourment, par ces marques qui recouvrent son corps, son visage ; par les fantômes qui hantent ses nuits les plus douces. Mais aussi par cette détermination qui brûle en lui comme un feu ardent, semblable à tous ceux qui se sont élevés à Gotham.

Une épaisse brise lacère son visage. Sous la lumière vacillante d’un lampadaire sur le point de rendre l’âme, Jason remonte la capuche rouge de son vêtement sur sa tête. Il est un rat parmi les souris volantes de Gotham. Enfant des rues, il continue de se déplacer sur la terre ferme, dans les bas-fonds la plupart du temps, là où ses frères et sœurs favorisent la voie des airs. Red Hood a son propre style, plus sobre, plus discret. Plus proche d’où gangrène la misère, aussi. Il glisse grossièrement les mains dans ses poches, l'air absent. Piste peu fructueuse, il est de nouveau monsieur tout-le-monde désormais, fondu au milieu de la masse – bien que peu affluente à cette heure-ci. Son visage camouflé derrière les ombres, couvert seulement par un masque domino tandis que son casque rouge habituel repose dans le sac de sport qu’il traîne sur son épaule, personne ne le remarque. Il faut dire que dans ces quartiers personne ne fait attention à personne. Et surtout, personne ne pose de questions. Il le sait. Il a grandi ici. Crime Alley est à deux pas. Ces ruelles, il les connaît comme sa poche. C’est d’ailleurs ce qui le pousse à faire un léger détour avant de retrouver son cheval d’acier, un peu plus loin.

Curieuse sensation, que de se sentir observé, mais par la force des choses devenue si familière. Mauvaise harmonie au milieu de ce tableau d’absolue ignorance. Les poils qui se dressent sur la nuque, l’impression d’inconfort. Constamment en alerte, réflexe acquis de l’école des apprentis bats, et après quelques mauvais coups derrière la tête aussi, le second Robin sait reconnaître quand il est suivi. Et effectivement, il finit par remarquer l’homme qui est sur sa trace. Il ne laisse rien paraître cependant : cette conscience éveillée lui permet de reprendre l’avantage sur son inconnu. D’une cible, il fait de sa personne un appât, capable de mener le fantôme là où lui le veut.
C’est dans une petite ruelle isolée qu’il conduit son nouvel ami. Quand il s’engage au croisement des deux voies, Jason escalade les parois adjacentes, rebondit agilement sur un mur pour atteindre le dernier barreau d’une échelle de secours dissimulée dans l’obscurité, et se hisser tout aussi gracieusement sur la plateforme en hauteur. Un déplacement qui laisse transparaître ses jeunes années de rouge-gorge dans son aisance d'exécution.
Quand l’individu finalement entre en scène, son casque rouge est de retour sur son visage, logo fièrement porté sur sa poitrine. De son poste, il observe silencieusement l’homme agir, jauge le niveau de menace qu’il pourrait représenter. Il fronce le nez, crispe ses lèvres quand la voix grave résonne dans la ruelle.

— Le soucis, cliquetis métallique, ses mains gantés caressent l’acier poli pour retirer le cran de sûreté de son arme. C’est que j’suis pas d’humeur très bavarde.

Courte pause, puis Jason hoche légèrement le menton vers le haut.

—   The red hood spilled the beans, was it ?, il souffle ironiquement, sourire en coin au bord de la voix brouillée par le casque. L’homme de toute évidence vise le Red Hood. Il sait qui il est. Un plaisir qu’il n’a pas l’honneur de partager.

Cette fois c’est un mouvement de son poignet armé qui fait office d’avertissement suffisamment suggestif.

— J’te connais pas. Qu’est-ce que tu veux ?

Outlaw and Outsider.

Red Hood & Captain Cold

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Leonard Snart. Ce nom fait échos dans ses oreilles, laisse tinter une petite cloche dans sa boite crânienne. Ce nom ne lui est pas inconnu. Oui. Bien sûr. Il sait qui il est, il connaît son activité. Du moins il se souvient des grandes lignes. Jason n’est pas sans connaître quelques noms de Central City après avoir occasionnellement fréquenté des supersoniques - surtout du temps où il portait encore une stupide cape. Et parce que Bruce a toujours poussé ses protégés à voir plus loin que les frontières de Gotham. Ironique que ce soit ce même homme qui ait justement fermé les frontières désormais. Pour protéger la ville des dangers extérieurs. Et bien il semblerait qu’il ait aussi enfermé certains de ces dangers en son sein dans le processus.

Bien que ledit danger ne se montre pas particulièrement hostile pour le moment.

— Une bien fâcheuse position j’le concède. Il fait claquer sa langue contre ses dents. Voleur c’est pas une bonne situation ces jours-ci.

Décidé que l’individu ne présente aucune menace immédiate et après s’être assuré de sa solitude, le Red Hood finalement descend de son perchoir, glisse sur l’échelle rouillée et atterrit sous la plateforme métallique. Il ne pointe pas le canon de nouveau sur la tête de son interlocuteur, mais il n’est pas dupe pour autant : arme au poing, dirigée sur le sol non loin de lui, il reste prêt à viser au moindre mouvement trop rapide en face ; et que le bougre s’essaye à le désarmer pour voir.

— Ils ont raison, il articule sans prendre la peine de tergiverser, joue cartes sur table. De toute manière ses liens étroits avec les bat ne sont plus vraiment étrangers dans les bas-fonds de la ville, bien que leur nature reste incertaine. Il est de notoriété publique que le Red Hood est lié d’une quelconque manière à Batman depuis que leur guerre a retourné les entrailles de Gotham. Le nier serait manquer de respect au gars d’en face, non pas que Jason se soucie foncièrement de blesser les égos.

— Mais tu perds aussi ton temps. J’te l’ai dit, j’suis pas d’humeur bavarde.

Le casque rouge penche la tête sur le côté, intrigué tout de même par la nature de la demande. La plupart des gens qui veulent s’opposer au maire se dirigent naturellement vers les résistants, vers son antagoniste de toujours, le Joker. Ou tout au plus, probablement à cause de sa réputation dans la ville, les opposants se dirigent vers d’autres chauve-souris passées ou anciens partenaires connus de Wayne. Tout le monde, sauf lui. Mais si Snart est venu chercher Red Hood, c’est qu’il a l’intention de la jouer salement.

— Pourquoi j’filerais mes infos au premier v’nu, sous prétexte qu’il veut quitter la ville ? Comme tous les clampins du coin ? J’fais déjà pas d’courbettes aux pingouins d’la résistance. Qu’est-ce qui m’dit qu’t’as pas d’autres projets dans la caboche ? Non pas que j’doute de ta bonne volonté, Captain Cold, il appuie sur son alias, méfiant. Mais dans c’cas-là autant publier une gazette et m’livrer à Wayne. Le chaperon rouge hausse les épaules. Si encore c’était autour d’une bière…

Sous son masque Todd plisse les yeux. Il jauge l’homme, scrute sa posture de la tête aux pieds. Il est d’aplomb, solide dans ses appuis : il est en confiance. Pas même un peu intimidé par la figure robuste et casquée en face de lui.

— Qu’est-ce que tu cherches à savoir de toute manière ? Puis, dans sa barbe, Jason marmonne : A part qu’il préfère le café noir comme son âme ou que son majordome lui achète encore ses sous-vêtements.

Outlaw and Outsider.

Red Hood & Captain Cold

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Red Hood fait claquer sa langue contre ses dents, penche la tête sur le côté et jauge une fois de plus l’homme en face de lui, reste dans l’expectative alors qu’il considère les mots de son interlocuteur. Au crédit de Captain Cold, le voleur ne s’embarrasse pas avec de futiles banalités et formalités insignifiantes, il va droit au but –– il n’est pas ici pour prendre le thé. Jason sait apprécier cette qualité qui n’est définitivement pas donnée à tout le monde.

— T’auras besoin de bien plus que quelques informations pour te tirer de là.

Bruce est intelligent, prévoyant. Calculateur. Il a toujours trois coups d’avance même sur ses plus proches alliés, ou ceux qui l’ont été. Il ne suffira pas de lancer un appât dans une direction et attendre que le vieil homme tourne la tête pour faire le mur. Non, pour arriver à ses fins, Snart va devoir créer une faille dans ce gouvernement répressif, et s’y faufiler, le tout probablement en se salissant les mains. Affaiblissement sur lequel travaille déjà le casque rouge, d’une certaine manière. Peut-être que les deux hors-la-loi ont effectivement beaucoup à gagner d’une collaboration, surtout que Cold est connu pour ses plans ingénieux. Todd aussi est un fin stratège, quand il le veut bien, mais un regard neuf et extérieur ne peut être que bénéfique dans ce contexte hostile. Surtout combiné aux connaissances du Red Hood qui a bien entendu déjà une petite idée de ce qui pourrait vraiment intéresser son interlocuteur.
Pourtant il ne dit rien, pas maintenant. Gamin de Crime Alley esseulé, disciple de la Chauve-Souris et bien souvent abandonné, sa confiance est difficile à atteindre, encore plus à entretenir. Jason ne connaît pas personnellement Snart, il ne peut pas aveuglément se fier à lui, ce serait une grave erreur pour un anti-héros de son calibre. D'autant plus lors qu'il tient particulièrement à la vie de leur opposant, faiblesse qu'il ne crie pas sur tous les toits et qui causera peut-être sa perte mais qui n'est pas discutable.

— Tu l’as eu finalement ? il demande calmement, aussi simplement qu’il pourrait demander l’heure à un passant. Le collier que t’es venu chercher. Je veux le voir.

Jason n’a jamais été intéressé par l’argent, pas plus que via la nécessité d’approvisionner les ressources nécessaires dans son activité. Il en a plein de toute manière. Mais mettre la main sur ce trésor permettrait à la fois de vérifier la véracité de son histoire, et également tester sa volonté de se faire la malle - donc sa sincérité, puisqu’il n’est pas forcé de préciser qu’il ne compte pas le lui reprendre ; que ce bijou ou même tout simplement l’acte de larcin n’ont aucune importance à ses yeux. S’il est prêt à lui montrer sa richesse, son butin sans aucune garantie de le conserver, alors il sera bien plus crédible à ses yeux. Là alors les deux hommes pourront commencer à s’arranger.

Soudainement le plus jeune se fige, muscles tendus et appuis accentués sur ses jambes, il penche la tête sur le côté, menton baissé comme un animal à l’affût. Parce que ce n’est pas bien loin de la réalité. Un faible mais franc « Attends » s’échappe entre ses dents serrées. Dans le soudain silence des cliquetis métalliques, pratiquement imperceptibles, résonnent tout proche, bruit semblable…. aux grapins qu’ils utilisaient tous du temps où la batfamily avait une véritable signification.

— Merde, la milice ! il grogne dans l’urgence.

Pratiquement au même moment un sifflement aigu pourfend les airs et, avant qu’il n’ait le temps de réagir, un batarang vient se loger dans le dos de son plastron. L’armure empêche la lame affutée de transpercer sa peau, mais cela ne le protège pas de l’impact où il aura probablement un bleu dans quelques heures, décoration de plus parmi les autres.

— Shit. Jason arrache le batarang de son omoplate et le renvoie à son envoyeur désormais localisé, satisfait quand un gémissement lui revient. Il n'a pas trop perdu la main depuis tout ce temps. Par ici !

Ce n’est plus franchement dans ses habitudes, mais Red Hood s’apprête à prendre de la hauteur, monter sur les toits pour au moins ne plus être bloqué dans cette cuvette, idéale pour une embuscade – c’est après tout pour cette raison qu’il avait conduit son poursuivant ici en premier lieu. Maintenant le terrain se retourne contre lui.  
Le jeune homme néanmoins se ravise quand un bat-plane se dévoile au-dessus, hommes armés de snipers et autres armes à feu à son bord. La hauteur n’est plus une option. Et s’ils restent ici, ils sont faits comme des rats, par le manque de place et de couvertures pour affronter la milice. Il ne reste plus que l’option de descendre encore plus bas, dans ce vaste réseau que sont les égouts, non pas que ce soit pour le plus grand plaisir du maniaque. Surtout en connaissant les créatures qui se planquent dans ce labyrinthe dégoûtant. Pour l’heure c’est la meilleure option, et Todd d'autant plus connait probablement le réseau bien mieux que n'importe quel batsoldat. Alors il se dirige dans un capillaire adjacent pour semer un peu la milice, pour dégager un passage sûr, regarde vaguement dans son dos le criminel qui le suit de près. Finalement on dirait bien qu’ils vont devoir cohabiter plus tôt que prévu.

Outlaw and Outsider.

Red Hood & Captain Cold

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Tu détestes les égouts. Ca a toujours été le cas. T’es pourtant l’un de ces gosses des rues, de Crime Alley entre toutes ; tu as grandi dans la crasse et la misère, dormi dans des cartons décomposés par la pluie. T’as ce milieu dans le sang, la pollution dans les veines. T’es habitué à la saleté, inévitable finalité pour les rats de ton espèce qui parcourent les rues une fois la nuit tombée ; tu sais t’y acclimater sans broncher. C’est ce que t’as toujours fait. Mais foncièrement t’es une personne ordonnée, tu te délectes de la propreté -- en témoignent tes différents lieux de vie actuels ou la manière dont tu ranges précautionneusement tes flingues dans ton armoire. Par calibres et toujours parallèles les uns aux autres. Tout l’inverse de ce qui se passe dans ta tête.
Les souterrains de Gotham cependant, c’est une autre histoire. Les odeurs sont bien plus fortes, l’air plus humide encore. Les monstres qui s’y cachent sont d’autant plus effrayants que ceux de la surface, même si tu n’as pas peur de te mesurer à eux. Mais surtout il y a cette sensation d’enfermement peu importe la distance parcourue, ces parois sombres qui semblent se resserrer plus tu t’engouffres dans les capillaires.  Tu détestes les égouts, mais t’es contraint de t’enfoncer dans leurs abîmes. Tu vas survivre, ce n’est qu’un désagrément, prix à payer pour échapper à la milice à vos trousses.

Une vois la bouche par laquelle vous êtes entrés scellée par les soins de ton partenaire improvisé, tu actives la vision nocturne de ton masque. Sur l’une de ses lentilles apparaît la carte du réseau de canalisations via les serveurs de Tim, bien plus puissants que ceux que t’utilisais en solitaire, avec votre position marquée par un point rouge. Tu fais un signe de la tête à Snart pour lui indiquer de te suivre et ouvres hâtivement la marche, ou plutôt la course pour mettre un maximum de distance entre vous et l’armée de bats. Tu sais qu’ils ont accès à une cartographie des mêmes couloirs, et probablement des capteurs thermiques dans leurs équipements. Bruce a des ressources inépuisables. Alors tu évites de prendre les directions les plus évidentes, jusqu’à atteindre ce qui vous semble être une bonne distance de sécurité.

- J’crois pas au destin, tu souffles machinalement alors que ton compère poursuit sur sa lancée.

C’est une parole d’homme mort. Qui a probablement défié toute intervention d’un éventuel destin. Tu ne peux pas adhérer à cette croyance de toute manière, parce que cela voudrait dire qu’une quelconque entité supérieure t’en voudrait terriblement, pour t’avoir assassiné une première fois, puis fait revenir seulement pour t’asséner plus de coups encore. Non, ta vie chaotique, tu la dois uniquement à la laideur de l’humanité.

- Hm. La chaleur et la glace. Makes sense. Tu hoches la tête.

Ca répond par ailleurs à la question que tu t’apprêtais à lui poser, le mettre en face du fait qu’un membre de la milice le connaisses, comme tu l’as remarqué plus tôt. Un peu hypocrite de ta part le Red Hood, en étroite liaison avec les plus haut gradés de cette même milice.

- C’est moche pour ton copain. Presque aussi moche que l’coup foireux. Dude désolé pour ça.

Cette information pourtant ne va pas en son sens. En l’état actuel des choses, avec le peu que tu connais à leur sujet, s’ils étaient associés rien ne t’assure que cette histoire de traitrise n’est pas seulement de la poudre aux yeux de la part des bats pour t’approcher. Pour que tu le guides à leurs réelles cibles, avant de ramener la cavalerie. Les résistants auxquels tu es affilié, Tim et Rose. Probablement davantage ton jeune frère d’ailleurs, pour le grade qu’il occupe auprès de… de son employeur. Tu n’es pas un imbécile, tu vas prendre tes précautions pour les protéger, autrement tu ne te pardonnerais pas s’il leur arrivait malheur.
Mais il y a quelque chose dans sa voix, dans son attitude. Tu n’es pas aussi doué que Cass ou même Dick pour lire les gens, pour déchiffrer le langage corporel, mais tu te débrouilles, et tu détectes cette frustration quand il parle de ce Mick, il ne fait pas l’effort pour le cacher de toute manière. T’as cette impression qu’elle est authentique. Peut-être que tu te trompes.

- T’aurais pu l’avoir plus tôt.

Ta voix est plate, presque robotique, accentuée par la distorsion du système de ton casque. Mais ce n’est ni une accusation, ni un jugement. Au contraire. Tu notes le respect qu’il semble entretenir envers ses amis, même après qu’ils lui aient tourné le dos. Cold serait donc un homme d’honneur au premier abord. Ce qui peut être à double tranchant. Si c’était une mise en scène, ils se seraient probablement tirés dessus, pour entretenir l’illusion.

- T’es loyal. Mais ça n’a pas l’air d’être son cas.

Vous arrivez bientôt à un embranchement de plusieurs tunnels.

- Celui-là débouche sur Burnley, tu indiques en montrant de ton pouce l’issue dans ton dos. C’est ici que t’habites, avec ta moto abandonnée cette sortie aurait au moins un avantage, tu te gardes de lui révéler ce détail en revanche. Mais la zone a beaucoup de rondes à cette heure-ci, niveau discrétion c’est pas l’extase.

Tu indiques un second chemin.

- Ici le retour à la surface est bien plus chill. Mais faut continuer une bonne trotte dans les égouts avec nos amis collés au cul. Le dernier c’est une impasse.

Outlaw and Outsider.

Red Hood & Captain Cold

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Ha. La vie a toujours eu un sacré sens de l’humour. Tu ne peux qu’approuver sa remarque. Un putain de sens de l’humour, oui, ironie funèbre d’un clown avec une barre de métal, et du sang dans tous les recoins. Un si bon sens de l’humour, que tu peux encore entendre le fantôme de ses rires, là, dans l’obscurité et les ténèbres des égouts, sur les murs poisseux. Ils ne te gênent pas, ils ne te gênent plus, t’es habitué à présent puisque jamais ils ne te laissent en paix - probablement ta punition pour ne pas avoir voulu reposer de même. Tu connais l’ironie de la vie, et celle de la mort, tu connais l’ampleur de cette vaste blague que d’être ou ne pas être. Mais tu ne dis rien à ce propos, seul signe de reconnaissance sous forme d’un léger et inconscient hochement de tête approbateur sans s’attarder sur le sujet bien vite oublié. Tu ne t’ouvres que difficilement dans la sécurité et l’intimité de ton foyer, tu n’es pas prêt de le faire face à un étranger dans les égouts.

Sa loyauté ne fait que se confirmer davantage au travers des mots glissés à l’attention de son camarade déserteur, qualité que tu sais respecter et admirer ; et quelque part tu le comprends parce qu’en toi brûle encore la flammèche de quelque chose que la vie n’a pas encore perverti. Une portion de ton esprit préservé du mal qui te ronge, de tes maux et douleurs inaudibles, celle qui t’a empêché de terminer Bruce à l’époque et qui encore aujourd’hui te pousse à croire qu’il peut être changé.
Non, pas changé.
Apaisé.
Parce que les gens ne changent pas. Tu le sais, t’en es la preuve. T’es toujours le même, dévoré par ta colère, t’as encore cette chose horrible en toi ; aussi laid de l’extérieur que de l’intérieur. T’as beau te voiler la face, avec un soupçon d’honnêteté tu sais intimement que tu voudras toujours voir le monde brûler sous tes pieds, pour qu’enfin on te regarde, qu’on voit ton infinie douleur. Pour punir ceux qui t’ont fait du mal. T’as toujours cette envie d'abattre certains criminels, par sens du devoir, parfois difficile à réprimer ; pas nécessairement rebuté par la doctrine que prône aujourd’hui la milice.
Mais t’as trouvé une sorte de paix, au travers de ceux que tu as appris à aimer, et accepter leur amour en retour. Cette forme d’affection qui te confère les armes pour lutter contre toi-même, contre ce que tu penses peut-être à tort être ta nature profonde.

- C’est pas moi qu’il faut remercier. Pour pas t’avoir refroidi, j’veux dire, tu hoches les épaules, distant. J’ai fait une promesse. J’sais ça craint. Mais disons qu’on m’a aussi sauvé la vie…. En quelque sorte.

Tu te contentes de parler honnêtement, sans vraiment réfléchir. C’est ce que tu penses, au fond de toi. Timothy t’a repêché dans des eaux où plus personne ne voulait naviguer, seul membre de cet ersatz de famille à te tendre la main au moment où tu en avais le plus besoin - perdu dans tes songes et illusions tortueuses. Il a fait l’effort de te comprendre malgré les raisons que tu lui as pourtant données de s’éloigner au plus loin, a choisi à la place de croire en toi pour, petit à petit, t’apprivoiser, comme on apprivoise un chien errant. Avec beaucoup de patience. Alors pour lui tu résistes à tes pulsions, dans un monde où tout part en lambeau. Pour ne pas voir la déception dans son regard, pour qu’il n’ait pas le goût amer de l’échec lorsqu’il pose ses yeux sur toi. Et qu’il ne regrette jamais de t’avoir fait confiance malgré les mises en gardes des autres et probablement de son propre instinct, s'il est un tant soit peu fonctionnel.
En ce sens-là, Tim, au même titre que Rose ou Roy, t’a sauvé la vie ; en te montrant comment l’apprécier de nouveau.

- C’est pas pour autant que j’ai peur de m’salir les mains, si on essaye de m’doubler ou m’utiliser pour ses intérêts personnels. Crois-moi, j’connais des milliers de manières de faire souffrir un gars pour qu'la mort semble n’être qu’une putain d’balade de santé.

Oui, c’est une menace. Parce que tu n’aimes pas le bref échange que l’homme a eu avec la milice, et que même s’il a donné sa version qui semble tout à fait honnête, t’es pas assez naïf pour faire confiance au premier venu - surtout quand tout t’indique de rester sur tes gardes. Le Red Hood inspire la crainte, le pouvoir. La dominance. Et rien de ça ne doit changer.

A la croisée des chemins et après tes explications Snart dégaine son arme, instinctivement tu resserres la main sur la crosse de la tienne - prêt à défaire toute tentative de sa part de se retourner contre toi ; mais il s’empresse à la place de boucher deux des trois issues avec une épaisse couche de glace avant d’indiquer la dernière sortie, l’issue la plus sensée des trois.
Pratique, et bien pensé. Voilà qui devrait vraiment vous donner de l’avance sur vos traqueurs, avantage considérable pour un retour à la sécurité – ou du moins ce qui s’en rapproche pour des gens dans votre genre, piégés dans la ville maudite. Tu n’en dis rien cependant, laisses simplement résonner un léger « Hm. » dans ta gorge quand tu t’engages dans le dernier couloir infini. Après votre passage, un troisième rideau gelé se dresse sur le chemin et vous reprenez la route dans ce bien sombre dédale.

L’humidité s’infiltre au fur et à mesure que vous vous enfoncez dans les infinis boyaux de Gotham, maintenant tes pieds barbottent dans une petite marre – bruissements de l’eau sale qui remplace les cliquetis métalliques de tes bottes à chaque pas. Les rongeurs, démunis d’ailes cependant, semblent aussi proliférer dans ce coin en particulier.

- Putain d’rats. Putain d’égouts, tu grognes alors que tu chasses de ton pied l’un de ces nuisibles qui se rapproche trop près de toi, comme s’ils sentaient la putréfaction de ton corps normalement six pieds sous terre, même si tu sais que c’est impossible et que la vie n’a jamais autant afflué dans tes veines.

Il vous faut encore avancer un bon moment avant d'atteindre l’échelle qui vous conduira dehors, et tu prends les devants en grimpant sur la structure métallique. Tu ne voudrais pas risquer que Captain Cold passe devant et scelle la plaque comme il l’a fait plus tôt, auquel cas tu serais complètement piégé et laissé aux bons soins de la milice pour venir te récupérer. Alors t’es le premier à ouvrir la cage urbaine et profiter enfin de l’air frais bien que pollué depuis tout ce temps. Arme par précaution pointée vers la sortie, tu fais glisser, en équilibre sur le dernier barreau de l'échelle, la plaque lourde de ta main libre pour libérer l’issue.
Une fois complètement extirpé du trou et soulagé de quitter cet espace sombre et clos, tu éteins la vision nocturne de ton casque dépoussières quelque peu ta veste, comme si ça suffisait à retirer toute la crasse qui recouvre maintenant tes vêtements ou encore l’odeur nauséabonde qui te colle à la peau. T’as envie de brûler tes vêtements et couler dans un bain chaud. Mais le confort devra attendre.

- Fuck. Un clebs nous sentirait à des lieues.

Tu renifles un coup, fronces les sourcils.

- Ok j’suis pas passé par le trajet l'plus logique, ils nous attendaient ailleurs. Mais maintenant qu’on s’est pas gentiment pointés dans leurs bras ils doivent avoir compris où on est.

Tu te tournes vers l’embouchure où émerge la tête de ton partenaire improvisé, t’accroupis à sa hauteur et lui tend une main pour l’aider à terminer son extraction.

- Une milice est probablement déjà en route, faut bouger d’là.