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 beneath the skin • arthur

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MessageSujet: beneath the skin • arthur    beneath the skin • arthur  - Page 2 Empty11.06.22 9:24

Rappel du premier message :

La courtoisie est l'apanage des rois. Mais mes adversaires ne méritent aucunement la noblesse de cette vertu. Sans sommation, je fonds sur l'ennemi, ombre rageuse dans l'obscurité souillée. Hostile créature aux idéaux ancrés, je suis le bras de la justice, la serre qui écrasera les myocardes purulents des insectes de cette ville. Gotham mérite mieux que la lie qui l'infecte. Il est nécessaire, vital de guérir les plaies suppurantes de cette cité maintes fois blessée par sa foule criminelle. Des émotions contradictoires s'insufflent en moi, victoire au relent de puissance, sauvagerie restreinte, ambition dévorante. Il ne reste rien de ceux qui eurent le culot de braquer leurs armes vers moi, que des reliefs humains que la pluie tombante nettoiera, charogne pluvieuse. Les rats festoieront. Mais j'ai faim d'autre chose. Cette sensation me pousse à reprendre forme humaine, comme l'on enfile un costume trop petit. Ma conscience se déverse autour de moi, une dernière seconde, avant de s'enfermer dans ma carnation mortelle. Il m'est parfois torture que de quitter ma forme gigantesque de chiroptère. Mes sens s'amoindrissent, le vol n'est plus qu'un souvenir brûlant, ma force se perd dans la musculature ferme mais inférieurement humaine. J'avale une salive acide. Des appétits monstrueux convulsent tout mon être. Je domestique la Bête, habitude que des années n'ont pas rendue plus aisée. Je dois reprendre mes esprits, retrouver les limites de mon corps, de ma personnalité. Mais cette soif incommensurable me taraude. Et, comme trop souvent, je finis par noyer mes démons.

Gotham ne manque guère de taudis où perdre le peu de conscience qu'il reste en chaque âme égarée. L'un d'eux attire mon attention involontaire. Lui ou un autre, même bataille, même guerre contre le ravage liquide qui calcine la gorge. L'ambre chaud remonte en mon poitrail, laisse cendres creuses à la place où Francine s'épanouissait. Une main chasse mes cheveux en arrière, lasse, fatiguée. Je n'ai plus la force de poser la mascarade polie et avenante que je plisse sur mes traits chaque jour. Nulle désir, ce soir, de jouer les toutous du maire. Nulle envie de sourire, de s'attifer de regards admiratifs ou envieux, pleins d'une crainte respectueuse. L'aura de Bruce Wayne, ou de Damian, ne m'atteignent pas, ici, dans l'obscurité poisseuse. Tant mieux. Je veux me complaire dans les affres d'une douleur qui sourde depuis huit années, huit rotations terrestres sans sa chaleur à mes côtés, sans son soutien, sans sa présence. La perte est encore là, non pas une lésion fraîche, sanglante, mais une cicatrice froncée sur la peau sensible, une vulnérabilité douloureuse qui rend chaque mouvement, chaque respiration complexe, difficile, cuisante. Les doigts gourds ankylosent la carcasse d'un mouvement impatient. Il me faut asphyxier les démons, la Bête est là, rôdant sous la peau, dans le rougeoiement d'un regard que je lance à une rixe un peu plus loin, dans le grondement d'une gorge où l'alcool vient d'endormir les nerfs.

─ Un autre. La voix tonne, coup de tonnerre, éclair d'un timbre grave. J'ai gravi les mètres me séparant de ma table au bar bondé. Les lumières sont sales, pâles, crues, aux intensités de dentiste dément. Dans la foule bigarrée, colorée, folle d'une déraison où l'alcool et les drogues ne sont qu'une facette de l'origine, j'aperçois une silhouette connue. Mes paupières se plissent, léger soupçon qui effleure la tempête de ma mer intérieure. Que fait-il ici ? Mais la raison reprend ses droits, dans un fatalisme proche de l'indifférence. Bien que membre du GCPD, le jeune homme a tout à fait le droit de traîner dans un bar. Cet endroit est mal famé, et nous semblons deux naufragés dans un océan de ténèbres putrides. Deux meutes opposées, mais l'alcool n'a t-il pas rassemblé de tout temps ? Mes pas sont posés, calmes, d'une habileté de félin, comme si je me devais, civil citoyen, de ne point effrayer l'homme de loi, la justice chevillée à son corps juvénile. Raclement poli d'une gorge où les spiritueux ont consumé le chant délicat ; l'amusement aux traits, l'espace d'une seconde, à l'idée que le hasard me porte à retrouver cet inconnu, moins étranger pourtant que les nombreux visages qui effleurent mon espace vital.

─ Monsieur Crawford, quel plaisir inattendu que de vous voir ici. Distraction dans le timbre modulé de ma voix. Surprise, également - l'intonation sur le ici, comme si le bouge de mauvaise réputation était l'écrin parfait pour une nouvelle rencontre. Je voûte les épaules - habitude perfide, celle de porter ces ailes membraneuses, les muscles d'une autre forme hantant ma carcasse, manières chiroptères qui empoisonnent l'humanité. Quel est votre poison ? Le prochain verre est pour moi. Ravissement vipérin qui chatoie dans le regard d'émeraude aux éclairs flamboyants. Je porte ce sourire à moitié factice, menteur et illusoire, mais l'émotion cogne, cette curiosité qui rappelle à mon esprit ces quelques soirées où l'éclat de sa voix, ses remarques, sa présence au GCPD ont attisé mon intérêt. Nul besoin de lui avouer mes menues recherches à son sujet, juste de quoi m'adapter, susurrer mes avantages dans une situation comme celle-ci. Tel un prince, sans prendre connaissance de son assentiment, je m'installe à ses côtés, rictus aux lèvres. Je domine pourtant, sous les illusions courtoises, la Bête. C'est d'hémoglobine dont j'ai soif, en cet instant, non d'une capiteuse essence aux ivresses mortelles. La faim taraude l'animal, phalanges qui se crispent en une parodie de serre, sur le verre, puis le petit soupir affecté, qui tranche dans le brouhaha autour de nous. J'ai cru comprendre que vous aviez démontré votre sens de la déduction face à l'une de nos nombreuses enquêtes. Un intellect aussi brillant, je crains que vous ne pourrissiez sur pied, au GCPD. Nulle envie d'enfiler une paire d'ailes ? La taquinerie n'est pas bonne enfant. Il y a une espèce de désir de démontrer ma domination. Rappeler sans qu'il y ait besoin qui je suis et ceux qui sont les miens, les chiroptères auprès desquels j'évolue. Pourtant, l'admiration n'est pas feinte. Une espèce de fascination étrange. Cet homme n'est qu'un humain parmi d'autres. Tous me sont inférieurs, masse grouillante aux flux indolents. Personne de présent en cette salle n'équivaut à la moindre parcelle de mon esprit brillant - personne, hormis peut-être l'homme à mon flanc droit. Les insectes sont fait pour être foulés du pied, pour nourrir les puissants, pour servir d'engrais, d'exutoire. La question qui s'enfonce tel une écharde en mon crâne est la suivante : comment définir l'entité face à moi ? Terriblement humaine, mais mon regard couve la posture, devine l'homme de justice aux faits d'armes passés, suppose les stratégies fulgurantes. Insecte à piétiner, dont le bruit de la carapace qui s'annihile ravira mon ouïe, ou autre chose, encore floue, encore intangible, mystérieux prédateur ? S'il n'est une proie, il est donc adversaire. J'espère qu'il saura me divertir.

@Arthur T. Crawford
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MessageSujet: Re: beneath the skin • arthur    beneath the skin • arthur  - Page 2 Empty14.11.22 20:49

Le badinage était facile, le jeu distrayant. Cependant, ma satisfaction n'était qu'un escamotage. Je devinais, chez Arthur, non la peur mais autre chose, une émotion différente. Ses traits n'avaient pas les mimiques de la frayeur humaine. Nul effluve de la sueur sécrétée par la terreur. Que voilà un jeune homme intéressant. Même parmi les bats, mes semblables sous les ordres de Bruce, de Damian et des autres puissants, certains ne pouvaient me regarder dans les yeux. Non à cause de ma haute taille,  surtout sous forme chiroptère, mais parce que je représentais la Bête sanglante, j'étais le Mangeur d'Hommes, de crocs et d'ailes de cuir, un cauchemar fait de sang, de chair, de fourrure, fondant sur les mortels. Et, face à moi, la silhouette si fragile du flic se tenait, et je ne savais s'il s'agissait d'un courage stupide ou d'une volonté exquise et suicidaire de faire fondre mes dernières ruines de contrôle.

Il ne répondit pas à mes provocations, ce qui  m'agaça prodigieusement. Il n'avait pas semblé faire autant de simagrées quand il s'agissait de me questionner. Je retins un soupir entre mes crocs, contre mon sourire prédateur. Et, avec étonnement, je vis  l'écho de mon rictus. Sur son mignon minois, c'était curieux. Une facette dévoilée, un humain délaissant l'illusion de l'homme bon. Il y avait un désir carnivore derrière ces belles dents blanches. La Bête gronda, bruit de gorge qui m'échappa, doux ronronnement primal. Ce jeune flic n'était pas comme le reste de la plèbe. Il était loup parmi les agneaux. Plus chauve-souris que bien d'autres. Comme cela était excitant. Sa prédation ne rendra son sang que plus riche en saveurs, et lorsqu'il criera, lorsqu'il suppliera, nous ne plierons pas, sussura la Bête, hantant mon subconscient avec une force de poussée qui fit vaciller mon âme. Je ne désirais plus qu'en finir avec  cette tentation qu'il représentait. Et qu'il ne détournât pas les yeux, qu'il  me tint tête était à la fois source d'un plaisir et d'une frustration qui enflaient en moi. Je plissais un peu plus les yeux, quand il reprit la parole ; il marqua un point, car il m'intriguais véritablement. Il en avait parfaitement conscience. Il n'avait pas peur de la souffrance, et je voyais son esprit militaire, sa logique imparable. Mais la suite me hérissa profondément. Il ne savait rien de moi, de Nous, et il osait parler de sa langue d'humain, de son verbiage souillé de complaisance ?  

Vous parlez de ce que vous ne comprenez pas. De ce que vous n'appréhendez même pas, monsieur Crawford. La Bête ne me manipule pas. Je suis la  Bête, comme elle est moi. J'avais abandonné l'idée de reprendre un masque affable ; mes traits étaient crispés dans une soif implacable. Accrochez-vous à l'espoir que je sois aussi manipulable que vous le croyez. Vous n'avez répondu à aucune de mes interrogations. Aurais-je touché quelques filins de votre âme ? Vous ne fuyez pas, vous n'avez pas peur de la mort, ni de la douleur ... La rechercheriez-vous ? Oh. Je vois. Le champs de bataille n'était ni le cadre d'une justice sous laquelle vous auriez brandi le clairon, ni l'occasion de soigner vos prochains. Vous êtes bien plus baigné d'obscurité que je ne l'aurai cru. J'avais espéré vous faire tomber dans l'abysse, m'amuser avec vous un instant, mais vous êtes déjà tombé dans l'abîme. Qu'est-ce qui a causé votre chute vertigineuse, monsieur Crawford ? La mort  de quelqu'un de cher, peut-être ? Un ami, un frère ? Une soeur ? Mes mots étaient comme autant de flèches tirées, droit vers son coeur, à la recherche d'un secret à ferrer.

J'étais le premier à savoir que la perte d'un être aimé pouvait vous faire vaciller, faire imploser votre univers tout entier. La mort de Francine avait été le point d'orgue de la Bête. La perdre avait accouché de ma folie, à un paroxysme de bestialité qui m'avait fait affronter Bruce, avant de le rejoindre sous son joug. Je me fichais de Gotham, je me fichais à présent de mes semblables. Si je m'étais attaché à  certains de mes compères, Bruce ou Damian, par exemple, je n'avais plus que mépris pour les ignorants, les innocents. Mes doigts se crispèrent en serres et attrapèrent les biceps d'Arthur. Ma force, mesurée, était contrôlée - qu'il sente ma puissance à travers ses couches de tissu. Je replongeais le cadavre de mes souvenirs dans la mare de l'absence ; la Bête grondait sous ma peau, affamée.

Je ne sais quel degré de férocité vous camouflez en vous, inspecteur et les mots roulaient sur ma langue, alors que je me penchais lentement vers lui, approchant nos deux visages. Mes ongles avaient pris des allures de griffes, mes yeux étaient ceux de la Bête et mes crocs dépassaient de mes lèvres, rendant ma prononciation plus inhumaine. Vous parlez de violence, d'illusion, de liberté, comme si vous connaissiez le véritable sens de ces mots. Mais vous êtes pitoyablement humain. Votre corps, je pourrais le briser, arracher votre joli minois, et personne en cette ville n'oserait m'affronter. Mais vous ne bougez pas, cela vous plaît ? Le frisson de la proie, face au prédateur ... Mais vous êtes une bête, en un sens, vous avez versé le sang d'autrui, vous avez saigné, avec votre meute de carnassiers, tel un loup ...   Une main monte et écarte presque tendement son col, dans un geste sans équivoque. Mais même les loups peuvent devenir pâture, gibier ...  

Je sussure très bas, à présent. J'entends son coeur battre, mais sa mélodie est loin de l'affolement de mes victimes habituelles. Une pensée me vient ; son courage stupide, son mental d'acier, son désir étrange de s'acquoquiner avec la lie de l'humanité me plaisent, excitent mon appétit de Bête. Vous frôlez les strates de l'enfer, ici. Et vous aimez cela. Vous venez vous énivrez auprès des misérables. Peut-être pensez-vous le mériter, ou vous vous délectez de votre supériorité ... Mais vous respirez comme eux, vous êtes tout autant  mortel, et vous saignez comme eux ... Quel goût aura votre sang, Arthur ? Comme un sortilège, je prononce son prénom comme un envoûtement.

Puis, retenant ses épaules, ma force déployée - mais  sans le briser, pas encore, pas maintenant - je tiens ma proie pour enfoncer mes crocs dans son cou. Notre jeu m'a fait trébucher. Je n'ai jamais été très bon à me contrôler, quand l'on me provoquer ainsi. Et, son carmin envahissant mes sens, je ressens l'ivresse. C'est exquis. La saveur est aussi différente que le jour l'est de la nuit. Jubilation qui me fait me reculer, comme on savoure un bon vin, ne pas tout boire jusqu'à la lie. Un mince filet de sang coule, de ses plaies, de ma bouche. Je le lâche enfin ; au moins est-il conscient, je n'ai aspiré qu'un peu de son plasma, une gorgée à peine, mais la saveur métallique est charme délectable sur ma langue. Provoquant, je murmure : Délicieux. On y sent l'alcool, le désespoir et des désirs inassouvis. Me trouvez-vous toujours naïf ou touchant, inspecteur, à présent ?  Vous avez senti ma force, ma puissance - craignez-moi, à présent que vous avez goûté à mes crocs. Je pourrai ne pas m'arrêter, la prochaine fois. Tant de sous-entendus, tant de subtilité dans mon timbre, avec un sourire léger, bestial. Je garde ma forme humaine mais c'est la Bête qui joue, qui taquine, qui titille, prédatrice. Le goût est un délice, un stimulant charnel qui éveille ma propre chaleur. La violence n'est pas l'illusion de la liberté. La violence est la liberté, découverte de toutes ses illusions que la société jette en voiles de raison et de normalité. Embrassez à plein bras votre férocité, monsieur Crawford. A moins que vous ne désiriez que je le fasse pour vous ? Nouveau sourire plein de crocs, les yeux comme des phares sanglants dans la nuit.

@Arthur T. Crawford
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