« Are you sure you don't want to come with us for a drink ? » Tu coules un regard en direction de ta porte, juste à côté de vous. Les deux silhouettes masculines ont tenu à t'accompagner jusque ton miteux appartement. Comme si tu ne savais pas monter deux étages seule. Sans doute espéraient-ils te convaincre de les suivre, alors que vous montiez les escaliers aux néons crasseux. Tu tripotes de tes doigts nerveux l'ouverture de ta sacoche et mordilles ta lèvre en secouant la tête. « I am sure, I'm exhausted, sorry Ryan. » tu réponds ; ce n'est pas tout à fait faux, mais la politesse en vitrine de tes mots camoufle une exaspération flagrante qui fait rire sous cape votre second camarade, Henry. Tu les observes s'éloigner avec soulagement, ne tenant pas compte des murmures peu discrets qu'ils échangent. Une fois disparus, tu glisses la clé dans la serrure et entre dans ton repaire.
Trois silhouettes félines viennent t'accueillir dans la pénombre bienfaisante. Une pièce principale, où trônent quelques meubles - un bureau et une chaise ayant vu des jours meilleurs, une table basse, un canapé défoncé qui te sert de lit, une étage couverte de livres et de différents objets de la pop culture, un arbre à chat près de l'unique fenêtre, minuscule ouverture en tronçon de mur, où la lumière des lampadaires filtre, sale et dorée. Pourtant, par souci de pudeur, des rideaux larges et sombres encadrent ladite fenêtre, installés par un propriétaire aux goûts sur lesquels tu te questionnes. Sur ton bureau, ton ordinateur attend sagement, seul objet de réelle valeur ici, le seul dans lequel tu as dépensé ton argent sans compter. Exténuée, tu marmonnes un bonjour à tes chats et, laissant tomber ton sac, tu fais de même dans le canapé, tête dans l'oreiller. Aussitôt, Jar-Jar le gris monte sur ton dos et s'installe, ronronnante bouillote poilue, alors que Yoda et Lando viennent jouer avec tes cheveux pour protester de leur famine.
« Give me three mental seconds to curse my day, GCPD paperwork and Ryan » que tu maugrées d'une voix assourdie par l'oreiller. Le nom est prononcé d'une voix au timbre mécontent, clairement exaspéré. Tu soupires et t'étires lentement avant de te redresser, jambes en tailleur, l'air fatigué. Tu ne sais même pas quelle heure il est, juste que la soirée est avancée et que tes collègues sont partis dilapider leur salaire dans la mauvaise bière d'un pub du coin. Rien qui ne t'ai fait exactement rêver, quand ils ont proposé de les accompagner. Tu attaches tes cheveux en un chignon maladroit, consciente que tu devrais sûrement en prendre soin. La petite salle de bain que l'étage se partage n'aide guère à être coquette - tu aimerais, parfois, te faire fleur épanouie, mais tu as des épines, plus mauvaise herbe que rose du jardin. Tu caresses nonchalamment les trois corps félins et tu te redresses en étirant une épaule douloureuse d'avoir abattu le travail administratif d'une armée décérébrée. Tu t'approches du minuscules coin cuisine - un évier et un frigidaire aussi petit qu'un sac à main - et accroupie, tu te saisis de leur nourriture avant de la leur donner. « Tomorrow night, I finally start shooting lessons. Do you think that one day I could go on the field ? That's what I wanted by signing, me. Help justice, help the innocent, not sort through the same pile of papers three times or redo Henry's whole organization because he hasn't learned to read instructions correctly. » T'as à la fois l'air d'une gamine excitée et d'une vieillarde épuisée. Drôle de constat. Tu te redresses en continuant de masser ton épaule, rêvant d'un bain chaud que tu n'auras jamais. Il est de la nature humaine de désirer ce que l'on ne peut avoir. Peut-être que c'est ce qui, fuel de l'âme, nous permet d'avancer. Que se passe t-il quand on perd tout désir ? On cesse de faire l'effort d'un pas, l'un après l'autre, et l'immobilité mène au trépas. Tu bouges les épaules, forces ta carcasse à échapper à son épuisement, claques dans les mains pour éveiller quelque chose chez toi et enfin, ton minois reprend son faciès souriant et solaire. « Star wars tonight ? And I take this opportunity to say hello to Tech on our game - Yoda ? Everything is fine ? » t'inquiètes-tu soudain ; le comportement du chat révèle que quelque chose cloche. Il a délaissé sa gamelle pour s'approcher de la fenêtre, et il ... Il se frotte. A quelqu'un.
Tu saisis la première chose qui te tombe sous la main. Un rouleau à pâtisserie. Traits qui se froncent en une moue déterminée, tu menaces l'inconnu dont tu ne discernes rien, avec une sensation glacée dans le ventre. « Ok, you'll come out of the shadows and I'll avoid breaking your teeth with this rolling pin, ok, ok ? Yoda ... Come back here ... and how did you get here ? We are on the second floor ! My door was closed ! There is nothing to steal here ! or are you ... a pervert ?! » Timbre outré, puis te réalises combien c'est stupide. Tu fais rouler l'arme temporaire et tes prunelles ayant du mal à s'accomoder de la pénombre, tu bondis pour allumer la seule ampoule fonctionnant, celle de ton minuscule bureau. Une lumière plus chaude, dorée et presque agréable, baigne la pièce miteuse aux murs de papier peint humide. Et alors, tu le vois enfin, se dégageant des ombres comme on sort d'une eau trouble, comme si les ténèbres le vomissaient, l'avaient protégé jusqu'ici de leur invisibilité. Damian Wayne, dans une stupide tenue toute sombre, parfaite pour rôder, pour se camoufler, Damian Wayne et son petit faciès arrogant. His pretty arrogant face.
« If I believe the articles of law that I read every day, this is a break-in, isn't it ? It had to be said, that you wanted to watch Star Wars so much with me... » Tu ironises gentimment, mais tu ne t'es pas relâchée. Le rouleau est toujours armé - mais tu doutes à présent de pouvoir faire quoi que ce soit s'il en décide autrement. Comme il est injuste de devenir proie chez soi, en sa tanière. Il est imposant, prédateur et maître, jusque dans cet appartement misérable, et tu le jalouses, tu le détestes une seconde, pour faire naître cette émotion chez toi, cette petitesse. Avec un soupir aux lèvres, tu abaisses l'arme et hausses les épaules. « That's why Yoda didn't do anything to you. Did you have a hard time with Jar Jar and Lando, or did those little traitors welcome you like a prince as well ? » Tu grinces gentimment, avec une grimace vers les trois félins - les deux ont fini leur nourriture, et se chamaillent avec un Yoda revenu des ombres pour engloutir sa propre gamelle. Une légère gêne s'installe - la honte de cet endroit, qu'il ait pu voir cette tanière funeste, qui n'est ni le reflet de ce que tu es ni de ce que tu vaux, hélas, comme tant d'autres. « Cake, mister ? You're not Robin, tonight. Who are you, so ? » murmures-tu, avec amusement - sans l'emblème du Robin, ni Wayne, qui est-il ce soir ?
Et par cette proposition, tu acceptes bien trop facilement sa présence. Par cette invitation sous-jacente, tu acceptes ses faits et gestes. Tu as si longuement songé à la façon dont il a nourri et s'est occupé de Yoda qu'il serait mensonge de dire que tu n'as pas pensé à Damian Wayne. Peut-être l'avais-tu imaginé - peut-on réellement se souvenir d'une sensation ? Tu oses espérer que oui, mais ce n'est pas la peur de vos adieux qui s'instille, ni la chaleur pétrifiante de sa force contre ta carne fragile, qui se font réminiscence en toi. Tu sors simplement la pâtisserie chocolatière du frigidaire, n'ayant eu nulle envie de cuisiner quoi que ce soit, incapable d'ailleurs en ce lieu insalubre. Toute honte bue, tu lui jettes un regard provocant - osera t-il jauger ce qu'il voit ? S'il le fait, tu ne promets pas de ne pas enfoncer dans son bras la fourchette à dessert que tu sors d'un tiroir.
Faire ses propres règles. Petit soupçon d'amertume, de culpabilité qui s'infuse dans le myocarde palpitant. N'est-ce que pas déjà ce que tu fais ? Toi, jeune résistant qui te hisse contre la violence, contre la brutalité de la justice. Tu baisses le nez, essayant de chasser ces réflexions qui ne cessent pourtant te gratter, de ronger, de griffer, rappel à l'ordre, mais tu n'as nul désir de gâcher ce moment. Vous êtes deux gamins, et tu chéris ça. « If I had tried to run away, you would have caught me too quickly » ironises-tu avec un petit rictus blasé. « And turning his back on his opponent, well, that was not an option. » Tu imites sans le vouloir son haussement d'épaules. Vous savez tous deux sa supériorité et tu n'as aucun complexe à l'avouer, en répétant les mots qu'il veut. Tu serais idiot, dément à te croire son égal. Et c'est un peu douloureux pour ton égo. Mais tu n'as aucune idée de ce qu'il a dû vivre pour en arriver ce point ; tu ne vois que Robin, un peu plus jeune que toi, et pourtant tellement compétent. Tu te promets intérieurement de devenir plus fort, pour l'impressionner. Pour le surprendre.
De toute évidence, ta proposition de crème glacé le laisse perplexe. Tu hausses les sourcils, ne sachant si tu as dépassé les bornes ou si ton idée est simplement vue comme stupide. « Yes. It could be nice. Or it could be, I don't know, coffee, if you don't like ice cream. You like this ? » et à nouveau, cette curiosité tranquille sans arrière-pensée. Tu n'essayes pas d'en apprendre plus sur ses faits d'armes, sur ses défenses - tu essayes de connaître le garçon, non le fils de Bruce Wayne ou Robin. Tentative de savoir s'il cherche autre chose, si sa récompense lui suffit - mais tu en profites pour continuer votre petit jeu, comme un chiot fou. Et tu démontres ta joie simple, sans mesure, spontanée, d'avoir réussi à prendre le dessus, même une seule seconde. Tu fais attention à ne pas l'écraser, la force de ses mains contre ton torse pour te maintenir à distance respectable, mais tu obéis quand il grommelle de te pousser - et puis, il pourrait surprendre la cavalcade de ton coeur, sous ses doigts. Tu ne discernes pas le carmin de ses joues, dans la pénombre, mais tes propres pomettes ne sont pas exemptes du rouge de l'excitation innocente du jeu. Tu protestes, pour la forme. « I'm not heavy, come on. »
Tu inspires pour calmer ton sourire, sens vos doigts s'effleurer, un petit frisson électrique parcourt ta peau. Sûrement le reste de l'adrénaline du jeu, cette espèce de tension douce qui met du temps à se dissoudre dans tes veines où rugit ton sang. T'as un petit sourire amusé, quand il rétorque qu'il a gagné en premier. Il n'a pas tord. Mais tu gardes cette petite victoire comme un trésor. Le moment s'apaise, vous vous calmez - toi, en tout cas, tu retrouves ta sérénité, même si ça cogne encore en dedans. Parce que tu oses proposer, sous-entendre que vous vous reverrez, et tu ne veux pas brusquer Damian, et tu ne sais même pas s'il a envie de te revoir. Et tu ne comprends pas que toi, tu en aies autant le désir. Ca brûle, ce besoin de garder contact avec lui, ces envies folles de lui montrer Star Wars, et de partager une glace, et une balade, et ce qu'il voudra bien. Parce que tu as pu aperçevoir, dans la pénombre de tout à l'heure, son sourire et que ça te fait quelque chose.
La mention de Ryan te fait te retourner, gêné, la voix bredouillante. « Wait, Ryan ? You know him ? Did you hear us ? » Ils se connaissent ? Sûrement que non. Alors, Damian a t-il entendu l'invitation lourdaude de ton collègue ? Tu écarquilles un peu les yeux, confus, plus perdu encore quand tu le vois se lever. Tu comprends rapidement. Le temps est passé. Mais il a parlé d'une prochaine fois. Tu accueilles Jar-Jar qui, chassé délicatement des mains de Damian, vient chercher tes caresses. Tu observes la silhouette s'éloigner, sans mot dire. Robin va disparaître dans les ombres et la nuit, aussi naturellement qu'il est apparu. Mais, à ta grande surprise, il lance une dernière pique, et le réverbère te révèle son petit sourire. « Next time you want to break in, knock to the door. The window will be closed. »
Petite lueur de défi, avant qu'il ne s'en aille pour de bon. Tu te laisses aller en arrière, la gorge serrée. La prochaine fois. Tu fermes les yeux et tu ancres les derniers instants dans ta mémoire. Il y aura une prochaine fois.
Sujet: [TERMINÉ]young gods ((DAMOZ)) 
Faire ses propres règles. Petit soupçon d'amertume, de culpabilité qui s'infuse dans le myocarde palpitant. N'est-ce que pas déjà ce que tu fais ? Toi, jeune résistant qui te hisse contre la violence, contre la brutalité de la justice. Tu baisses le nez, essayant de chasser ces réflexions qui ne cessent pourtant te gratter, de ronger, de griffer, rappel à l'ordre, mais tu n'as nul désir de gâcher ce moment. Vous êtes deux gamins, et tu chéris ça. « If I had tried to run away, you would have caught me too quickly » ironises-tu avec un petit rictus blasé. « And turning his back on his opponent, well, that was not an option. » Tu imites sans le vouloir son haussement d'épaules. Vous savez tous deux sa supériorité et tu n'as aucun complexe à l'avouer, en répétant les mots qu'il veut. Tu serais idiot, dément à te croire son égal. Et c'est un peu douloureux pour ton égo. Mais tu n'as aucune idée de ce qu'il a dû vivre pour en arriver ce point ; tu ne vois que Robin, un peu plus 
