[terminé] the robin and the nerd ((damioz))

Oz & Dami

Depuis ce soir-là, tu as ce réflexe stupide, celui de te masser l'abdomen, là où la cicatrice continue de te tirer. Là où l'arme blanche a percé ta peau. Là où Damian a posé les sutures. Là où la marque a ancré dans ta chair le souvenir impérissable de cette soirée. C'était difficile pour toi de continuer. Tu avais rejoins Arthur, le lendemain, et tu n'avais pas pu mentir - doigts bandés, l’œil violacé, l'allure blessé d'un chiot passé sous les roues d'un tractopelle. Tu avais cauchemardé, les nuits suivantes. Tu avais revu les poings s'abattre sur toi, senti le canon contre ta tempe. Mais les cauchemars avaient été éventés par une ombre noire et jaune, aux poings sanglants et à la voix grave. Damian te sauvait, même dans tes pires chimères oniriques. T'avais noirci tout un tas de feuillets - de la mauvaise poésie, des mots, des phrasés, pour sortir ce qui te hantait comme ça. Parce que tu ne savais pas quoi faire du poids que tu t'étais découvert - ce sentiment naissant, envahissant, qui fleurissait comme une plante grimpante en s'accrochant à chaque atome de ta raison. T'arrivais pas à vaincre ça, alors tu tentais d'apaiser l'émotion en couchant par écrit ce qui te trottait en tête. Tu avais raturé, noirci, gribouillé, puis tout rangé dans un tiroir, l'air ronchon.

Après avoir jeté un coup d'oeil à ta fenêtre - ouverte, avec un post-it dessus, indiquant forbidden to bats, except the robin one - tu avais retrouvé tes collègues de la soupe populaire, à trois pâtés de maison de là. Tu avais servi durant une heure, comme tous les mardis ou presque, la tête pleine de pensées qui s'entrechoquaient. Tu n'étais pas spécialement concentré ni bavard, ce qui avait alerté tes comparses qui te demandaient ce qui n'allait pas. Tu étais resté évasif - tout comme sur les marques qui avaient mis du temps à partir. Avec un soupir, tu avais écouté les derniers potins d'une oreille distraite. Puis t'étais parti sans demander ton reste. Tu avais un autre genre de rendez-vous - et tes petits doigts de fée de JORMUNG4NDR étaient demandés. Tu rejoignis quelques membres de la résistance sur un channel IRC, pour que personne ne puisse vous localiser. Tu étais fortiche pour ne laisser aucune trace. Mais le coeur n'y était pas - tu avais vu de quoi était capable la dictature de Bruce Wayne, la violence des représailles, et pourtant, tes valeurs étant toujours les mêmes, tu doutais. Damian t'avait sauvé, et il pensait réellement bien faire. Tu n'avais pas encore cherché à découvrir des dossiers sur lui, parce que cela te faisait comme une impression de le trahir. Tu voulais qu'il se découvre à toi, volontairement. Tu aurais aimé que tout le monde puisse le voir - que Tim, Jay, les résistants puissent réaliser qu'il n'était pas un ennemi. La justice était votre but, seuls vos actes étaient différents. Et la graine du doute, soeur de la graine de l'amour, s'était plantée en toi, germant avec l'embarras adolescent de la séduction et de la confusion.

« Okay, see you soon, boys. » Le micro crépite alors que le channel disparaît, sans aucune trace sur la toile. Vous n'avez jamais existé. Tu te déconnectes également, en toute sécurité, certain que rien ni personne ne pourras te retracer. Tu tournes sur ta chaise en t'emberlificotant dans le fil de ton casque ; JarJar vient sur tes genoux pour jouer avec ledit fil et tu passes quelques minutes à partager ça avec lui jusqu'à ce que tu te redresses en t'étirant. « So, he doesn't answer to my textos, but ... Doesn't mean I'm boring him, does it ? He is busy. It's... he is who he is, huh ... I hope he doesn't blame me for the last time ... » Toi, tu t'en veux toujours. Tu vas t'allonger sur le canapé lit, casque toujours aux oreilles, le chat dans les bras. « He must be receiving quite a few messages. Of his bats, of his father, of his friends or ... I don't know. He has courtesans, do you think ? Like, girls from good families who want to ally with the Waynes ? It's very noble, isn't it ? Damn, I don't know. » Comme si JarJar allait te répondre. Tu grommelles et tu t'empares d'une manette avant d'allumer un écran de télé.

« I may not be very strong, I've been beaten like a baby, but there's a ground you can't beat me on, and it's called video games.» T'es un vrai gosse, tout chamboulé et bouleversé. Tu comptes bien te défouler sur ta manette. Mais, avant que l'écran de jeu ne démarre totalement avec sa petite musique tranquille, tu vois du coin de l'oeil le NERF posé sur un meuble. Tu souris, doucement - tes yeux retombent sur le sol, là où vous aviez roulé. Merde, ça te paraît si loin et si proche à la fois. Tu secoues la tête - concentres-toi ! « I do not care. And maybe I'll accept the invitation to have a drink with Ryan. » Juste une bravade, t'en as aucune envie, mais tu veux être rebelle, pour ne pas te sentir trop attendri. Tu aimerais tant signifier quelque chose aux yeux du rouge-gorge, mais tu ne te fais aucune illusion. Au fur et à mesure que le temps de cette soirée passe, que tu t'éloignes du moment et qu'il ne te reste que les souvenirs, tu te dis que tu aurais dû te retenir de flirter, d'avoir ces gestes doux. Il est venu à ton secours parce qu'il veut aider les gens. Tu es juste ... un agent des forces de l'ordre un peu paumé. Et collant. Surtout par sms. Tu grimaces et alors que tu appuies sur démarrer, tu tournes la tête vers la fenêtre.
Tu retiens un cri de surprise, le minois plissé d'étonnement.
Depuis quand il est là ?

JarJar, ce traître, file ronronner près du jeune homme. Et Balto - le chien de l'un de tes frères - un gros husky, se lève en se dandinant sans même aboyer contre l'intrus. Quel chien de garde ! Il remue doucement de la queue, apparemment déjà amical avec Robin. Les animaux, tous des traîtres ! Tu le siffles et, penaud, le chien vient s'installer à tes pieds où il dormait du sommeil du chien repus et baveux. Tu lui caresses la tête, les yeux posés sur Damian. Tu avales ta salive et hausse les épaules en penchant la tête de côté. Comme si t'étais pas heureux de le voir, juste blasé. « By the window again ? Didn't you read my note ? » Un salut insolent, mais dit avec un sourire amusé. Tu frottes le bout de ton nez - et encore ce geste, nerveux, pour te calmer, frotter d'une main la cicatrice qu'il a laissé involontairement, en te soignant. T'es content d'avoir retrouvé ta tête de d'habitude et de ne plus avoir l'oeil en confiture. M'enfin, c'est pas comme si t'étais pas moche, d'habitude - vous allez bien ensemble, que t'avais dis, menteur. « Are you coming for a slice of cake ? Or there's a multi-player mode, if you want ... Oh, no, I know - Star Wars ! » Après avoir indiqué d'un doigt ton jeu, tu as tendu un index comme si tu avais un éclair de génie avant d'éclater de rire. T'es certain que ça va l'agacer et ça t'amuses. Tu te lèves enfin, étires ta grande carcasse, l'observe - avant de détourner les yeux, de peur qu'il n'y remarque la joie trop grande de le revoir.

Oz & Dami

Pourquoi tu t'es retrouvé à grimper ici une fois de plus, au fond de toi tu sais très bien pourquoi, t'as juste peur d'avouer ce que t'es en train de réaliser, t'es terrifié à l'idée d'avoir dérogé à l'une des leçons les plus importantes que ta mère t'aies jamais enseigné, la tête pas le cœur, la raison pas les sentiments, t'as une misison, un rôle à jouer, t'es trop précieux pour bêtement te laisser piéger, pourtant t'es là une fois encore, prêt à descendre d'un toit sur la façade d'un vieux bâtiment pour te poster à une fenêtre que tu ne connais que trop bien à présent.

Au fond tu penses égoïstement, stupidement que t'es là juste parce que t'as besoin de lui, parce que tu peux t'en servir comme d'un outils pour arriver à tes fins, parce que c'est juste un pion de plus à tes yeux, une autre marionette que tu peux utiliser. Tu sais bien que c'est faux, que si tu le voulais vraiment tu pourrais te débrouiller comme tu l'as toujours fais, mais si tu acceptais cette façon de penser tu serais contraint de donner raison à cette petite voix que tu étouffes au fond de toi, celle qui te fait remarquer combien tu finis par apprécier être à ses côtés, pourquoi tu te sens différent quand ton téléphone se met à vibrer et que c'est son nom, ou le pseudo que tu lui a attribué, qui apparaît et pourquoi tu préfères venir t'entasser dans un appart miteux plutôt que de profiter du luxe de ton palais.

T'étais prêt à entrer, à soulever cette fenêtre que tu sais ouverte, pas uniquement à cause du post-it collé dessus, mais t'avais à peine soulevé le bois que la voix de Oz t'es parvenu et t'as attendu. Pourquoi ? Encore une fois t'en sais rien, t'as l'impression d'agir bêtement à proximité de lui, t'es pas toi même, ou peut-être que si justement, t'en sais rien, et tu restes planté là, violant son intimité et écoutant ses blabla incessants, t'as presque l'impression de te voir toi, avec Titus, Alfred ou Batcow sauf que ça n'a rien à voir parce que tu n'échange pas des stupides futilités, si ?

Il te voit enfin et t'es presque amusé par son sursaut et l'expression gravée sur son visage quand tu fais enfin coulisser la fenêtre pour entrer. Pas de Robin aujourd'hui, ni de fils héritier dans des costumes aux prix exorbitants, t'es juste, simplement Damian. Jar-Jar te saute presque dessus et tu l'attrapes directement pour le caler contre toi quand le husky se dandine à son tour. T'as pas vraiment le temps de te focaliser sur Oscar parce que t'es happé directement par les bêtes, celles qui font ressortir le meilleur de toi et tu penses à rien quand tu souris sincèrement en te penchant, le chat maintenu de la main gauche contre ton torse, la droite caressant vivement le crâne du canidé avant de le gratter derrière les oreilles.

Une petite déception s'installe quand le sifflement retenti et que le chien s'éloigne, tu te redresse aussi, caressant le dos de Jar-Jar avant de deserrer ta prise pour le voir s'éloigner dans un bond agile, bien qu'une fois sur ses pattes il continue de ronronner en se frottant à tes jambes.

Tu plisses les yeux face au jeune flic, peu habitué à ce qu'il ne soit ni enjoué ni surexcité t'as presque l'impression d'avoir échangé les rôles, parce que quelques secondes avant tu souriais tellement qu'on pouvait voir tes petites fossettes mais à présent tu hausses les épaules à ton tour et enfonce les mains dans les poches de ton jean.

« Didn't you know how to close a windows ?»

Tu réponds au tac au tac et tu sais que c'est un jeu entre vous deux, t'as un petit sourire en coin avant de baisser les yeux pour suivre son geste. Il a l'air en meilleur forme, au moins d'apparence, tu sais que les séquelles sont là, physiques et psychologique, mais t'es pas là pour ça. Pas aujourd'hui.

Il ouvre la bouche et t'as presque envie de lui demander pourquoi il tient toujours à te gaver de gâteaux, d'où lui vient cette obsession mais t'es d'humeur taquine aujourd'hui et quoi de mieux que le sarcasme pour lui répondre, parce que t'as toujours été un petit con prétentieux.

« YES ! That's it! I wasn't sure where to start, because 9 movies? 10 same. And the series. Should we start with the order of release the chronological order, do the series intersperse? So YES, I came here on purpose, in my free time, because I have nothing more important to do than watch Star Wars with you. »

Et t'as parlé en le mimant quand il est excité, avec un débit de parole hallucinant, un timbre de voix plus aigu, en rebondissant pratiquement sur tes pieds avant de reprendre l'air qui te sied le mieux. D'accord ce n'est peut-être pas très gentil, t'as pas vraiment pensé à mal ou voulu te moquer de lui, tu sais pas trop comment faire, qu'elle est la limite entre l'humour et la moquerie, t'as toujours fonctionné ainsi, mais en voyant son expression tu comprends que c'était peut-être pas la bonne approche. Pourquoi tu te sens mal tout d'un coup, t'aimes pas ce sentiment, cette impression qu'on t'as donné un coup dans le ventre, tu connais rien à la culpabilité, pas comme ça alors tu te racle la gorge et fais quelques pas dans sa direction.

« Don't do that with your face.»

Tu designes son visage en parlant, fais bouger tes mains comme si tu pouvais mimer ce que tu veux dire.

« Dog eyes and all. I'm here because... Hm. Surprising as it may be... I... I need you.»

Gosh ça te fait presque mal de l'avouer. T'es pas du genre à demander d'aide, t'as l'impression que ça te brûle la gorge, mais t'es là maintenant alors autant en profiter. Tu fourres à nouveau les mains sans les poches de ton jean, jette à un regard au husky en attendant une réponse mais peut-être que t'as besoin de développer alors avant qu'il ouvre la bouche tu reprends, lève la tête vers lui pour le regarder dans les yeux.

« Look, I know you're a little nerd, geek etc. You hacked my phone or whatever to get my number, and when I came here I was... Surprised at the level of security of your equipment. So I need you for an assignment. Like, the most important one. So put on your Kent glasses and prove to me how great you are.»

Bien. T'as l'impression d'avoir assurer cette fois, c'est pas le cas, en fait en dehors des combats, pour ce qui résulte des contacts humains ou interactions sociales t'es sûrement le pire, le plus maladroit, mais t'essaies avec lui. Balto penche la tête et tu lui offre une caresse avant de les dépasser tous les deux pour te diriger vers l'ordinateur comme si tu étais chez toi.

« What I'm about to ask you must remain between us. Don't ask questions, no one must know, we must be untraceable, that means, in the eyes of the world and especially in the eyes of Father. Batman, you know?»

OK peut-être que tu lui met la pression mais il faut bien ça. Tu ne serais pas venu à lui si ce n'était pas important, tu aurais géré les choses seul, comme toujours, mais t'as besoin d'être hors radar, loin du manoir, loin de Pennyworth ou de ton père.

« Do you have paper and pencil ?»

Et tu fouilles, bouges les affaires présentes sur son bureau, t'es prêt à fouiller partout comme si ta vie en dépendait et quand tu trouves rien d'utile sur le bureau t'es prêt à ouvrir le premier tiroir.

Oz & Dami

Vous commencez un peu trop à avoir vos petites habitudes. Voir Damian entrer par la fenêtre, ce n'est presque plus drôle - enfin, si, mais c'est moins surprenant, tu essayes de t'en convaincre. Tu remarques ses vêtements simples, non sans que la pensée qu'un style de ville lui va bien, lui donne l'air d'un adolescent, d'un jeune homme plus que d'un héros ou qu'un fils à papa. Tu hausses les sourcils et souris à sa répartie. « I like to feed the sparrows,  and the birds flies, you know » ironises-tu, en faisant référence à son statut de rouge-gorge et à ta manie de vouloir lui refiler tes pâtisseries en tout genre. Son petit manège avec Balto et JarJar ne t'a pas échappé. Toujours cette même facilité avec les animaux. Encore une fois, tu comprends cette facette de lui, si humaine. Tu es simplement heureux de pouvoir la voir à nouveau. Tu ne voudrais pas de tout l'or du monde, si on te l'offrait en contrepartie de son visage attendri par le chat et le chien. L'or, ça ne se rêve pas. Ses petites manières, les mains dans les poches, sont mignonnes. On dirait un grand gamin bougon. Typiquement le type de mec avec qui t'allais à l'école - que ce soit le lycée ou l'école de police, d'ailleurs. Il est un peu petit, mais tu ne doutes pas qu'il va vite grandir. Il a déjà l'étoffe d'un homme, quand on s'y penche un peu - à moins que tu ne rêvasses à cela, toi, à peine atteint ta propre majorité.

Tu ne t'attendais pas à ce qu'il se mette à sautiller sur place. Tu écarquilles les yeux, innocemment excité à l'idée qu'il soit vraiment là pour ça, et tu t'écries : « But yes ! It's a whole universe ! You do well to ask me, it's so great ! We'll start with - are you being sarcastic ? You're being sarcastic, huh ? Yes you are. » Il a continué de bavasser, son air un peu méprisant, moqueur. Tu t'es tu petit à petit, délaissant ta joie et ta bonne humeur d'enfin partager ça avec lui, la bouche qui se plisse en un trait vexé. Ca te fait un peu mal - non, t'es blessé dans ton orgueil, de fan, de garçon, d'ami. Ok, t'es peut-être un peu lourd avec ça, mais tu pensais réellement qu'il pourrait s'y intéresser, et qu'il juge ainsi, qu'il ... qu'il t'imite, parce que c'est bien ça, hein, qu'il se moque de ton enthousiasme a l'effet d'une douche froide. La joie qui faisait pétiller tes yeux se mue en une façade bougonne, renfermée. T'as le regard d'un chiot à qui on vient de donner un coup de pied. Tu rétorques un peu sèchement à sa demande soudaine, alors qu'il agite les mains d'un air moins arrogant et provocateur - « What, my face ? Being ugly ? » T'as grincé ça, l'air têtu et gamin, en l'observant approcher. Non - apparemment, ce qui l'ennuie, c'est tes yeux de chien battu ; tu les roules tes yeux, au ciel, en essayant de ne plus avoir l'air aussi vexé et blessé. Et puis, y'a ces mots qui tonnent, l'air de rien, et qui font rater un battement à ton coeur.

I need you.

T'as arrêté de respirer, trop surpris. Y'a un million de sous-entendus qui surgissent, et t'es certain qu'aucun de ceux que tu espères n'est réel. Tu as perdu toute expression, incapable d'inspirer, attendant la suite. Il a besoin de moi. Toutes tes pensées, toute ton énergie fait tourner ces mots dans ton crâne, en essayant de retenir la joie pure, sans réserve, face à ce qu'il vient de prononcer. Qu'importe ce qu'il entend par là, il les a dit, et tu les graves en toi pour pouvoir les repasser quand tu le voudras, comme on réécoute une cassette ou un cd. Et puis, tu vois bien comme ça l'emmerde d'avouer ça. T'es curieux, maintenant, et tu reprends ta respiration, un peu bruyamment d'ailleurs, en serrant les dents pour ne pas paraître aussi excité que tu l'es vraiment. T'aimerais avoir le contrôle de toi, mais c'est dur. Sa simple présence t'électrise.

La suite est plus pragmatique et tu penches la tête de côté, à l'écoute. C'est donc d'un service dont il a besoin. Tu es flatté - même s'il essaye d'y mettre les formes pour paraître arrogant, comme d'habitude, c'est un compliment qu'il te fait. Il a besoin de toi et de ton expertise. Avec un demi-sourire, tu enfiles ces lunettes de geek, comme il aime tant à le dire, et tu les remontes d'un air malicieux sur l'arrête de ton nez, lentement, en l'observant par en-dessous, presque séducteur. « And I'm really good, you'll see. » Peut-être que c'est l'excitation due à l'idée d'enfin lui prouver tes talents, ou simplement le challenge à venir, mais ta voix était un brin plus rauque que d'habitude. Et tu ne peux t'empêcher de le taquiner, toujours l'air amusé. « I'll teach you a couple things, if you want - I can be a good teacher, if I want. » Référence à son rôle précédent de professeur de tir. Tu fais craquer les jointures de tes doigts, déjà à mille lieux de là, dans ton petit univers, quand la silhouette de Damian s'approche dangereusement de ton bureau.
Et du tiroir.

« WaitwaitwaitWAIT. » T'as bégayé ça avant de le crier, totalement paniqué, en te jetant à moitié sur lui. Il a poussé tous les documents de ton plateau de bureau, le clavier est de côté, la souris retournée, et déjà, ça ennuie ton côté organisé. Mais surtout, le premier tiroir enferme ce qu'il ne devrait JAMAIS voir. Tu te glisses entre lui et le bureau, le regard paniqué et accusateur. « Don't open it. It's .... private. » Tu te racles la gorge et frottes le bout de ton nez, très gêné, les joues rouges. « We don't need paper or pencil. I have my keyboard. And we have ours intelligences. It's okay. Don't ... don't touch my stuff - or my desk. Please. » Si sa tendance à être curieux ne t'avait jamais dérangé jusqu'ici, ça pourrait vite devenir très embarrassant. Tu te laisses tomber sur ta chaise de bureau et pour pallier à tout besoin qu'il aurait, tu te saisis d'un crayon bic et d'une feuille de papier de ta sacoche de police. Tu les lui tends, le visage rouge, les yeux fuyant. Tu l'invites à prendre une chaise - la seule qui trône dans ton salon miteux. « So. What's your problem. What can i do for you ? It seems really important. I will know how to be discreet - I am the invisible man, if I want to, on the net. What are you looking to do ? Learn more about a possible future fiancée ? » ironises-tu en prêchant le faux pour apprendre le vrai. C'est absolument pas subtil. Heureusement, Balto amène ses grosses fesses fluffy et pose sa grosse tête contre les cuisses de Damian - il bave un peu et remue la queue. Parfaite distraction. Tu en profites pour te calmer les nerfs. T'as, volontairement, mis le genou et la jambe devant les tiroirs. Pas d'entourloupe. Tu penseras à mettre un verrou. Un double. Voire un triple.

Et parce que t'as bien le droit d'être un peu arrogant à ton tour, et que tu veux briller à ses yeux, tu lui lances enfin un sourire dont il a le secret, de ces sourires vaniteux, plein de confiance. La technologie et le web, c'est ton domaine, et ton visage est à présent aussi assuré que lui quand il est en Robin. « Ask me what you want. I am the genie of wishes, and tonight, I obey you. Since you need me. » T'as un peu insisté sur le rappel de ses mots, avec un sourire mutin, la voix plus grave, assurée, confiante. Déjà, t'as ouvert un terminal et quelques autres moyens, attendant le bon vouloir de ton maître du soir. Tu vibrerais presque de ton désir de lui démontrer que, si tu t'es fait démonter la dernière fois et que tu es physiquement à la traîne, tu peux être un boss dans ton domaine. T'es un nerd, oui, tu l'assumes.
Ce soir, tu es son nerd.
Et tu dois avouer que ça te plaît bien, cette idée.

Oz & Dami

« Don't be pretentious.»

T'as balayé ses paroles d'un revers de main, comme si t'étais pas le prince en matière de prétention, mais justement, t'as l'habitude d'être le bravache et même si t'avoueras jamais que tu préfères cette facette du jeune flic, celle qui te résiste, qui ose ne pas s'écraser devant toi, t'as tout de même du mal à l'accepter, les veilles habitudes comme on dit.

La panique claire dans la voix du plus grand stoppe presque immédiatement ton mouvement, t'as la main en l'air prête à ouvrir le tiroir mais Oscar en vient à crier et tu le regarde juste avec de grands yeux, les lèvres entrouvertes jusqu'à ce qu'il se glisse comme une anguille entre toi et ce stupide tiroir. Ça c'est nouveau, tu refuses de bouger, peut importe que ton espace vital soit envahi, que vos corps sont pratiquement pressé l'un contre l'autre, tu toises son visage, garde la tête levée pour soutenir son regard, les yeux presque plissés de suspicion. T'ignores ce qu'il peut bien cacher, parce que t'as déjà fais tes recherches à son sujet, tu sais combien il est le parfait petit ange que laisse suggérer son apparence alors t'es intrigué mais par chance pour lui, t'as mieux à faire aujourd'hui, plus important.

Il bafouille, s'excuse presque et tu vois la supplication dans ses yeux clairs, dans sa voix. Dans d'autres circonstances t'aurais rebondi dessus, un sourire narquois au visage mais il y a plus grave pour l'heure alors tu roules simplement des yeux en faisant un geste de main évasif.

«  Yeah whatever »

Qu'il ne se voile pas la face, tu gardes cet événement en tête, rangé dans un petit tiroir de ta mémoire pour y revenir dessus le moment venu. T'attrapes la feuille et le stylo mais au lieu de t'asseoir sur la chaise tu l'approche du bureau et prends place sur ce dernier, posant tes pieds sur la chaise. Évidemment t'as bien vu qu'Oscar semble être une fois de plus sur le point d'imploser, t'as presque fini par t'y faire, à son côté bien trop expressif, pas comme si tu ne l'était pas, tu sais bien que ton visage reflète parfaitement tes émotions tout comme tes mimiques, mais au moins tu ne deviens pas rouge toutes les 5 minutes.

«  Why are you nervous, if you are as good as you say you are, you are safe. »

C'est logique de présumer que ce soit ta demande qui le mette dans un tel état alors tu réfléchis pas plus loin, comme à ton habitude et tu prends un bouquin qui traîne dans la pile de ce que t'as écarté pour poser tes fesses afin de t'en servir comme appuis pour écrire.

T'écoute d'un oreille distraite, concentré sur ta tâche, parce que t'écris ce que le jeune flic va devoir taper, mais c'est du japonais, en phonétique, t'as pas vraiment eu le temps de te pencher sur l'apprentissage de leur alphabet, et pendant que t'écris tu souffles du nez, esquisse presque un sourire en coin. Tu réagis pas de suite, uniquement parce que Balto se présente face à toi, la queue remuante et tu lèves la feuille pour lui faire de la place sur tes cuisses. Tant pis pour le code, ça attendra, t'as déjà posé les affaires à côté de toi pour passer tes mains dans la fourrure du Husky et le gratter derrière les oreilles et tu remues légèrement les jambes au passage, balance un peu les pieds dans le vide sans vraiment faire attention au fait ton pied gauche frôle constamment la jambe du plus vieux dans sa tentative de te bloquer l'accès au tiroir.

«  TT. What did I say about bragging. »

Et t'attrapes le stylo pour lui lancer dessus, déçu uniquement parce que Balto s'échappe en gromelant face à l'agitation. Tu pinces les lèvres, tend la main face au jeune flic en attendant qu'il te redonne le stylo mais ton regard dérive un instant sur vos jambes et tu te mords l'intérieur de la joue avant d'arrêter de remuer, comme conscient de votre soudaine proximité.

« In fact, I already have several fiancées waiting for me. My mother has made sure to prepare a harem for me when I return home. You know the traditions to honor, finding someone from a good family etc.  »

T'as gardé cet air sérieux, autant sur tes expressions que dans ta voix mais tu pouffes finalement de rire face à son expression avant de ramener tes jambes sur le bureau pour t'y asseoir en tailleurs.

« You should see your face. By the way, it's almost racist that you could believe it was true. And no, what I need is far more important.»

Un petit rictus trône sur ton visage, parce qu'au fond t'aime voir la ribambelle d'expression qui parcours autant le corps que le visage du plus vieux. T'es expressif mais pas de la même manière, pas avec une telle sincérité et même si tu trouves ça stupide et agaçant, tu préfères voir ce visage, ces expressions pour chasser les images de cette nuit là. Les séquelles sont encore présentes, encore visible, mais il a l'air d'aller bien, presque paisible et t'ignore pourquoi ou comment il a pu se remettre aussi facilement que ce soit physiquement ou psychologiquement bien que tu sois conscient qu'il est probablement hanté, dans ses nuits ou par de simples réflexes, gestes ou actions.

« Come on, show me what you can do Kevin Mitnick. »

T'ignores pourquoi ça semble si simple de se détendre en sa présence, t'as jamais été aussi banal, normal, loin de la violence et de l'agressivité qui te caractérise, si tu devais le décrire tu dirais probablement que c'est le même état que lorsque tu te trouves au manoir, avec Titus, Alfred ou Batcow, quand tu es en train de dessiner ou de gratter les cordes de ton Oud. C'est étrange et quand tu t'en rend compte t'as l'impression que tu dois arrêter ça, te reprendre en main, comme si t'étais en train de te laisser sombrer, comme si tu faisais une énorme erreur, et tu te renfrogne instantanément, fronces les sourcils en reprenant ton papier, l'analysant une seconde pour le repousser vers le jeune flic l'air plus sérieux, moins détendu qu'avant.

« I need you to hack into this address. I need to access this man's personal data and contact information, no matter what. Anything. »

Oz & Dami

Tu t'autorises un petit sourire amusé, un regard en coin, presque provocateur, comme pour lui demander comment il ose se moquer de toi alors qu'il est l'arrogance même, incarnée dans son corps juvénile. Mais tu dois reconnaître la lueur de vanité qui t'échappe alors tu laisses couler. Par contre, l'idée qu'il touche à ton tiroir te donne presque la nausée. Ta réaction doit sûrement lui paraître disproportionnée, mais tu t'en fiches. C'est une fois presque collé à l'adolescent que tu te rends compte de votre proximité, mais tu es trop affolé pour en apprécier la teneur. En une autre situation, tu aurais sans doute essayé de capter son regard - soupçonneux, dans l'immédiat - et cherché à retrouver ces légers contacts que tu as déjà amené, timides, maladroits. Il n'en est rien, et vous vous éloignez avec soulagement, même si tu vois toujours la perplexité chez lui malgré sa capitulation. Tu reprends ta respiration, doucement, la panique qui fait courir l'adrénaline dans tes veines. Tu es stupide - tu devrais brûler cette mauvaise poésie. Plus tard, tu te le promets.

Tu essayes de changer de sujet, de reprendre le contrôle de la situation. Damian s'amuse encore à te taquiner et tu fronces le nez, le minois plissé.  « I am not nervous. I'm ... excited. Not the same. I'm glad to, finally, show you how i can be exceptionnal ... what i'm good for » mais s'il y a une grande part de vérité, même cette fierté sonne faux, ou plutôt cette vanité. Tu n'as pas l'habitude d'être ainsi, et c'est aussi maladroit que si tu devais reproduire la Joconde. Tu secoues la tête, toujours souriant cependant. Tu connais tes capacités, même si tu ne t'en vantes pas, habituellement. Pourtant, il y a ce challenge de démontrer à Damian qu'il ne s'est pas fourvoyé en venant te voir. Qu'importe le défi qu'il amène avec lui, tu le relèveras et tu triompheras. Tout en continuant de discuter, tu es concentré sur la protection de ce fichu tiroir, comme une tâche informatique qui tourne en fond ; ceci te permet de profiter pleinement du soudain contact, répété, de vos deux jambes alors que Damian, installé sur le bureau, fait aller ses jambes de façon rythmique. C'est plus un frôlement léger qu'un réel contact, mais ça te fait serrer les dents. Ce n'est ni douloureux ni tangible, mais il y a dans ce mouvement une attente, une appréhension de ta part. L'espoir presque démesuré que son pied s'arrête contre ton genou ou ta cuisse, formant un réel contact, pour faire cesser l'impatience et l'espoir idiot. Le crayon est une diversion bienvenue et tu pousses un juron en le ramassant avant qu'il ne tombe, content de te concentrer sur autre chose ; Damian cesse de bouger, s'immobilisant, annihilant toute pensée de contact.

Tu tiens toujours le stylo et tu allais le lui lancer en signification de ta juste revanche, mais ce qu'il dit d'un air si sérieux te laisse aussi surpris que médusé. T'es pas sûr d'avoir bien entendu, t'as la bouche entrouverte, les yeux plissés, les sourcils froncés - wait, what ? Un harem ? T'en perds tes mots. Damian est à moitié arabe, tu te souviens de cette info, et si tu ne sais rien de son origine maternelle, tu es bien disposé à accepter qu'il doit sans doute avoir une fiancée. De multiples, a t-il dit. Un harem. C'est ridicule, et pourtant, n'est-il pas un prince dans toute sa splendeur ? Et puis, il pouffe, et tu prends un air outré - il se fiche encore de toi, à tes dépends, et tu ne tombes pas, tu cours, tu voles dans le panneau. « Tsss - that wasn't racist, i didn't believe it, even a second. I mean - how several person can want being married with you ?  » Tu glisses ça d'un ton moqueur, mais avec un sourire en coin. Tes propos mordants ont perdu leur tranchant vif. Tu ne caches plus tes moqueries, tu les enrobes de gentillesse. Vous savez tous deux quand vous blaguez - enfin, normalement. Et tu es loin de la vérité. Il a raison - un fiston Wayne est un parti de bonne famille, après tout. N'en parlais-tu pas avec Jar-Jar, il n'y a même pas une heure ? « But let's stop talking about imaginary girlfriends. I listen to you on this very important mission.  » Tu vois bien qu'il aime se ficher de toi, et tu essayes de lui rendre la monnaie de sa pièce quand tu le peux. Mais tu ne peux nier trouver une joie intense à vos échanges. S'ils sont toujours vifs, ils ont perdu la dureté des débuts.

La référence à Mitnick te fait rire tout bas. « I'll be your condor tonight, Robin ?  » et tu retiens un nouveau rire à tes blagues ornithologiques. Mitnick était connu comme le Condor, et Robin est un rouge-gorge ; s'il était aussi simple de s'appairer en terme d'oiseaux, tu l'accepterais volontiers. Tu veux l'aider - par intérêt, parce que tu veux montrer ce que tu vaux, mais surtout pour lui-même. En réalité, la simple pointe d'égoïsme vient de ton sentiment de valoir moins que lui. Parce qu'il est un guerrier des temps modernes, un petit génie du sarcasme. Ton héros. A nouveau, ce geste, celui de te masser l'abdomen, sous les côtes, là où la cicatrice tire encore parfois. Tu refuses d'y repenser - tes nuits sont déjà trop peuplées d'éclairs rouges, de réminiscences de souffrance. Parfois, il ne vient pas te sauver. Parfois, les hyènes continuent, encore et encore, et te dévorent. Damian interrompt tes pensées en te tendant un papier où tu reconnais des symboles. Non pas que tu lises le japonais, mais tu sais reconnaître du japonais. « logographic writing, Japanese - I did not expect that, you keep surprising me ... let's see ....  »

Tu t'empares du papier, et tout change en toi. Tu te concentres, et tu sembles une autre personne, tout entier à réfléchir et à décortiquer tes prochaines actions. Ton regard pétillant prend un tournure plus adulte, moins douce et moins naïve. Tes traits se plissent de concentration, offrant l'image plus adulte de ce que tu deviendras petit à petit, tout comme Damian près de toi semble être devenu plus sérieux. Le peu d'informations que tu as ne sont guère, mais tu hausses les épaules. Tu as déjà fait pire. Tu inspires lentement puis tu te tournes vers ton bureau dont tu sors un second clavier, puis tu branches un second écran, plus petit, au premier. Tu es totalement dans ton univers ; une main sur chaque clavier, tu te mets à tapoter tes touches, sans les regarder, pas besoin. « Okay, It's going to take a bit of time, since it's in Japanese, but I know the computer language - when you go back to binary, everything is simpler, huh ? » dis-tu tout bas, sans savoir si tu parles à Damian, à ton ordinateur ou à toi-même.

Tes yeux vont et viennent d'un écran à l'autre où se déroulent d'un côté les pages web sur lesquelles tu glisses, et de l'autre, tes terminaux. Tu voyages soudain d'un pays à l'autre, sous tes doigts qui vont et viennent, qui percent des défenses, cherchent des failles, les trouvent et repoussent toute tentative de te retrouver. Un petit sourire victorieux te vient, lentement - s'il y a une pointe de défi, c'est surtout le langage brut qui t'ennuie, en premier lieu. Mais rien qui ne t'arrête. Tu t'amuses, franchement ; ça faisait longtemps que tu n'avais pas simplement pris du temps pour profiter de tes petits dons pour t'amuser. « R2, music ! » Tu détestes hacker sans musique ; le détecteur de voix de ton téléphone, gentimment appelé R2-D2, lance alors une playlist et la musique de Aha, Take On Me, est soudain jouée, en bruit de fond, et t'en oublierais presque que Damian est là, parce que, les yeux rivés sur tes données, tu te mets à te dandinner, à chantonner, concentré comme jamais.

Et puis, quelques dernières cliquetis de clavier, une touche entrée appuyée et tu te recules, l'air triomphant. Avant de froncer les sourcils. La playlist est passée à autre chose, mais tu ne l'entends plus. Tu te racles la gorge. « Damian ? » Tu as parlé très doucement, comme pour approcher un animal sauvage, mais y'a une surprise, un rire étouffé dans ta voix. Tu t'es tu et, dans un grand silence simplement coupé d'une musique des années 80, tu te tournes lentement vers lui, centimètre par centimètren avant d'ancrer tes yeux aux siens de derrière tes lunettes de geek. « Why did I have to hack Mr. Shigeru Otomo, venerable mangaka living in Tokyo ? » C'est fait, et si tu ressens la fierté du devoir accompli, tu hausses un sourcil interrogateur devant l'adolescent. Il ne t'a guère fallu longtemps pour user de différents traducteurs disponibles ; devant toi, maintes fenêtres d'informations informatiques - carte d'identité, adresse, feuilles d'impôts, relevés bancaires, oeuvres ... Et son site. Tu jettes un coup d'oeil sur ses mangas et tu lances à nouveau :  « I'm curious about Hana and Ren's adventures now. » Puis tu reviens à nouveau vers Damian.

T'en as oublié de guetter ton tiroir. T'es tourné vers lui, posé dans ton fauteuil, à l'observer pleinement dans les lueurs pâles de ton appartement et dans la luminosité noire, verte et bleue de ton ordinateur qui se reflète sur lui. Ca t'emmerde de le trouver mignon, dans sa veste civile, avec son air simple, loin de Robin ou d'un rejeton Wayne. « I have what you need, just here ... » Les écrans sont prêts à montrer ce dont a besoin Damian mais t'as un petit air futé, malicieux, comme pour lui dire qu'il ne va pas s'en tirer sans s'expliquer un peu.

Oz & Dami

T'as continué ta petite joute verbale avec l'écossais, démontrant déjà qu'un tas de gens étaient susceptibles de vouloir se marier avant toi bien que ce ne soit uniquement dû à ton statut, au sein des Wayne ou des Al Ghul, puis t'avais laissé faire le nerd que tu soupçonnais en lui, ramenant tes jambes en tailleurs pour t'installer plus confortablement sur le bureau.

Pour une fois tu restes silencieux, accueillant Jar-Jar entre tes cuisses quand Oscar marmonne entre ses dents, plus concentré sur sa tâche que sur ta présence et c'est la première fois que tu le vois comme ça, sûr de lui, dans son élément. C'est presque étrange de découvrir cette facette de sa personnalité, tu la connaissait évidement, il ne faut pas être Einstein pour s'apercevoir que le jeune flic est un geek dans l'âme, mais le voir à l'œuvre est différent. Si t'étais pas totalement de mauvaise foi tu admettrais qu'il te fais penser à Drake à cet instant, que si ils avaient été au manoir tous les deux les nuits auraient été rythmées de claquement de doigts sur les touches d'un clavier et de litres de cafés écoulés.

T'es étrangement calme, bercé par les ronronnements de la boule de poils entre tes jambes, accompagné des doigts habiles d'Oscar qui pianote à côté et tu te redresses presque avec lui quand il interpelle son téléphone, tu dois faire appel à ta mémoire pour retrouver la référence à sa saga favorite, parce que oui, après avoir pu en discuter avec l'un de tes frère aîné et avoir été harcelé par le bleu, t'as fais quelques recherches. La musique anime l'appartement, un morceau qui a plus d'une cinquantaine d'années à présent et si t'es en droit de te questionner sur ces goûts musicaux, tu ne dis rien, profite simplement du moment présent.

C'est rare que tu partages ce genre de soirées, si tu n'es pas en patrouille ou à traîner sur les toits de Gotham, tu es au manoir, seul la plupart du temps, Pennyworth essaie tant bien que mal de t'offrir de la compagnie, de te trouver des occupations ou de t'élever comme ton père devrait le faire mais tu ne cesse de le repousser pour t'isoler un peu plus, appréciant la compagnie de tes bêtes plutôt que des derniers occupants de ce manoir.

Cette soirée, c'est quelque chose de tout nouveau, peut-être que la recherche est juste un prétexte, tu penses que non, parce que t'as vraiment besoin de ça, mais t'aurais pu essayer de te débrouiller autrement, sans Oscar, et pourtant t'es a nouveau là, dans cet appartement miteux ou tu jures presque dans le paysage.

T'as finalement récupérer ton bloc note de fortune, dans le besoin de faire quelque chose de tes mains, parce que t'as pas envie d'intervenir dans la transe du plus vieux, tu vois bien qu'il est dans ce même genre d'état que toi lorsque tu es concentré sur ta tâche, quand tu peux pleinement mettre en œuvre tes talents, alors à la place tu commences à faire glisser la pointe du stylo sur le papier, dessine des traits habiles pour capturer ton modèle vivant un peu plus loin. Balto s'est allongé, garde un œil sur son maître et si t'as l'habitude de dessiner Titus, ça te fait du bien de changer un peu de sujet, t'arrives à capter l'essentiel dans tes croquis, le regard, le mouvement, et pendant un moment toi aussi t'oublies presque le geek à tes côtés, tu sens sa présence évidemment tout comme tu l'entends par les claquements du clavier et tu l'aperçois du coin de l'œil, mais vous êtes dans vos petites bulles et c'est agréable pour une fois de la partager avec quelqu'un.

Ton prénom résonne, fait finalement éclater cette bulle alors que tu redresses la tête, stoppant le stylo. T'as fais attention à ne pas écraser Jar-Jar qui dort pratiquement sur toi et tu tournes la tête en direction du plus grand attendant qu'il te parle enfin jusqu'à ce que finalement il ne pose sa question.

T'aurais dû te douter qu'il ne resterait pas silencieux, mais t'as tout de même le corps qui se tend involontairement, tes mains se serrent à la fois sur le stylo et sur le bloc-notes de fortune tandis que ton visage et le bout de tes oreilles se mettent à rougir. Tu le sais, parce que t'as beaucoup plus chaud que d'habitude et ton cœur bat plus fort comme honteux d'avoir dévoilé l'un de tes secret.

« I told you not to ask questions ! ... This is private.»

Tu fronces les sourcils, détourne un instant les yeux en reposant tes affaires à côté de toi ce qui réveille Jar-Jar qui libère finalement tes jambes.

T'as le poils qui se hérisse un peu plus quand Oscar évoque les personnage de ton Shōjo favoris, t'évites toujours de le regarder d'ailleurs, pourquoi t'as honte d'admettre que tu aimes simplement cette histoire ? T'es bien au dessus des concepts tels que les Shōjo sont pour les filles, les Shōnen pour les garçons, non, c'est plus profond que ça et tu sais pourquoi ça te gêne.

« It's none of your business. And you're far too boorish to understand anyway. »

C'est faux, t'es conscient de sa sensibilité, bien plus fragile que la tienne, tu sais très bien qu'il comprendrait que ce n'est pas bêtement une histoire d'amour entre lycéen, mais pour l'instant t'es simplement vexé alors tu boudes, comme tu sais si bien le faire.

Finalement presque comme un go, il t'annonce avoir ce que tu cherches et tu bondis presque du bureau pour pousser sa chaise à roulettes et prendre sa place devant les écrans. T'es debout, pointe du doigt les caractères que t'es en train de lire mais McNee revient à la charge et tu sais qu'il ne te laissera pas tranquille.

« Fine. First, the publication in the United States takes too much time, we have at least 5 Mangas behind and he refuses any scan on the internet, I don't know how he manages but there is NOTHING. »

T'as déjà cherché. Même en japonais et ça te fout la haine.

« And besides... I don't want Hana to fall in love so easily. She's giving up all her principles, what she cares about and fights for, all for what, a stupid boy? It's all nonsense. »

Ouais t'es pas du genre à accepter qu'une œuvre ne se déroule pas comme tu l'as prévu, t'as envie de tout contrôler comme d'habitude, t'as ce besoin d'être maître des choses alors que ton héroïne te trahisse de cette façon, hors de question.

« So now you're going to help me write him, I need to put pressure on him, if it doesn't work we can always pay him. But my father can't see where the money goes. »

T'es un peu extrémiste, d'accord, mais on t'as pas appris à gérer la frustration, ni à apprécier que les choses n'aillent pas toujours dans ton sens. Alors quand ça te touche, quand t'es vexé, t'as besoin d'attaquer.

« Laugh and I'll rip your tongue out McNee. »

Oz & Dami

Il est facile d'être simplement là, avec Damian à tes côtés. Nul besoin de longs discours ou d'échanger des mots. Sa présence te suffit. Alors que tu pianotes, tu ne peux t'empêcher de glisser quelques coups d'oeil furtifs au jeune homme occupé à griffoner dans son carnet. La curiosité fleurit. Tu comprends qu'il dessine, mais tu n'as pas le temps de te concentrer là-dessus. Pourtant, alors que tes yeux sérieux, sévères, traquent les informations désirées, tu entends le léger bruit du glissement du crayon sur le papier, une mélodie aussi douce que la respiration du cadet. Tu as rarement partagé une session de hack avec quiconque, hormis Tech - et encore, en vocal. Tu t'occupes souvent des affaires de JORMUNG4NDR seul. C'est ton côté sombre - la facette dont tu es à la fois incroyablement fier, de par tes capacités et les possibilités de faire le bien, et pourtant tu voudrais que personne ne soit au courant de cet alter égo. Tu as honte de devoir te cacher, mais aussi des limites légales que tu dois franchir. Tu repousses, comme souvent ces derniers temps, cette duplicité qui te pèse de plus en plus. Tu n'as aucun temps pour les doutes.

Le temps passe, s'étire lentement sans que tu ne sois ennuyé ou gêné par la présence de Damian, proche de toi sur le bureau. Tu pourrais presque frôler son genou, si tu tendais la main. Juste après avoir prononcé son nom et tourné la tête, tes yeux se perdent sur le carnet pour essayer d'y apercevoir ce qu'il y traficotait, mais Damian est un maître habile ès secrets. JarJar ronronne, délicat petit bruit qui a perdu la mélodie du crayon sur le papier. Tu l'interroges, un peu amusé mais très sérieux à la fois. Tu sens que tu as mis les pieds dans une situation un peu particulière et tu es prêt à appuyer sur une touche pour tout effacer si tu sens que c'est la bonne chose à faire. Tu hausses les sourcils en voyant la gêne chez ton cadet, un rougissement assez étonnant et il te semble voir les prémisces d'un embarras certain. Tu plisses les paupières, l'air malicieux : « Given that you asked me to hack someone, let me tell you, you have a little ... biased idea of ​​what's private. » Damian débarasse ses mains du carnet, le chat dérangé file au sol. Mais tu n'en as pas fini et tu continues, l'air interrogateur. Qu'il fasse l'effort volontaire de ne pas te regarder te pousse à connecter les informations : Damian aime donc ces oeuvres ? Pourquoi en ressentirait-il de la honte ? Et pourquoi te demander de hacker le compte de l'auteur ? Sa tentative de te remettre à ta place et de t'écarter du sujet t'amuse énormément.

« Oh really ? If you want to explain a bit to me, I'm sure that my boorish side can be erased a little. » Est-ce qu'il te voit réellement comme un rustre sans éducation ? Tu te mordilles la lèvre, pensivement. Tu n'as pas eu l'occasion, comme lui,  d'apprendre les arts martiaux ou l'art ou ce genre de choses. Tu t'es forgé tout seul, comme tu as pu, en ramassant ce qu'on te donnait et en allant la plupart du temps chercher ce qui t'intéressait. Peut-être bien que tu es un rustre, oui. Comme on lance une dernière carte, tu annonces avoir terminé ton travail. Tu as à peine le temps de le voir descendre, et tu roules.

Damian a poussé sans ménagement ta chaise de bureau, qui tourne, roule, se heurte à la table basse en dérangeant Balto. Tu clignes des yeux et poses le regard sur le dos de Damian avant de grommeler en ramenant ta chaise près du bureau, en t'appuyant des pieds sur le sol. Tu ne le lâches pas du regard, entre accusation de t'avoir poussé comme ça et interrogation curieuse. Tu ne t'attendais pas cependant à ce qu'il partage la réalité des choses et ton minois reprend son habituelle douceur mélangée à une curiosité réelle, une écoute particulière. Cela lui tient à coeur, et tu prends avec délicatesse ce qu'il t'offre - ce n'est pas seulement partager ses goûts avec toi, c'est s'ouvrir, c'est une porte sur le Damian que tu aimes.

Alors comme ça, cette histoire, c'est parce qu'il est frustré de ne pas avoir la suite de son manga favori ? Tu retiens pourtant ton reproche quand il s'explique, et t'as un coup au coeur. Les mots se chevauchent dans ton subconscient. L'héroïne ne doit pas tomber amoureuse d'un stupide garçon. Tu ne peux t'empêcher de faire le parallèle. Mais tu sais que c'est faux. Que ton regard, seul, y voit une vérité cachée. Damian a simplement un attachement émotionnel aux personnages, à l'histoire. Cela n'a rien à voir avec toi, avec lui, avec vous. It's all nonsense. Bien entendu. Tu retiens une grimace et le goût amer sur ta langue. T'as baissé les yeux et tu t'efforces de revenir à la situation plutôt qu'à tes émotions balayées et piétinées. « I don't know anything about this work, but the characters are like real people. They evolve, their visions and their feelings too. It's not something that can be controlled, in real life, feelings. » Tu secoues la tête et détourne les yeux, tu les poses sur Balto plutôt que sur  Damian, pour ne rien lui montrer de ce qui se cache en toi. De toute façon, il n'aurait rien remarqué, concentré sur l'objectif de cette mission. « The author must want to bring the story to a certain point. Surely he has a good reason. Maybe you're looking for meaning where there shouldn't be any - emotions, relationships, it's often beyond control or logic. »

Tu as tourné ta chaise vers le salon, dos tourné à Damian et les écrans. Et puis Damian traverse la ligne, celle qu'on nous dit souvent de ne pas traverser, la ligne morale, mentale, légale, il la traverse en dansant le tango. Et tu te tournes à nouveau vers lui, l'air ahuri. T'as aucune envie de rire. « I am begging your pardon, sir ? » Tu fronces les sourcils et soupires, l'air sévère. « Don't you think you're going too far ? No, forget it, clearly you don't. What I just did is illegal, but it's still okay, I'm used to it. But blackmail him ? Poor man! We're not going to do that. » Et t'as l'air implacable, comme la justice elle-même.

Puis, en voyant ses yeux, son visage, combien il a l'air intense et frustré et entêté, tu repenses au fait qu'il soit venu te voir, que cela a du lui coûter, et tu soupires encore avant de glisser ta chaise et de le pousser un peu, manquant de le faire tomber sur tes genoux. « These late manga, they exist. So they are somewhere, on the internet - it has to be. The publishing house, the author's PC, whatever. If I get you these manga, will you be happy ? » C'est dis sans jugement. Tu jettes un regard de côté avant de finalement tourner le visage vers lui. De ta chaise, tu dois lever les yeux vers lui. « I understand how frustrating the wait can be. I'll help you on that. But don't talk to me about doing horrible things like putting pressure on a poor author... On the other hand, if you were ready to pay me, I wouldn't say no... just kidding. » Tu as ajouté cela, car il serait capable d'accepter, et tu ne veux pas de son fric. Jamais. Non parce qu'il serait sale, à tes yeux, mais parce que tu ne veux jamais accepter d'argent de sa part. Tu ne veux pas que cela fonctionne ainsi entre vous. Tu veux que cela soit le plus simple, le plus innocent possible. Non pas que t'aies aps déjà tout gâché en étant un foutu traître.

« Explain to me why this love affair frustrates you. Hana, is that it ? Hana seems to be falling in love with a... boy ? And she abandons her principles ? You know, you can compromise, it's not all black or white. Maybe what she finds in this relationship, in this boy, is worth letting go of her own thoughts a little, letting herself go a little. » Comment pourrait-il ne pas remarquer que tu parles de vous deux ? C'est si évident à tes yeux, et tu remercies ton écran de donner à ton visage une lueur bleue pour camoufler tes joues rougies. Tu projettes déjà d'acheter tous les mangas, pour les lire - pour comprendre ce que Damian peut y trouver. Tu ne juges nullement ses choix de lectures, tu es un peu surpris mais tu acceptes, tu es même curieux. Déjà, tu cliquètes de nouveau sur ton clavier - ce ne sera guère compliqué de pénétrer dans les sécurités d'une maison d'édition et de trouver lesdits mangas. Si ça peut faire plaisir à Damian, et lui éviter d'aller dans les extrêmes, tu le feras avec joie. C'est bête, mais tu retournerais des montagnes pour voir son sourire, pour le sentir en paix ou satisfait, même quelques secondes. You're the stupide boy.

Oz & Dami

Tes yeux parcourent toujours les écrans comme si tu pouvais y trouver des réponses et c'est Oscar qui te les offrent mais t'es toujours pas prêt à les entendre, à les comprendre. Tu fronces les sourcils quand il parle, essaie d'assimiler, d'imaginer ce qu'il veut dire, tu sais que vous ne fonctionnez pas de la même façon, qu'il est bien plus humain que toi, tu sais aussi que si tu veux apprendre à vivre normalement, à t'adapter dans ce monde, il est peut-être ton meilleur atout, alors tu le laisse parler, marmonne entre tes dents que ça n'a aucun sens sans pour autant l'interrompre.

« That's why we train, to think not to feel, you know? That's how you make better warriors, it avoids a lot of problems. »

Et ça c'est ta chère mère qui te l'a appris, t'as l'impression que c'était une autre époque, une autre vie, et tu sens son emprise devenir moins dense, plus vague maintenant que tu es loin d'elle, tu ignores toujours si tu es soulagé ou effrayé.

« So what's the point of you helping me ?! »

T'as jamais aimé qu'on te tienne tête, qu'on te dise non, t'as été habitué à avoir tout ce que tu désires, ou du moins des personnes étrangères à tes parents, parce qu'avec Talia les choses étaient simplement comme elle le souhaitait, peut importe que tu râles ou non, et avec Bruce t'as l'impression que c'est la même chose. Alors t'as du mal quand le commun des mortels te refuse quoi que ce soit, t'es toujours sur de leur être supérieurs, qu'ils plieront face à toi.

Tu t'es retourné dans sa direction pour t'exclamer, et il roule à nouveau dans ta direction, te bouscule au passage et sans ton équilibre tu serais probablement tombé sur lui, à la place tu te poste devant sa chaise, croise les bras sur ton torse pour le toiser maintenant qu'il est plus petit que toi. T'es pas certain que sa solution te convienne, t'as l'impression de perdre si tu cèdes, mais t'as vraiment envie d'obtenir ton dû et finalement tu roules des yeux et marmonne une fois encore.

« Yeah whatever. I guess it's a compromise. »

D'un revers de main tu balayes ses paroles, affichant un petit sourire en coin avant de le pousser une fois encore mais vers son bureau cette fois ci. Tu restes derrière lui, une main posée sur le dossier de son siège, le regard concentré sur l'écran principal.

« Money is not an issue. »

Évidemment qu'il le sait, mais t'aime bien le taquiner a ce sujet, parce que peut importe sa classe sociale, ou ce que tu peux aisément deviner en voyant son appartement Oscar n'a jamais tenté d'obtenir quoi que ce soit de toi, d'un point de vue financier en tout cas, il a toujours été plus intéressé à en apprendre davantage sur toi plutôt que de s'intéresser à ton père, à Wayne Enterprise pour Batman en général, et t'es pas vraiment habitué à ça.

« It doesn't frustrate me. »

D'accord t'es un peu frustré et tu pinces tes lèvres en l'écoutant une nouvelle fois, parce que pour toi le monde est comme ça, noir et blanc, même si ces derniers temps tu commences à en capter les nuances de gris.

« It's just that. Hana has always done things according to what she feels, right? That's why her art is so beautiful and touching, she doesn't stupidly follow what she's been taught, she stands out from the others in this way and Ren is much more archaic, he works with rigor without putting any effort into it. I don't see what she can see in him. She should focus only on her talent, on her competitions and not risk everything for him. Unless he is the one who is falling in love with her, but if so, he should let her be free so that she can blossom... »

Tu t'es éloigné en parlant, marchant dans l'appartement suivit de près par Balto qui s'excite face à la nouvelle agitation. C'est la première fois que tu parles à quelqu'un de quelque chose qui te passionne réellement, une chose que tu as choisis par toi même sans qu'on te l'impose et t'as jamais osé en parler avec personne, de peur que ça ne brise l'image que tu essaies de te forger aux yeux de tous, comme si ça pouvait te décrédibiliser.

Tu sais qu'ils ne comprendraient pas pourquoi ce genre de manga plutôt qu'un autre, t'as pas envie de leur expliquer que tu n'as pas besoin d'histoires violentes, de combats, de lutte pour le pouvoir ou toutes ces choses, parce qu'elles font déjà parti de ton quotidien, t'y retrouverai rien d'autre que ce que tu ne connaît déjà. Alors oui, tu as trouvé ton plaisir dans les histoires simples les petites choses banales du quotidien, celles que tu n'as jamais eu la chance d'expérimenter, celles qui ont toujours manquées à ta vie.

Tes pas te mène jusqu'au frigo que tu ouvres sans ménagement, comme si tu étais chez toi et un petit sourire étires tes lèvres en voyant qu'il reste du gâteau, apparemment au chocolat, c'est d'ailleurs l'une des seules chose présente dans ce frigo, mais tu le sors malgré tout avant d'attraper une cuillère dans le tiroir.

« You know you need to eat if you're ever going to beat me. »

Ton regard se porte une nouvelle fois sur Oscar, toujours face à ses écrans et tu plantes la cuillère dans le dessert pour en prendre une bouchée.

Oz & Dami

Le fait de refuser, de dire non, de t'affirmer n'est pas nouveau, mais Damian doit sans doute être surpris. Vous avez deux modes de fonctionnement très différents. Il est un guerrier dont la seule émotion visible est la colère, qu'il a du mal à restreindre derrière ses sarcasmes. Tu es une espèce de marshmallow avec des pieds qui aime tout le monde sauf Ryan et qui pleure devant Titanic. Deux mondes opposés. Pourtant, tu ne te laisses pas marcher sur les pieds, et tu soutiens son regard. Est-il outré que tu n'accèdes pas à sa demande ? Bien. Tu lui fais comprendre ça, par la simple étincelle dans tes yeux, alors que vous vous foudroyez du regard. « I'll find another way, but not this one. And to go back to the story of the warrior without feelings ... I think someone who understands the adversary, who can put themselves in their shoes is a better warrior than someone who doesn't. That's my take on things - and i'm nowhere near as good as you, huh - but the ability to empathize is to imagine the other person's mind, and their movements, their thoughts, I guess. Warriors without feelings, it's ... weird. Men who fight do it for something they care about. Family, friends, wife or children. Sometimes it's power, or money. But war has never been very far from human emotion. » Tu ne pensais pas débattre comme ça, quand il était venu demander ton aide. Tu as l'impression de poser le pied sur une ligne invisible, mais tu démontres tes arguments avec la finesse que tu espères. Tu n'es pas un simplet contrôlé par tes émotions - du moins, pas tout le temps. Tu doutes que tes points fassent mouche avec Damian, mais tu essayes tout de même, avec calme et douceur, à l'amener à s'ouvrir lui aussi. Peut-être en apprendras-tu plus sur son passé, sur les raisons de cette caparace qu'il porte en permanence contre le monde entier, contre les émotions - et qui permet de garder les siennes à l'intérieur, bouillonnantes mais protégées.

Il est à côté de toi, bras croisés comme un gosse, et tu as une pointe d'amusement qui émerge. Le voir aussi vexé, aussi têtu, c'est mignon. Tu oublies parfois qu'il n'a que quinze ans, ou presque. Tu expliques ta solution et il finit par y adhérer, de façon plus ou moins convaincue. Pour enfoncer le clou autant que pour lui apprendre qu'il existe d'autres façons de faire que les siennes, tu hoches la tête en ne le quittant pas des yeux, en prononçant distinctement : « Good. » Tu vacilles quand il te pousse vers ton bureau, tu reprends ta place fétiche, sentant sa présence derrière toi, une main contre le dossier. Tu le sais, car tu sens ses doigts frôler tes cheveux en bataille. Il rétorque à ta plaisanterie et tu roules des yeux avec un grognement amusé, un humph nasillard. « Sure it's not, mister rich boy. Money, ew. » Tu ne feins pas tout à fait le dégoût ; les questions d'argent t'ont toujours écoeuré. Tu n'as d'ailleurs aucun goût pour le luxe. Tu vis simplement et cela te convient. Et tu sais que Damian sait, et que ces questions d'argent qui n'existent pas entre vous doivent être un soulagement pour lui. Tu ne doutes pas des vautours intéressés qui doivent tourner autour du père comme du fils. L'appât du gain attire les rapaces les plus sordides. « No, of course you're not frustrated, your lovely cheeks are only blushing because it's hot here, is it ? » Ton sarcasme coule, avec un léger sourire en coin. Tu sais bien remarquer quand quelqu'un réagit comme ça, la frustration, l'entêtement, cette espèce de colère qui n'en est pas tout à fait. Tu hausses les épaules ; qu'il nie s'il a envie, ce n'est pas ça qui va amener les fameux mangas sous ses doigts. Tu as une fierté à trouver ici, à réussir là où il a échoué. Et tout en pianotant, le regard sérieux derrière tes lunettes, tu continues à débattre parce que ton intérêt est piqué, réel. Et que Damian participe sans s'énerver, sans te dire que tu dis n'importe quoi, c'est une avancée, un pas de géant, et tu lui décoche un regard par-dessus ton épaule pour lui montrer que tu l'écoutes, que tu t'intéresses à son point de vue, que tu es véritablement dans le sujet qu'il amène, avant de retourner à ton écran. Ton cerveau se scinde en deux, essayant de faire le multitâche ; tes paroles sont un peu maladroites, parce que tu es aussi concentré sur ton hacking que sur ce que tu vas dire.

« Okay, so, we have Hana and Ren » reprends-tu, doucement, en essayant de ne pas te projeter, de ne pas faire de parallèle douteux, parce que Damian n'en fait aucun et que ça n'a pas lieu d'être, tu es ridicule, « And what bothers you is that Hana is changing because she's falling in love with Ren? You say yourself that she is focused on emotions, that she paints thanks to that. What's wrong with it moving in the chosen direction? His art will surely be affected. Besides, if Ren falls in love with her, so does his. Art is so much more beautiful when it even emotions - technique is important, but emotion is everything, that's why the robots or artificial intelligences that make art form such perfect but disturbing paintings , or those who play music so beautiful that it makes you feel uncomfortable. » Tu bavardes, au son cliquetant de tes doigts ; tu sens la présence de Damian s'éloigner et tu sens une certaine appréhension te quitter. Appréhension née d'un espoir stupide, d'une volonté de son contact. T'aurais presque espéré qu'il te tapote l'épaule - tu n'es pas Titus, espèce de crétin.

Ses pas le mènent vers la cuisine ouverte sur le salon. Tu reprends alors qu'il fait comme chez lui, ce qui ne te gêne absolument pas. « Even if she loves Ren, that doesn't mean she's going to become someone else. But maybe Ren is helping her become better, revealing a side of herself she didn't know, or just being around Ren makes her feel good. This may help him to improve in his art, to create in a more advanced way. As for Ren... If he's in love with her, would you like him to leave her? That he abandons her to let her flourish? Why not want him to support her, to be there for her, for her victories and her defeats? They can thrive together rather than individually. Sorry, that's my romantic side talking. » Tu as un petit rire et tu te tais, concentré sur les lignes de code et les terminaux qui s'affichent. Tu es totalement pris, maintenant, dans toute cette histoire et tu veux lire ces mangas comme s'il s'agissait du dernier Star Wars. Derrière toi, Damian se moque de toi et tu émets à nouveau un bruit de gorge narquois.

« Do you also want to check that I sleep well and that I brush my teeth, or will that be fine?  I eat. When I think of it. So this cake ? It is good ? » Tu te moques gentimment. Quand était-ce, la dernière fois où il se méfiait tant de toi qu'il n'osait pas manger quelque chose sans que tu n'y aies goûté ? Un climat de confiance c'était instauré et tu sentais ton coeur se gonfler à cette idée. « I will have to read these manga, to be able to really debate with you. I'm only guessing at the moment. But you, what do you like in this manga ? » Aucun jugement. Ce manga, comme cela pourrait être un autre. Tu n'as pas d'intonation méprisante ou moqueuse parce qu'il lit un shojo sur de la romance, non. Tu essayes réellement de savoir ce qui a piqué son intérêt là-dedans, et tu espères qu'il ne prendra pas la mouche de ta question. Et tu souris, face à ton écran, parce que tu penses qu'il ne te faudra pas plus de cinq minutes à présent pour donner à Damian ce qu'il veut.
Sa joie vaut toutes les peines que tu te donnes.

Oz & Dami

Évidemment tu écoutes attentivement ce qu'il dit, malgré ce que tu veux faire croire ou ce que tu montres à l'extérieur tu l'as toujours écouté et ça depuis votre première rencontre. Pourquoi tu t'es autant accroché à lui ? T'as pas vraiment réfléchis à ça, Pennyworth dirait propablement que c'est parce qu'il fait ressortir ta nature banalement humaine, qu'il apporte cet aspect normal et presque innocent à ton quotidien, qu'il cherche simplement à être proche de toi, pas en tant que Robin ou Wayne, juste pour Damian. Au fond tu sais peut-être tout ça et c'est sûrement pour ces raisons que t'es encore et toujours là, malgré vos différences, malgré le taudis dans lequel il vit. Alors oui, tu l'écoutes, t'es pas forcément d'accord avec tout ce qu'il dit, t'aurait peut-être tendance à trouver ça stupide aussi mais tu sais qu'il a cette vision des choses, un peu trop naïve et idéaliste bien loin de ta noirceur.

« It bothers me because...»

Tes sourcils se froncent un instant, t'as pas réfléchis à pourquoi t'es autant frustré par la tournure de ton manga, généralement quand tes émotions se mêlent à ta raison t'essaies simplement de les balayer, de les oublier, pas de réfléchir dessus, alors t'as besoin de quelques secondes pour y penser.

« I just didn't plan that. And I don't know, I don't think I'm worried about Hana, not totally, she'll bounce back, even if her feelings are violated, most artists are tortured I get that, how can you express and make things feel if you haven't lived or experienced anything by yourself. I get it. But Ren. Ren has spent his life training to become the best painter in the world, he follows what he was taught, what his parents passed on to him, he has risen to the top of the class through rigor, technique, training as expected of him so... What if he turns his back on all that because Hana thinks he should paint with his heart, and if he's bad at that, why take the risk of sacrificing everything and losing everything. And what if Hana turns her back on him, if she finds another boy who understands her better than he does, who is like her, she will still be able to paint because she will be inspired by what she feels, all emotions good and bad, but Ren. He will just see it as a failure, a waste of time, he will try to understand why, what he did wrong because he was not taught that.»

T'es toujours frustré, évidemment que tu fais le parallèle avec toi, inconsciemment, alors tu détestes voir les choses échapper à ton contrôle ou à celui de Ren. T'as l'impression que tout serait plus simple pour lui si il avait simplement continuer sa progression, remporté ses concours, s'était hissé au sommet de sa classe, mais tu vois également comment il change avec Hana au fil des pages, comment il semble sourire un peu plus et comment la pression semble peu à peu prendre moins d'importance dans son quotidien. Il a l'air de vivre, enfin, simplement.

C'est la première fois que tu parles autant, d'un sujet banal en tout cas, et quelque part t'es heureux de pouvoir le faire, de partager quelque chose que tu aimes avec quelqu'un qui semble vraiment s'y intéresser, ça n'arrive presque jamais, parce que tu n'aurais pas partagé ça avec n'importe qui, pas avec tes frères et sœurs déjà, pas non plus avec tes parents, t'en parle avec tes seuls amis, tes animaux, mais même si ils t'écoute tu sais que le débat ne sera jamais là. Alors ça éveille quelque chose dans ton cœur, t'as ce sentiment qui grandit qui semble remuer ton estomac mais pas de façon désagréable, t'as presque envie de sourire, parce qu'en cet instant, t'es un peu comme Ren avec Hana, tu vis pleinement, tu penses pas aux conséquences, t'oublies que viendra prochainement le retour de bâton.

Appuyé contre le plan de travail, tu prends une autre bouché du gâteau avant d'hocher la tête en désignant le nerd de ta cuillère.

«Mhmh it's correct. And I already know that you brush your teeth properly but the quality of your sleep leaves something to be desired. »

Comme tout bon détective ou assassin t'es bon observateur et il y a des choses qui sautent aux yeux concernant Oscar. Sa question t'interompt dans ta dégustation et tu garde la cuillère en bouge un instant avant de la reposer dans l'assiette. Balto approche, remuant la queue et tu lèves l'assiette au dessus de ta tête, tournant un peu avec lui pour l'empêcher d'atteindre le gâteau. Finalement tu reposes le tout plus loin sur le comptoir et hausse vaguement une épaule.

« It's simple. I guess. It's not about fighting, empires, murder, it's just teenagers, normal teenagers, living and growing, going to school, meeting people and evolving.»

Tout ce que tu n'auras jamais la chance de connaître. T'es pas certain d'être jaloux ou non, sur de nombreux points ces choses te semblent futiles, insignifiantes mais tu ressens parfois ce vide au fond de toi, celui que t'arrives pas à combler quand tu vois des enfants jouer au parc avec leurs parents, partager un repas ou juste un moment, ou quand tu croises les jeunes de ton âge, toujours en bande, vivre comme si rien n'était important.

« Anyway ! We'll talk about it when you'll have read the manga, in the meantime I count on you to get the sequel... Even if you refuse to pressure Otomo to change the course of the story.»

Tu pinces les lèvres et te tait une seconde comme pour lui laisser le temps de réfléchir une dernière fois, mais t'as laissé tombé cette idée, c'était peut-être un peu excessif certes, t'avoueras pas que c'est lui qui t'as fais changer d'avis, t'as accepté le compromis, lui et celui qu'il t'as fait involontairement, vouloir lire également ça et partager une de tes passions. T'éclipses aussi le sujet, parce que t'as l'impression de te dévoiler, d'être vulnérable ainsi, comme si ça allait ternir l'image du guerrier que tu dois être.

« By the way you shouldn't accept Ryan's invasion, this guy is a jerk, and he doesn't respect you so don't waste your time trying to sympathize with him it won't do you any good. And you're the only one who's harassing me, if Father or Pennyworth get requests for me I don't know about it.»

Petit clin d'œil habile pour lui faire comprendre que tu as entendu ce qu'il disait plus tôt, quand tu étais encore à sa fenêtre, et tu t'approches à nouveau du bureau, jete un œil à l'écran avant de faire un nouveau tour dans l'appartement, t'arrêtant devant son étagère pour toucher à ses bibelots.

« And I don't blame you for what happened. You were stupid to want to operate alone and in this way I already told you, for the rest, I made my own decisions so you have nothing to do with it, if I wanted to look away and leave you I would have done so. »

Mais tu n'as pas pu et quelque part c'est sûrement la preuve la plus évidente que tu tiens à lui, vraiment à lui. T'es loin d'être parfait en ce qui concerne les relations, t'es mordant, arrogant, probablement blessant, tu le laisse en "vu" la majeur partie du temps, mais tu montres ton affection autrement, juste en prenant le temps de venir ici de temps en temps, en parlant calmement, en partageant ce qui te tiens à cœur, les fois où tu réponds à ses textos malgré tout, mais surtout après ce qui s'est passé cette fameuse nuit, ce que t'as ressenti et comment t'as réagit. C'est sûrement compliqué à comprendre ou à voir pour les gens qui n'arrivent pas à te lire, qui ne te connaissent pas, mais les autres pourraient aisément dire qu'Oscar McNee s'est frayé un chemin vers ton cœur.