[terminé] wicked child ((damioz))

I am the Devil's son and I wish I could be good
I walk a crooked mile
And I wish I could be good
I wish I could be good  

Tu avais longuement hésité, dans les soubresauts des nuits silencieuses. Qu'avais-tu fait de mal ? Quels mots avaient été de trop, phrasés trop brutaux, trop amers, trop innocents ? Quelles limites avais-tu franchies, pour que Damian disparaisse ainsi de ta vie ? Le choc avait été brutal, tu avais été saisi d'une émotion éperdue. Et l'absence aussi soudaine avait fait naître en toi une tristesse grandissante. Tu avais laissé un peu de temps, tentative après tentative, pour le laisser revenir à toi. Mais Damian avait disparu dans les ombres, te laissant seul et désorienté. Ta patience avait été mise à rude épreuve. Tu avais continué de t'entraîner avec Arthur, tu t'étais beaucoup défoulé aux cours de boxe. Tu avais mis les mots sur tes émotions - Jason avait été le réceptacle de tes aveux, non sans que tu aies découvert une facette de lui qui te faisait l'aimer davantage. Ses fêlures, révélées à moitié, t'avaient permises de mieux le comprendre. Et tes propres révélations s'étaient teintées de résolution. Mais, alors que tu étais bien déterminé à avouer tes sentiments au jeune homme, tes ébauches d'invitations avaient été refusées. Non par un non catégorique, mais par le silence glaçant d'un Damian Wayne vous a bloqué.

Alors, incapable de laisser passer une telle incompréhension, tu avais décidé d'agir. Pirater les systèmes informatiques de la ville n'avait pas été très compliqué. Les caméras de surveillance tournaient à plein régime, dans la dictature du Big Batman. Tu avais rapidement appréhendé où Damian serait ce soir : avec ses Bats, à Midtown. Tu avais enfilé un sweat chaud, des chaussures de course, et tu t'étais dépêché. Tu voulais être là et le confronter. Tu voulais comprendre pourquoi il t'avais rejeté comme un élément divertissant qui ne l'amusait plus. Etait-ce ce que tu avais été ? Un jouet, l'espace d'une seconde, dans sa vie princière, puis quand tu l'avais ennuyé plus que diverti, il t'avait effacé d'un geste négligent ? Non, tu ne voulais pas y croire. Pas après tout ce que vous aviez vécu. Il t'avait sauvé. Il t'avait souri. Il t'avait promis une glace. Tant de pensées enfantines qui se raccrochent à ce qui était, pour ne pas craindre ce qui serait. Tu ne voulais pas penser à ce qui pouvait être réel ; si tout cela était vrai, ton coeur se briserait. Parce que tu l'aimais. Son absence durant ces semaines avait été un élément important, parce qu'il t'avait énormément manqué. Tu ne savais pas que quelqu'un pouvait manquer à ce point. T'avait-il sauvé pour ne laisser de toi que la ruine d'un coeur dont il avait l'emprise ?
Une idée te glaça de l'intérieur.
Et s'il avait compris ?
Et s'il avait compris et qu'il te détestait pour cela ?
L'imagination qui déborde, au chant des étoiles.
Tu es amoureux de moi ? Mais quelle horreur. Tu n'étais déjà pas mon ami, je te l'ai répété, tu m'as été utile, mais maintenant tu m'ennuies.
Caboche qui s'enflamme des pires traits que tu ne prêtes même pas au jeune homme ; confiance déchiquetée aux quatre vents, pour toi qui t'étais amouraché du Robin de Gotham. Qu'avais-tu cru ? Qu'il pouvait t'aimer, toi, simple humain ? Tu n'étais rien. Juste une entité de plus, dans la masse, juste bonne à le détourner de ses devoirs, à lui tenir tête jusqu'à ce que ton tempérament joueur, jusqu'à ce que la vérité de tes sentiments ne l'écoeurent.

Tu restes caché mais pas longtemps. La mission est finie aussi vite qu'elle n'a débuté. Les Bats ne font pas de quartier. Tu vois l'ombre du ManBat régner comme une forteresse cruelle. Damian, dernier à partir, crevant l'obscurité de son profil familier. Tu n'hésites pas. Tu sors de ta cachette. Avait-il deviné que tu étais là ? Mais est-ce que cela importe ?

« Why are you avoiding me ? » T'as dis ça tout bas. Parce que les mots te crèvent le coeur. Les prononcer rend son silence plus réel. Son rejet plus proche. « Is that something I said ? What did I do ? I'm sorry if that's the case. I - I beg your pardon. » Tu sais que tu prends une position de faible, mais tu ne veux pas qu'il soit fâché contre toi. Peut-être as-tu été trop loin. Peut-être as-tu été trop enthousiaste, trop étrange, trop têtu. Peut-être as-tu été trop amoureux. Tu ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais tu as envie de revenir à avant. Avant qu'il ne soit distant, muet, avant qu'il ne s'éloigne. Il te manque si fort ! C'est comme si on t'avait enlevé un bout de toi que ton cerveau ne cessait d'appeller ; litanie jour et nuit, et t'es incapable de te concentrer totalement, toujours son manque, en tâche de fond, et tu es distrait, stupidement distrait. « Are you okay, at least ? » Inquiétude sincère, qui s'enrobe de la douceur aimante. Les yeux que tu poses sur lui sont d'une clémence sans limite. Tu souris enfin, prêt à croire que tout cela n'est qu'un malentendu. Ca te remuer, de le voir à nouveau, après tout ce temps ; t'as ce stupide petit rire, t'es convaincu que tout va aller mieux. T'as toujours été positif. Les lendemains radieux et les petits oiseaux qui chantent - mais Robin est chauve-souris autant que rapace. Tu stoppes ton geste naturel d'aller vers lui. Quelques mètres à franchir, et tu le serrerais contre toi, là où est sa place, contre ce coeur qui lui appartient. Mais ce sont des kilomètres d'une mer de tempête, d'un orage que tu devines en lui, sa fureur que tu as l'impression de lire, et le bouleversement crispe tes traits. Tu sais que la suite va faire mal.
Tu n'as pas idée.

wicked child

Now all the birds have fled, the hurt just leaves me scared
Losing everything I’ve ever knownIt’s all become too much, maybe I’m not built for love
If I knew that I could reach you, I would go  

Tes doigts pianotent rapidement sur l'écran holographique diffusé depuis ton avant bras, quelques commandes rapides afin d'effectuer le bref rapport de mission, l'envoyer dans la base de donnée de ton père, confirmant que tout s'était déroulé comme prévu, aucune bavure, aucun faux pas, parfait, comme ça devait toujours l'être.
Père sera fier,
tu veux y croire aussi fort que possible, tu te répète cette prière, cet espoir à chaque fois que ta lame s'abat, quand tu prends de nouvelles vies plongeant la tienne toujours plus loin dans les abysses.
Il sera fier,
parce que tu fais ce qu'on attend de toi, il pourra t'appeler son fils, te laisser siéger à ses côtés, t'accorder enfin un regard, un mot. Tu dois y croire parce que sinon à quoi bon. T'as jamais appris à agir pour toi, sans intérêt dérobé, sans pensées conditionnées parce que t'as toujours fait ce qu'on attend de toi hm ? Tu devais rendre maman fière, suivre les traces de ton grand-père, t'avais un nom à honorer, un avenir à tracer et t'as toujours vécu dans ce but, clamer au monde ta supériorité mais avant tout nourrir cette dépendance qui t'oblige à être admiré.
T'as besoin de savoir qu'ils sont fiers de toi, que t'es tout ce dont ils pouvaient rêver, tu vis à travers leurs attentes démesurées, ne connaît l'amour et l'affection que lors des félicitations formelles après un travail correctement effectué, tu dois entendre à quel point tu es bon dans ce que tu fais, que toutes ses années de souffrance, cette solitude dans laquelle on t'as enfermée était nécessaire pour qu'aujourd'hui tu sois enfin félicité.

T'as pas idée d'à quel point ton esprit est détraqué, évidemment tu l'as déjà entendu, dans les murmures de certains de tes "frères", les craintes partagées entre Père et Pennyworth à ton arrivée, tu n'y prêtait que peu d'attention, certain qu'il te suffisait de les surpasser, de leur prouver combien tu étais meilleur, supérieur. Mais les mots eux ce sont logés dans un coin reculé de tes pensées et n'ont fait qu'alimenter un peu plus la brèche qui déchire ton esprit.

Être sur le terrain est naturel, presque reposant, tu agis instinctivement, fait ce pour quoi on t'as créé, le parfait petit soldat, le héros, l'arme, l'assassin, des étiquettes que tu confonds encore bien trop avec la réalité, des masques que tu peux porter sans penser, et c'est sûrement ce dont t'as le plus besoin, effacer toute émotion, tout sentiment, revenir à ce que mère t'as appris, mais tout est différent à présent et t'as l'impression que ça va te rendre taré.

Le message est envoyé et tu sens un poids te quitter, comme si ça pouvait tout arranger,
comme si tu pouvais être le fils parfait.
Tu ne l'as jamais été. Pas à ses yeux, mais t'es incapable de comprendre pourquoi, de comprendre ce qu'eux on de plus que toi, ce qui avait, par le passé, poussé l'homme dont tu portes le nom et les traits à se comporter comme un père avec eux quand tu ne seras jamais rien d'autre qu'un étranger.

Ta lame est dégainée avant même que la silhouette puisse approcher, avertissement silencieux tandis que tu lui tourne toujours le dos. T'as pas besoin de le voir pour savoir qui brave l'obscurité pour se tenir à tes côtés. T'avais eu le stupide espoir qu'il abandonne, reste caché dans les ombres et disparaisse comme tu l'avais si bien fait avec lui, t'aurais du savoir qu'avec lui les choses n'étaient jamais aussi simples et cela depuis votre première rencontre.

Sa voix résonne pour la première fois depuis ce qui te semble être une éternité et ta poigne autant que ta mâchoire se serre à ses mots. Tu sens bouillonner cette colère familière, celle qui t'as animé durant toute ces années, une haine profondément ancrée, née et entretenue par ton passé mais toujours dirigée envers ceux qui se trouvent à tes côtés et cette nuit c'est lui qui en fera les frais.

La lame glisse dans son fourreau lorsque tu fais volte-face pour le confronter, tes mouvements brusques, saccadés, comme un animal prêt à attaquer alors que tu t'avances dans sa direction et t'as envie de lui coller ton poing en plein visage pour lui faire ravaler ce stupide sourire.

« Are you asking for my forgiveness? You ask for my forgiveness but you don't know what you have done?! »

Qu'a-t-il fait justement à part te traiter avec toute la douceur qu'on aurait du t'apporter, t'admirer pour qui tu es, vouloir se frayer un chemin dans ta vie, dans tes pensées, dans ton cœur. Et ça te fout la rage, parce que c'est exactement a cause de ça, tu t'es perdu, tu t'es éloigné de ton devoir, de ta cause, par sa faute, tout est de sa faute et voilà qu'il a l'audace de repointer le bout de son nez. De te supplier.

« Look at you, you are pathetic. You come here, looking for forgiveness without knowing why. Meaningless words, but it's so easy for you hm? »

T'as jamais cru à ces mots, t'as jamais appris à les dire non plus, mais tu sais combien ils sonnent faux, comme si une simple formule pouvait tout effacer. Les excuses sont vaines, elles ne sont que la preuve d'une faiblesse non dissimulée, l'espoir que tout pourrait être oublié et tu sais bien que c'est impossible, qu'un pardon ne résoudra jamais rien, tu n'as que trop bien appris cette leçon.

« What do you want, McNee? Even you are smart enough to understand the distance.  Or maybe I need to be more clear? Come to test your suicidal impulses again? See if I'll dare to get you out of my way like the other nuisances? A word of advice: don't play this game.»

C'est la première fois que ton venin se retourne contre toi, tu peux presque sentir l'amertume sur ta langue en déversant cette colère calme, ta voix n'a plus rien de celle que vous utilisiez entre vous, t'es épuisé, presque éteint derrière cette rage sourde parce que t'as l'impression de te perdre à nouveau en observant la l'expression sur son visage, la tristesse dans ses yeux. Tu refuses de ressentir quoi que ce soit, autre chose que ta haine, pas encore. Parce que c'est de sa faute, c'est de leur faute à tous, eux et cette maudire ville.

« Now get out of my way before I do it myself.»

T'as besoin de l'éloigner, tu ne peux plus faillir, t'as besoin de te retrouver, de savoir qui tu es, parce que t'as l'impression d'avoir oublié depuis que ta mère t'as laissé et si t'es certain d'une chose c'est que McNee est celui qui a tout chamboulé.

I am the Devil's son and I wish I could be good
I walk a crooked mile
And I wish I could be good
I wish I could be good  

Des jours et des jours. Une éternité, dans cette absence en pointillés. Tu avais espéré qu'il soit heureux de te voir. Qu'il ait encore besoin de toi, comme cette dernière fois où il t'avait réclamé quelque chose pour lui, quand il était apparu comme à son habitude à ta fenêtre. Elle paraissait bien vide, depuis, dénudée de son occupant principal, un rouge-gorge arrogant dont tu appréciais pourtant la mélodie du chant. Lorsque tu le vois glisser la lame dans son écrin, tu as la stupide question suivante dans ton crâne : a t-il fait ce geste pour te protéger de cette arme, ou te fait-il savoir ostensiblement qu'il aurait pu te blesser ?
Car tu ne vois aucune douceur, aucune compréhension chez lui. Il est pareil au mur de briques que tu as rencontré, la première fois ; non, même pas. Même ce soir-là, il avait délaissé les ténèbres que tu vois ce soir pour s'occuper de Jar-Jar. L'anxiété monte par vague comme une marée acide, qui barbote contre ton palpitant affolé. Ses propos, froids, cinglants, ajoutent à ta perplexité, à ton incompréhension. Mais Damian n'a jamais été très doué pour s'exprimer. Non pas qu'il ne dispose pas du talent d'orateur, mais s'abaisser à discuter avec le commun des mortels ... Tu fronces les sourcils devant la dureté de ses paroles injustes. Si la tristesse te faisait vaciller, jusqu'ici, origine du manque, de la nostalgie, de ton abattement, une étincelle de colère y surgit comme une flamme dans les ténèbres.

« Why are you saying all this ? What's wrong ? »

Tu essayes de faire la part des choses, de lui donner une excuse - peut-être que la mission de ce soir était complexe, fatiguante. Mais même ton esprit doux et lumineux ne peut pardonner ces jours d'absence, de long silence, de rejet sans explications. A ton tour, tu serres les poings, écho d'une juste fureur. Mais Damian n'en a pas fini. S'il a rangé sa lame, sa langue est une autre forme de torture aux paroles cruelles. Mais tu sens la vérité : Damian serait réellement capable d'en venir aux mains, et tu ne comprends pas, tu ne comprends tellement pas que ta colère prend le pas sur tout. Parce que le poison, le fiel dans sa voix, tu n'y es plus habitué. Que tu n'aurais jamais cru qu'il puisse te blesser, volontairement, qu'il veuille te rejeter ainsi.

« You see me as a nuisance, then ? Which one can reject with a gesture, like an insect ? Has the prince of gotham finished playing his life-size chess games, and he's decided to go back to being the usual arrogant boy ? »

Tu lui jettes un regard noir avant de soupirer ; tu prends les rênes de ta fureur. Parce que tu l'aimes et qu'il ne mérite pas que tu rejettes sur lui tes doutes et tes angoisses. Il a le droit de refuser de te voir. Mais son comportement ... Comment ose t-il te dire tout ça ? Comme si tu n'avais jamais eu d'importance à ses yeux ?
Peut-être que c'est le cas.

« So, is that all ? Are you throwing away all those times that we spent ? Why ? Because it's more convenient for you ? What happened, Damian ? Help me to understand, help me to understand you ! I do not want to lose you. You ... »

Et à nouveau, les pensées terrifiantes. Il a compris. Il a tout compris, et il ne sait comment agir avec toi parce qu'il est dégoûté. Nuisance. Tu es une nuisance, une vermine à ses yeux, et tu recules d'un pas, choqué par ce qui se trame en toi, par les inquiétudes et les craintes d'enfant qui te viennent.

« Did you ... You .... okay, I wasn't subtle enough, you must have understood, but I'm sorry, it won't impact anything, I promise ... I don't didn't want to upset you. It's... You have no right to reject me like that. You ask what i want ? Take off that mask and tell me to my face why you refuse my ... support. »

Tu as failli dire mon amour. Tu redresses le regard vers lui, brûlant. Les émotions sont un maëlstrom en toi, derrière tes prunelles pâles. Tu resteras là jusqu'à être satisfait. Ou jusqu'à ce que Damian finisse de te piétiner. Tu te fiches soudain des conséquences - il t'a sauvé la vie, mais cela ne veut pas dire que tu doives te soumettre à lui. Par réflexe, un vieux réflexe acquis depuis ce soir là, qui restera longtemps comme une prière, tu frôles du bout des doigts la cicatrice à ton abdomen. Cela te paraît si loin. Qu'est-ce qui a changé, depuis ? Toi. Tu t'es versé dans ton sentiment amoureux, tu as mis les mots, et tu as sans doute fait un geste de trop. Tu fronces le nez, en colère contre le monde entier, contre Damian, contre toi-même. Tu ne laisseras pas passer l'espèce de crise qu'il traverse ; il a toujours respecté le fait que tu mordes, que tu ne t'abaisses pas, et tu ne commenceras pas maintenant.

A cet instant, tu hais ce costume que tu affectionnais, avant. Le voir ainsi, dans sa peau de Robin, te donnes l'illusion d'avoir affaire à un autre. Derrière ce masque, tu ne vois pas ses yeux verts. Tu veux voir l'émotion dans ses yeux, quelle qu'elle soit. Tu ne veux pas de l'illusion du héros. Ce que tu veux c'est Damian, comme toujours. Ni le justicier ni le fils de Bruce Wayne, mais le garçon dont tu es tombé amoureux. Mais tu sens, pressentiment douloureux, que cela ne changera rien. Alors tu serres un peu plus les poings, visage crispé, pour garder cette petite flamme de colère, ferveur de ton caractère doux mais hardi, imprudent, téméraire. Tu as cette peur, au fond, qu'il te blesse. Parce qu'il semble prêt à le faire. Prêt à te rejeter de n'importe quelle façon. Tu sais qu'il ne plaisante pas. Mais toi non plus. S'il veut en venir aux mains, qu'il vienne ; tu n'as aucune chance, mais tu ne courberas pas l'échine devant son venin d'adolescent furieux. Oui, à cet instant, tu détestes Robin et son caractère si instable, versatile.

wicked child

Now all the birds have fled, the hurt just leaves me scared
Losing everything I’ve ever knownIt’s all become too much, maybe I’m not built for love
If I knew that I could reach you, I would go  

L'incompréhension, tu la lis à travers ses yeux clairs, dans le timbre de sa voix, à la façon dont son corps se tient. Tu décèle la lueur d'espoir qui le caractérise, ce stupide espoir qui fait que les gens comme lui continueront de se casser la gueule, seront toujours piétinés par des gens comme toi.

« That's what you are, an insect, you, everyone else. »

Des êtres insignifiants destinés à être écrasés sous tes pieds. C'est de que mère t'as appris, mépriser les faibles, ceux qui pensent pouvoir se dresser sur ta route, ceux qui osent entraver ton glorieux destin. T'aimerais croire si fort en ces mots à cet instant, comme avant, comme lorsque les paroles douces de Talia bercaient ton enfance, quand tout semblait si simple, si évident. Parce que tu n'avais jamais douté, ni de ta mère, ni de ses mots, pas même de toi, tu n'avais jamais remis en question ta lignée, la grandeur qui t'attendait et pourtant à présent tu sentais que les choses commençaient à t'échapper.

« Who do you think you are, McNee? Who do you think you are, talking to me like that? »

Et toi, qui es-tu. Tu n'avais jamais eu à te poser la question parce que les choses étaient si évidentes. L'héritier au trône, le fils du démon, celui qui régnerait sur le monde dans cette nouvelle ère façonnée par ta mère et ton grand-père. Et t'avais découvert cette autre partie de toi, ton père, l'homme dont ta mère t'avait conté les histoires sans jamais te révéler toute la vérité et tu t'étais nourris de ces contes, ceux de cet homme dont tu ignorais tout jusqu'à apprendre enfin la vérité.

Un nouvel avenir s'était offert à toi plus brillant, plus juste, et t'avais caressé l'espoir que les choses seraient différentes, tu deviendrais un héros aux côtés de ton père. Pourtant les choses avaient dérapées et contrairement aux autres qui l'avaient côtoyés par le passé tu n'avais découvert qu'un homme sans pitié, loin du chevalier en armure dépeint par ta mère, bien plus proche de ton éducation et de ces principes qu'on t'avait inculqués.

Ses questions semblent te tirer hors de tes pensées et t'es soulagé d'avoir ton masque pour dissimuler un minimum tes expressions parce que tu fronces les sourcils et bien qu'il ne puisse pas le voir, tu soutiens son regard pour y voir ses craintes, sa douleur. T'en es la cause tu le sais mais t'es bien trop égoïste pour y prêter attention, parce qu'à cause de lui t'as failli à ton devoir.

« Stop talking and acting like you know me. »

T'as les dents serrées, ça te fait presque mal de cracher ces mots, parce que t'as envie de lui huler qu'il ne sait rien de toi, qu'il ignore qui tu es, d'où tu viens, ce que tu as fais. Mais t'as surtout envie d'hurler de le frapper pour oser sous entendre qu'il tient à toi, qu'il refuse de te perdre. T'as jamais compté, pour personne, t'es juste important quand tu es utile alors tu fais tout pour l'être. De quel droit ose t'il dire que tu comptes pour lui, pour quelqu'un qui n'a vu de toi qu'une infime partie, comment ose t'il se tenir face à toi à quand ton propre père refuse même de te regarder.

« What are you talking about. You think you can influence anything? You think you're so important? You're not. You're nobody, McNee, just some clueless kid.»

Tu laisse ce foutu masque, avant tout parce que tu refuses de lui obéir. Aussi parce qu'au fond de toi tu crains de ce que pourrai trahir ton regard. Tu le vois, alerte, attentif à tes gestes, mais tu bouges pas reste face à lui alors qu'il a reculé d'un pas.

« Look at you, clinging to an image, a role you've constructed in your head to get you out of your miserable little life. Because that's what it is hm? Well guess what, I've got better things to do than play your babysitter. I don't care what you thought you knew, what you imagined, you are nothing to me. »

Tu maudits presque ta vilaine bouche pour laisser couler ce genre de choses si facilement, parce que t'essaies tant bien que mal de penser à ton père, à ta mère, de t'accrocher à la seule chose qui compte, mais ça fait mal. Tu sens ce poids dans ta poitrine, cette boule dans ta gorge, t'es prêt à le voir de briser sous tes yeux, à éteindre la lueur qui brillait dans ses yeux lorsqu'il les posaient sur toi. T'es prêt à oublier, effacer ce que tu commençais à devenir à ses côtés, tu sais qu'il le faut, t'as pas le choix, parce qu'à cet instant encore, ton esprit malade ne pense qu'à ton père.

I am the Devil's son and I wish I could be good
I walk a crooked mile
And I wish I could be good
I wish I could be good  

Tu ne le quittes pas des yeux. Comme pour le provoquer, lui montrer que tu ne baisseras pas tes mirettes, écrans échos de l'émotion intense qui vrombit en toi. Tu ne comprends pas, ne capte pas les nuances chez Damian, incapable de voir ce qui le motiverait à agir de la sorte. Tu ne sais rien de son passif, de l'hérédité qu'il porte en fardeau sur ses épaules, du poids de son devoir et de la pression qu'il subit. Toi, tu ne vois qu'un garçon à la colère flamboyante qui semble avoir fini de jouer avec toi. Tu prends une mimique écœurée, blessée, quand il valide ton statut d'infime insecte. Il s'était toujours senti supérieur. En certains domaines, il l'était clairement, tu ne pouvais le nier. Malgré sa petite taille, Damian était un combattant hors pair, mais surtout sa vive intelligence et son sens de l'analyse, entre autres, faisaient de lui quelqu'un d'incroyable.
Mais ce n'était pas uniquement ça que tu aimais chez lui.
Il y avait ces fossettes qui se creusaient quand il souriait largement, les yeux pétillants, amusé comme un enfant.
Il y avait ses rires, mélodieux, rares comme des étoiles filantes, qui résonnaient comme des météores bien-heureux.
Il y avait ces commentaires sarcastiques qui, pourtant, étaient rusés, mutins, malicieux, parce qu'il avait rangé ses crocs quand il te taquinait.
Il y avait ces regards qu'il prenait, parfois, pensivement, qui donnaient à son visage une douceur lointaine, qui te donnaient envie de le serrer contre toi en lui disant que tout irait bien.
Mais ce Damian là avait disparu, pour ne laisser que l'arrogant golden boy dont les médias étaient si friands des frasques.

« I thought I was your friend. But maybe I was wrong, finally, I'm more the mosquito that annoys you, right ? » ironises-tu d'une voix grondante. Tu ne te laisseras pas faire sans combattre. Tu n'abandonneras pas la bataille sans riposter. S'il désire réellement t'éjecter de sa vie, qu'il le fasse. Mais tu ne lui tourneras pas le dos. Pourtant, il marque un point - ce que tu sais de lui se résume à bien peu. Pourtant, ce peu de choses équivaut, à tes yeux, à une vie entière. « I once said that it was true that I didn't know everything about you. What I don't know is surely a big part of your life. But I still think that what I know is enough for me. You don't have to be like others expect you to be. Me, I don't expect anything, just that you are yourself. And too bad if you are biting, that you get angry, that you are violent. I accept that, if it's part of you. But insects have no say, huh ? » Oui, t'es un peu vexé, parce que t'as pas envie d'y croire. Tu ne peux pas être si peu à ses yeux. Parce qu'il est tellement, aux tiens, que la balance serait si peu équitable qu'elle se romprait. Tu inspires longuement, pour calmer les battements affolés de ton coeur confus. Tu bredouilles, tu continues, parce que t'arrêter maintenant, ce serait perdre, ce serait le perdre.
Mais c'est déjà un peu le cas, non ?
Réalise, Oz.
Don't be a fucking baby.

Parce que ses paroles font résonner en toi cette peur. Celle de n'être rien qu'une forme floue, dans la masse de ceux qui orbitent autour de lui, un amusement temporaire avant qu'il ne trouve quelqu'un de mieux, de plus intelligent à sa juste mesure, de plus fort, de plus beau. Quelqu'un qui vaille son temps. Et ça te met hors de toi, de doute comme ça, de te voir rabaissé alors que tu n'avais rien demandé. Dois-tu, en plus de l'aimer, te retrouver à pleurer sur ton sort ? Ses paroles vont vaciller ta flamme et tu as, une seconde, le regard terne, mort, lointain. Blessure fatale, dans l'égo et dans le coeur. Parce que tu ne lis rien d'autre que le dédain, chez lui, alors que tu espères encore à une mauvaise plaisanterie. Tes poings se crispent à t'en blanchir les jointures. La nausée te tord l'estomac.

« I knew you were many things, but a liar ? What a surprise. You have evolved in my life these last months, for what ? Have fun ? Entertain you ? See what it felt like when an ordinary citizen found himself rubbing shoulders with Robin ? I hate it. This costume, this mask, I hate this town and what it's doing to you, again. » Tu as dépassé les limites, mais tu ne veux plus te retenir. « I refuse to believe what I saw was wrong. I am not basing this on rumors, but on what I have seen. And even if you act like a cheeky fucking kid today who just broke his toy, I don't care. Am I nothing to you? Very well. » Et, toute peur disparue, tu avances d'un pas. Qu'il dégaine s'il veut. Un autre pas. Qu'il te menace, qu'il gronde, qu'il tempête. Un autre pas. Ta démarche est lente, volontaire et pleine d'une colère qui flamboie en toi comme un oriflamme. « If what you're saying is true, you're probably the worst arrogant little prick I've ever seen in my life. I don't know what could have happened to cause you to go back on your own path. But the boy I see there does not please me at all. Do you know who you remind me of ? Your father, or Kirk Langstrom. But not their good sides. What they exude. This implacable coldness, as if they were the masters of the world and that they would put it to fire and blood if they were told no... But you know what Damian ? I tell you no. No, no, NO. »
Tu cries le dernier mot.
C'est la première fois que tu élèves le ton à ce point, aussi furieux, sur lui. Et dieu que tu détestes ça, regarder deux lentilles blanches sans pouvoir identifier ses prunelles d'émeraude.

« I am stubborn. So know it : even if you behave like the last of the assholes, it doesn't change anything. We are friends, in my eyes. Say otherwise if you feel like it, ignore me, but I'll be there. For you. Maybe you don't deserve it, I don't know. But I will be there. Because... I care about you. Even when you hurt me, even when you're a dick or don't want me anymore. That's it : friends. » Tu lui coule un regard entre colère et douceur. T'as la gorge sèche d'avoir tant parlé, le coeur sec d'avoir tant éprouvé. « So what ? Are you going to kill me, because it's more convenient than seeing that I'm right ? Are you gonna take back that life you saved ? Are you going to play the role of the condescending little prince until the end ? I am nothing in your eyes. Understood. The future king of Gotham wants to be alone at the top of his gargoyles? The fall will hurt. But I'll be there to heal your wounds, if you remember me. » Tu grinces, et ça fait d'autant plus mal que tu fais référence à ce soir-là, quand il t'a sauvé la vie. Pour ne pas trembler, tu recules d'un pas, avec l'impression d'être ridicule. Les mains serrées contre tes aisselles, bras croisés sur ton poitrail pour avoir l'air moins confus et moins émotif. Il pourrait te tuer, là, maintenant. Mais t'en as plus rien à foutre. T'es prêt à riposter par les mots. Et les poings.

wicked child

Now all the birds have fled, the hurt just leaves me scared
Losing everything I’ve ever knownIt’s all become too much, maybe I’m not built for love
If I knew that I could reach you, I would go  

Tes sourcils se froncent, imperceptibles sous ton masque, trahis uniquement par le plissement de ton front. T'aimerai savoir ce qui a changé en toi, pourquoi de simples mots semblent si éprouvants à présent, et t'as envie de revenir à cette époque où ils ne pouvaient pas t'atteindre parce que personne n'avait réussi à approcher ton cœur, parce que tu étais certain d'être si parfait et parce qu'il te suffisait de réagir avec ta colère caractérise, de faire taire ceux qui osaient te manquer de respect.

Mais Oscar est devant toi et t'as l'impression qu'une vie s'est écoulée depuis la première fois que tu as grimpé à sa fenêtre. Non en fait tu as l'impression qu'elle s'est écoulée depuis que tu as quitté son appartement pour la dernière fois. Mais peu importe ce que tu pourrais lire derrière ses mots à cet instant parce que t'arrives pas à voir à travers eux, t'arrives pas à le lire, t'arrives pas à comprendre, tu te concentres uniquement sur ceux qui te blessent et te heurtent.

Et ton propre esprit s'emballe, tente de faire ressurgir ces souvenirs, depuis votre première rencontre, les mots échangés, les moments partagés, mais ça semble presque faux, irréel, une erreur tu te répètes, parce que la voix de père envahi ton esprit et celle de mère, de ton grand-père. Tu sais que tu les as trahis et t'arrives pas à te le pardonner.

Tes poings se serrent, le kevlar de tes gants couine presque quand tu essaies de maîtriser tes émotions, de rester calme pour cracher ton venin, comme si rien de tout ça ne pouvait t'atteindre, comme si tout t'était égal.

« What do you think?  How can you think for one second you can imagine comparing anything. You don't know anything about me, about my father. You know what you are, a hypocrite, just like all the others, you stand by and watch, fear of getting your hands dirty, you cry over your fate hoping that things will change, and when they do you take offense. Why? For fear of being the one who will eventually slip up and face the consequences of their actions. Or is it just jealousy that you haven't done anything to get to the top. If you're not willing to make sacrifices, don't come crying to me when others do it for you.»

Tu n'avais pas bougé d'un pouce lorsqu'il s'était avancé vers toi, tu avais regardé, te demandant jusqu'où il oserait s'approcher, si il oserait même te toucher mais il avait élevé la voix, criant pour la première fois contre toi.

La distance est comblée parce que tu avances à ton tour pour empoigner son pull de tes deux mains, tu sais très bien que si ça avait été quelqu'un d'autre ton poing aurait trouvé son visage, t'aurais laissé éclater ta violence comme si ça pouvait soulager ton âme, mais tu peux pas te résoudre à lever la main sur lui parce que t'as l'impression que ce serait bien plus douloureux pourtant tes mots acérés font bien plus de dégâts. Tu serres, le force à se pencher légèrement pour que ses prunelles rencontrent le blanc de tes lentilles, tu sais qu'il ne peut rien apercevoir, mais toi tu vois parfaitement, peux déceler chacun de ses changements et peut-être que t'as besoin de le voir, de savoir que tu finiras par le briser lui aussi, le décevoir.

« Because you know what McNee, that's exactly how the world works, the powerful rule and the weak get crushed, you can be thankful that my father chose to protect and defend this city instead of burning it to the ground and if you don't like his methods continue to close your eyes and look the other way like you always have. »

Ta prise se relâche, le repousse un peu brusquement, t'as besoin de calmer les battements de ton cœur, de contrôler ton souffle pour l'empêcher de trembler, gérer tes émotions, les enfermer, les étouffer. Pourtant à cet instant ses mots te blessent, t'atteignent bien plus qu'autrefois, pourtant ce n'est rien de ce que t'as jamais entendu, t'as toujours ressenti ça depuis que t'es là, même parmi ceux qui prétendaient être une famille, t'as toujours cru déceler une certaine tension quand t'étais auprès d'eux, comme si ils restaient sur leur gardes, comme si t'était prêt à devenir fou, t'as appris à passer outre les noms qu'on te donnait, rien que t'aies jamais entendu auparavant, toi la progénitures des démons alors pourquoi cette fois semblait différente.

Un rire amer passe la frontière de tes lèvres et t'es enfin sincère dans tes paroles, tu mords quand t'es blessé, tu mords pour te protéger.

« And you say we are friends? Let me laugh, you think I could kill you just like that, because you stand up to me and raise your voice? And you dare to claim that you saw something else in me? To be different from the others? You're wrong, you're exactly like all of them. »

T'ignores de qui tu parles, parce que ça devrait t'être égal, ce qu'on pense de toi, ce qu'on dit, personne n'est assez important à tes yeux, personne n'a cette emprise sur ton cœur, t'aimerais t'en persuadé, mais si c'était le cas, pourquoi tu prendrais les choses tellement a cœur. Tu sais que tu devrais etre honoré, parce que c'est ce que t'as toujours été, un assassin, tu devrais te delecter du fait qu'on te craigne, pourtant ça n'a pas la même saveur que lorsqu'il s'agit de tes ennemis, c'est tout le contraire.

T'as l'impression que quelque chose se brise, t'es incapable de déceler que c'était probablement de l'espoir, celui d'avoir réellement trouvé quelqu'un pour qui tu étais autre chose que les étiquettes qu'on te colle, t'es trop blessé et borné pour voir que c'est toi qui projette tout ça mais une part de toi pense égoïstement que rien ne l'obligeait à dire tout ça.

« You see me as a psychopathic killer, someone who would take a life out of annoyance, you call me Prince or King as if it were an insult, and yet look at you, you're still here, trying to help me, so what does that make you? A friend, a really stupid person? Or is it that you're just afraid I'll kill you, does it make you feel safe to know that I'm on your side. But don't worry McNee, I won't fall, I have no right, but how could you understand that.»

Et ta confiance en tes mots, ça a toujours été ton plus gros défaut, celui qui te fait trébucher à chaque fois. T'as tourné le visage un instant, la mâchoire crispée, tu sais que tu pourrais partir, mettre fin à cette conversation, mettre fin à tout ça. Mais tu souffres et t'as besoin qu'il souffre avec toi, t'as besoin d'être certain qu'il n'osera plus jamais s'approcher, qu'il n'aura plus l'audace de te faire ressentir autrement que tout ce qu'on t'as appris, qu'il ne laissera plus jamais fleurir l'espoir que sa lumière puisse suffisamment t'atteindre pour éloigner tes ténèbres.

« Do you want the truth? You are preventing me from fulfilling my purpose, my destiny, you are a hindrance to me. And if I'm all these things as you call me, if you're afraid of dying at my hands, why are you so obsessed, it's the thrill of the risk? You need to feel something more exciting because your little life is so dull and sad. What you feel is not friendship.»

T'ignores ce que c'est, mais t'es certain que ce n'est rien de bon, t'es pas sûr de vouloir sa réponse, t'es plus sûr de croire en ses mots, parce que maintenant t'es persuadé de savoir ce qu'il pense de toi et tu te maudit d'attendre malgré tout, comme si ça pouvait changer quoi que ce soit, parce que peut importe l'issue de cette conversation, tu sais très bien comment tout ça finira, tu n'as pas le choix.

I am the Devil's son and I wish I could be good
I walk a crooked mile
And I wish I could be good
I wish I could be good  

Vous avez toujours été foncièrement différents. Deux entités distinctes, aux passifs, aux voies si dissonantes. Tu ne connais aucun élément tangible sur l'enfant, le jeune garçon qu'il a été, mais tu devines sans peine une route pavée de sang, de chair et d'os, d'ordres implacables, d'effluves morbides. Jeune Robin, assassin parfait, ombres parmi les ombres ; il est un tueur-né, et nul besoin de réfléchir plus de quelques secondes pour voir en lui tout ce qui l'a formé, muté, modelé. Pourtant, tu ne peux réfuter avoir vu l'humanité sous-jacente, la douceur incarnée dans son coeur. Parce que Damian Wayne, tout dysfonctionnel soit-il, est profondément humain. Et c'est ces facettes imparfaites, douces et rares, qui t'ont fait tomber. Peut-être essayes-tu de ramener à la surface quelque chose de ce lui-même, du Damian dont tu es tombé amoureux, tout plutôt que l'être face à toi, dur, sérieux, agressif, indifférent. Oui, c'est ce mépris dans sa voix, cet air distant qui te font le plus de mal. Ils te donnent l'impression de n'être qu'un insecte à sa botte. Et ça, tu le refuses. Cette froideur, ce désintérêt - sont-ils feints ? Ils ont pourtant la saveur de la sincérité, dans sa voix, une sincérité amère et méchante dans tes tympans qui résonnent du couinement de ses gants, alors que sa fureur prend forme dans la crispation de ses poings. Tu crains d'avoir été trop loin, de l'amener à se soucier de tes adhérences, de tes fidélités vacillantes, mais il t'es impossible de ne pas continuer sur la voie que tu as choisie, toi, ce soir. La confrontation.

« What » murmures-tu, quand il t'accroches l'étiquette d'hypocrite ; ta fureur se lit dans tes yeux, scintillante d'incompréhension. Mais tu n'as pas le droit de t'outrer ; tu voudrais jurer que tu n'as jamais menti, mais c'est faux, et il a raison, tu es une mascarade à toi tout seul, Oscar. Tu secoues la tête, sidéré. « You're wrong. Completely and totally. There is no jealousy. Nor is it fear that drives me. I don't think I'm afraid to face my actions, but maybe I'm wrong. On the other hand, it is not me who is afraid to face my feelings or my emotions. You talk about sacrifice, and you're willing to sacrifice your evolution, which ... What was between us, this ... friendship, for... what ? Your duty ? You could act without putting an end to all this. But ... I don't know what made you change your mind and you won't tell me. However, you alone decide what happens next. You push me away, I had to come see you, because I only had an indifferent silence, but I deserve better. » Tu secoues encore la tête, tes cheveux retombant sur ton front. Il n'y a pas si longtemps, ce visage, ton visage, était brûlant des coups des criminels dont il t'a sauvé. Tes doigts se sont remis, ton corps également, tu as eu le temps de te soigner. Il n'y a plus aucune trace, hormis cette cicatrice sur ton abdomen, celle qu'il a créer dans ta chair en refermant la plaie. Tu la porteras à jamais comme le symbole de son sauvetage.

Tu cries, chose rare dans votre situation. Tu n'as jamais crié jusqu'ici sur lui, parce que si tu le fais assez souvent sur tes collègues qui t'agacent, Ryan en tête, Damian n'avait jusque là jamais attisé ta fureur. Et là, en cet instant, tu es si perdu que ta colère flamboie, parce que tu n'as pas à te sentir aussi vide, alors qu'il te repousse comme on écarte un déchet. Tout se ternit, dans ta mémoire, tes souvenirs prennent des teintes venimeuse ; avais-tu imaginé tout cela ? Ton amour est-il bâti sur un mensonge ? Damian tient-il ne serait-ce qu'un peu à toi ? Tu aimerais mettre des mots sur tes sentiments. Mais déjà, ses poings attrapent ton pull, dans une brutalité nouvelle. Si vous aviez parfois bataillé, comme lors de ce combat de nerf, il n'avait jamais osé user de sa force ainsi. Tu réalises qu'il aurait pu te frapper. Qu'il aurait pu te tuer. Mais pourquoi aurait-il prit le temps de te sauver, la dernière fois ? Tout est si confus, si déconcertant, et tu ne bouges pas, parce que tu sens la force de sa poigne, mais ton visage exprime clairement ce que tu penses. Lâche-moi, ne me touche pas, cesse d'être brutal. Mais il t'attire, et l'espace d'une seconde, tu espères autre chose que la violence. Stupide espoir aussitôt foulé aux pieds de sa colère. Il t'amène presque à sa hauteur, et vos yeux se croisent.
Non, les tiens rencontrent les deux lentilles opaques, et tu fronces le nez, le visage crispé. C'est injuste. Déloyal. Il voit ton visage, quand tu ne peux discerner ses yeux. Il a toujours eu une meilleure maîtrise que toi, de lui-même, de ses actes. Ou, plutôt, il sait parfaitement jouer la comédie. Mais jusqu'ici, tu t'étais targué de savoir lire dans ses prunelles. Alors qu'elles te sont invisibles, tu ne vois que l'exaspération chez lui, sur ses traits juvéniles. Mais ses mots font l'effet d'une douche froide, et ton corps se relâche, perd sa combattivité et sa nervosité.
Le sujet est effrayant. Tu es un résistant, et tu viens de critiquer les méthodes de Bruce Wayne. Devant son fils. Son plus fidèle protégé. Son héritier. Tu ne dois pas tenir tant que cela à la vie. Les mots t'ont échappés, futiles, vains, maladroits. Et tu t'en veux. Tu ne réponds rien, les traits creusés, fermés. Tu as peur, peur d'ajouter quoi que ce soit et de le mener à faire bien pire que d’agrandir ton pull et égratigner ton égo. Mais, surtout, ce qui t'effraie c'est cette possibilité - est-ce qu'il le ferait ? Est-ce qu'il te tuerait, vraiment ? Tu recules de quelques pas sous sa poussée abrupte. Tu retrouves ton équilibre, sans le lâcher des yeux.

Tu rougis, quand il relève les incohérences de tes propos et tu reprends pied, dans la réalité, dans ta réalité. « No, I don't think you would kill me. Honestly, surely that would be a waste of your time - you saved me, for what ? Killing me now ? But I want to believe something else. That you don't kill me, because you care about me like I care about you. But maybe I'm no better than the others. Because sometimes you act or do things that scare me or make me think, in the wrong way, about you. Still, most of the time... I saw something, yes. What do I see in you ? Anything other people can't see. You are not perfect. I'm not either. No one is. I'm not able to properly express my thoughts, and right now my emotions speak for me, I'm not consistent but... you're not like the others. Not for me. » Tu inspires doucement, si proche de la vérité, si proche, mais tu retiens les mots, les mots stupides. Mais tu ne sais plus qu'espérer : est-ce qu'il te croira, est-ce qu'il comprendra, même ? La colère et le désespoir serrent le coeur dans ta poitrine.

Vous ne cessez de vous battre, sur ce plan psychologique, et vous vous tourmentez l'un l'autre comme si vous vous délectiez de vos souffrances. Vous êtes juste deux gamins blessés qui essayez de communiquez maladroitement. Vous ne savez même plus les règles de votre propre jeu.

« I'm not stupid because I'm your friend. You do not understand. And me neither. It is a dialogue of the deaf. Wanna know how I see you? Despite what I say, despite what anger may have made me scream... You are my friend. There is good in you. There is also this dark thing. And what drives you, tonight, to ignore me, to push me away, to hurt me. I don't know what happened. But what I see in you is a boy like no other who loves manga, who doesn't know Star Wars, who has a pretty rare laugh and who loves animals a lot. You are the sum of all of that, and so much more, but sometimes you make choices that lead you to be something else. Something like here. Someone tough, implacable. You push me away, but why ? » Tu veux comprendre. Tu ne lâches pas le morceau, tu ne te laisses pas marcher dessus, tu continues de te tenir droit, sincère et fidèle. Et que vous soyez amis ne change pas le fait qu'il te doit des réponses. Cela n'excuse pas son comportement. Tu tiens à lui, cependant, assez pour lui donner l'occasion de s'expliquer, de ne pas stupidement agir sans réfléchir. Mais Damian semble bien disposé à t'écarter de sa vie, à jamais. Tu hoches la tête lentement, parce que tu désires la vérité, oui, tu veux des explications. Tu veux comprendre.

You are a hindrance to me.
You need to feel something more exciting because your little life is so dull and sad.
What you feel is not friendship.

Tu as refermé la bouche, après l'avoir ouverte, éberlué. Tu laisses le silence engluer ses derniers mots comme une toile. Tu te sens vidé, engourdi, frigorifié. Tu mets quelques minutes avant de répondre lentement, d'un timbre étrangement dépouillé d'émotions mais ton visage s'exprime pour toi.

« You have accustomed me to better. Only one good guess. » Tu fais un sourire sans vie, sans humour, malgré la tentative piètre et peu sincère. « You brought me something, yes. Not the thrill of risk, no, but... I can't put a word on that. Every friendship is different, unique. And my life is perfectly full, without you. Maybe your destiny is calling you, yes. Maybe I'm a burden, a pebble in your way. But there are a thousand ways to get anywhere. You could choose to change your route, but you don't. You prefer to push me aside. But I will hang on. However, you are right about one thing, Damian. » Tu combles le vide entre vous, tu t'approches. Plus de peur, plus d'hésitation. Tu t'arrêtes à nouveau devant lui, yeux dans ses lentilles, proximité à nouveau, et tu te fiches de ce qu'il fera. S'il fait quelque chose.
« What i feel is not friendship. » Et cette fois, t'as un nouveau sourire, presque malicieux, avant de hausser les épaules. Il a déjà compris, de toute façon. Il te repousse sûrement en partie pour cela. A nouveau, tu t'éloignes de lui. Tu sens ton corps brûlant, de sous cette tristesse et de cette colère. Tu l'empêches d'atteindre son but ? Eh bien, tu continueras encore. Parce que tu as vu qu'il pouvait être un garçon normal, qu'il aimait ça - en es-tu bien certain ? N'est-ce pas s'accrocher à des rêves futiles ? Tu es perdu, et soudain, t'as les yeux qui s'embuent, alors tu fais semblant de regarder ailleurs, tu renifles et singes de remonter les pans de ton manteau comme si le seul froid était l'instigateur de celui que tu ressens. Est-ce que tout est fini ?

wicked child

Now all the birds have fled, the hurt just leaves me scared
Losing everything I’ve ever knownIt’s all become too much, maybe I’m not built for love
If I knew that I could reach you, I would go  

You are not perfect. Il ignore combien ces mots tournent en boucles dans ton esprits, combien ils effleurent, blessent ton ego démesurés et t'as l'impression qu'ils se répètent encore et encore mêlés aux paroles de ton père, de ton grand-père, de ta mère. T'as envie de lui faire fermer sa stupide bouche, qu'il ravale ses paroles insensées, t'as besoin de lui dire combien il a tord jusqu'à ce qu'il le reconnaisse. Parce que c'est exactement ce pourquoi on t'as crée. La perfection, mère s'est assurée de modifier ta génétique, d'interférer dans le processus naturel de ta naissance pour faire de toi la perfection, on t'as crée, façonné dans ce but et tu n'as jamais pu aspirer à moins. Ton corps porte encore aujourd'hui les marques de tes échecs, ses fois où tu venais à faillir mais tu as appris, tu t'es dépassé encore et encore et c'est pourquoi tu t'entraînes toujours, pourquoi tu as simplement écarté toute possibilité d'accéder à une vie normale. Si tu n'es pas parfait que te reste-t-il ? T'es pas prêt à le découvrir, à l'accepter, à vivre avec, t'as besoin d'être ce qu'on attend de toi. Ce qu'on a toujours attendu, un schéma rassurant, un schéma que tu connais.

T'as du mal a accepter la suite, parce que t'as l'impression d'avoir une tonne de sentiments qui rampent sous ta peau et t'ignores quoi en faire tout semble plus confus dans ton esprit et t'as juste envie de gueuler, d'élever la voix et de le menacer pour le faire fuir pour qu'il s'éloigne de toi, qu'il cesse de polluer ton esprit ou ce que tu ressens. Tu secoues négativement la tête à ses dires, pourquoi verrait il autre chose que du bon en toi ? Tu n'es pas le méchant, tu es un héros, tu fais ce qui doit être fait, tu aides cette foutue ville, ton père... Pas vrai ? Mais les ténèbres en toi, celles dont il effleure à peine la surface, t'ignore où il veut en venir avec ça et il continue, parle des choses que tu ne montre à personne, le peu d'intimité que tu possèdes, ces choses dont tu as fais tiennes, sans l'influence de ton père ou ta mère, juste toi, et tu comprends que t'as été trop imprudent avec lui, que tu t'es rendu vulnérable en lui accordant ces facettes de toi et à cet instant ça te rend presque malade parce que tu sais comment ils pourraient les utiliser contre toi. T'as pas le droit d'aimer, de t'attacher, d'éprouver du bonheur ou de l'affection, toutes ces émotions qui ne feraient que te rendre faible, donner à tes adversaires un pouvoir plus grand contre toi. Tu pensais avoir retenu la leçon lorsque grand-père t'avais obligé à tuer le premier animal recueilli à Nanda Parbat, quand tu commençais à devenir trop proche de certains des serviteurs et qu'ils finissaient par disparaîtres. Alors tu te sens stupide d'avoir donné ce pouvoir à Oscar.

T'as pas cessé de l'écouter, t'as juste l'impression que ses mots te traversent sans que t'arrives à en saisir le sens, parce que c'est le chaos dans ta tête mais tu fronces les sourcils quand il s'approche, tu bouges pas d'un centimètre, le laisse combler la distance. Tu lèves le visage vers le siens, ton corps à agis de lui même, tes muscles fléchis, prêt à riposter parce que t'as toujours agis comme un animal sauvage lorsqu'on entre dans ton espace personnel, une vie sans gestes doux t'as appris à te tenir prêt, mais rien, tu te concentre juste sur son expression, essaie de lire sur son visage comme tu le fais si bien habituellement. T'arrives pas à comprendre cette fois, le poids qui se cache derrière ces mots, les secrets dissimulés, t'as les sourcils froncés mais tu réponds quand même, même quand t'as rien compris, pas le plus important en tout cas.

« At least one thing we agree on. Don't get in my way again McNee. »

Il s'éloigne et tu te détourne, t'ingnore pourquoi ça semble si dur, t'as l'impression que ton corps est plus lourd à traîner, t'as l'impression d'être malade parce que tu sens ta gorge se nouer autant que ton estomac, mais tu sors quand même ton grappin, prêt à disparaître dans la nuit, pour de bon cette fois mais t'entends ce renflement, ce soupir discret, tremblant, et tu oses jeter un regard derrière toi, le visage à peine tourné par dessus ton épaule.

«It seems easy for you. Change your path, take a different road. You... You don't understand.»

I can't. T'aimerai lui expliquer, pour la première fois de ta vie t'as envie de le faire comprendre à quelqu'un, t'as envie qu'il comprenne que t'as un avenir déjà tout tracé, un devoir à accomplir, que tu foules cette terre uniquement dans ce but, que tu n'est là que pour ça. Mais t'es conscient que ces mots ne franchiront jamais tes lèvres. Tu tournes à nouveau la tête vers le ciel, les nuages obscurs qui cachent tout, le moindre éclat de lune, la moindre étoile.

« Make a new path for yourself McNee, go back to your movies, your books and your games... Stop expecting the impossible from people.»

Pourquoi tu lui dit ça, comme si t'attendais qu'il te prouve le contraire, qu'il veuille poursuivre sur ta voie peu importe combien tu le blessera. T'as pas envie d'attendre une réponse, tu sais que ça serait d'autant plus dur, alors tu presses la détente du grappin, laisse la traction t'emporter avec rapidité, et t'as l'impression de pouvoir respirer quand tes pieds touchent le toit du bâtiment, comme si tu pouvais enfin craquer. Tu le feras pas, mais ça ne t'empêche pas de jeter un dernier regard en contrebas. Tu t'autorise à y penser une dernière fois, avant de rentrer, avant de rédiger ton rapport, de retourner à la seule vie que tu connais.