[TERMINÉ] Fly little bird, fly. || ft. Jay

Redhood & Robin

Fly little bird, fly.

Souffle haletant, respiration saccadée que tu tentes de contrôler tout comme la douleur qui semble se réveiller. C'est loin d'être insupportable, pas la pire chose que tu aies connue, mais ton corps fatigue, tes mouvements deviennent plus fébrile, la perte de sang est en grande partie responsable, tu le sens s'accumuler, s'échapper de la plaie pour glisser le long de ton dos. Poisseux, collant, quand la cape de ton costume vient s'accrocher à ta chair exposée à chaque mouvement.

Têtu, fier, tu refuses simplement de rentrer, de laisse apparaître la moindre vulnérabilité, Pennyworth n'est pas le problème mais comme toujours il viendrait s'assurer que la patrouille se soit bien déroulée, ramasserait le costume pour y retirer le sang séché et tu sais qu'il remarquerait, qu'il se sentirait obligé de jouer au parfait petit valet pour prendre soin de toi et panser tes plaies. Père ne doit pas savoir, et tu refuses de tester la loyauté de son plus vieil associé, t'as pas besoin d'aide, t'as besoin de lui prouver que tu peux te débrouiller, gérer les chauves-souris et effectuer les missions qui te sont confiées sans te blesser. Vielles habitudes dont t'as du mal à te débarrasser, le besoin d'être parfait, d'exceller, autrefois pour maman, à présent pour papa, en quête silencieuse de leur approbation, de la fierté que recherche chaque enfant dans les yeux de leurs parents. Évidemment tu ne l'avoueras jamais, pas même à toi, persuadé que tu mènes ces combats uniquement pour toi, pour satisfaire ton ego surdimensionné et prouver ta supériorité, la vérité petit oiseau c'est que t'as jamais cessé d'essayer de leur prouver à eux, d'attendre cette satisfaction dans leurs yeux.

Réception parfaite lorsque tu quittes les hauteurs de Gotham, grimace qui déforme tes traits quand ton corps te rappelle que t'es blessé, bien loin d'être invincible comme tu aimerais. La vielle clochette résonne quand tu pousses la porte de la supérette abandonnée vieille bâtisse autrefois pillée et toujours pas remplacée. Première inspection rapide, comptant bien plus sur ton ouïe entraînée que sur le peu de vision que tu aies, et après t'être assuré que la zone soit dégagée, tu pousses un soupir, défait la cape pour l'abandonner sur le comptoir avec tes Katanas.

Tu parcours les allées, étagères déjà vides qui menacent à présent de s'effondrer, et après avoir cherché pendant quelques minutes, tu parviens à trouver une bouteille d'alcool bon marché. Un coup de pied pour forcer la porte de l'arrière-boutique, trouver les toilettes des employés, t'essaies même pas d'allumer la lumière, habitué à l'obscurité, tu te contentes de te contorsionner, regarder la plaie qui traverse ton omoplate gauche, rassuré de voir que ce n'est pas si profond, que t'as eu le temps d'éviter la machette avant qu'elle ne touche muscles et tendons. La brûlure de l'alcool t'arrache un gémissement frustré, t'apprécie pas non plus l'odeur ni le liquide que tu sens couler et se mélanger au sang, mais t'as besoin de désinfecter et surtout de refermer cette foutue plaie.

De retour dans la boutique tu poses la bouteille sur le comptoir, installes le miroir usé que tu viens de décrocher de l'autre côté, t'essaies de trouver l'angle parfait, grimpe sur le meuble pour t'installer en tailleurs, tente d'avoir une vue d'ensemble pour commencer les soins. Après avoir déchiré un peu plus le tissu du costume pour exposer la plaie, prépare ce dont t'as besoin, du fil de suture, une aiguille, le minimum que t'aies dans ta ceinture utilitaire. 

Respiration contrôlée, geste précis quand l'aiguille traverse ta peau une première fois, t'es conscient que plus tu remonteras, moins t'arriveras à faire un travail soigné, ça t'es égal, tant que tu peux te débrouiller. 

L'ouïe t'avertit avant les yeux, t'es plus seul et tu te demandes juste quel enfoiré a décidé de crever ce soir, mais t'aperçois une ombre familière dans le reflet du miroir, grinces presque des dents quand tu reprends ton Katana pour le pointer dans sa direction sans lui accorder un regard, les yeux toujours concentré sur la coupure. 

«Move and I'll kill you.» 

Menaces proférées de bien trop nombreuses fois à l'encontre de ton aîné, même toi t'es pas certain de savoir si c'est vrai, t'as l'habitude de te jeter sur eux, de te battre en sachant qu'ils pourront répliquer. 

«Are you lost ? You must really be desperate to scavenge Gotham's garbage for food. Like a rat.»

Redhood & Robin

Fly little bird, fly.

Tu sais que t'es dépassé les bornes quand l'éclat du verre brisé retentit, t'as pas besoin de tourner la tête pour savoir de quoi il s'agit. Jason, bien qu'ayant acquis une meilleure maîtrise de ses émotions au fils des années, est comme toi, violent lorsqu'il ne parvient plus à gérer. Parfois c'est la seule forme de libération que vous connaissez, alors tu ne peux que comprendre et plisser les lèvres en détournant le regard, incapable de t'excuser bien que le fait que tu fermes ta grande bouche pour l'écouter soit déjà une preuve du chemin parcouru entre vous.

T'as ses mots qui passent en boucle dans ta tête, ceux concernant votre frère aîné, concernant ton père, et t'essaies au plus profond de toi de comprendre, de trouver des réponses qui te conviennent, des réponses logique à tes yeux tandis que Jason s'approche à nouveau et ton regard coule l'espace d'une seconde que le sang qui descend en longs filets le long de son poing.

T'as jamais vu les choses sous cet angle, pas pour Dick, ni pour ton père, t'as jamais été sûr de compter pour l'un de tes frères et sœurs, parce que t'es celui qui est arrivé pour les défier, parce que tu leur a jamais laissé une chance de pouvoir se faire une place à tes côtés, toi tu les as jamais considéré comme tels, alors t'es certain qu'il en est de même en retour, que comme pour ton père tu dois leur prouver continuellement que t'es à la seule place qui te revient de droit ici, que tu vaux mieux qu'eux et que, peu importe qu'ils aient été choisis par ton père, qu'ils aient grandit avec lui contrairement à toi, t'es le seul et unique héritier Wayne parce que son sang coule dans tes veines.

Alors non, t'as jamais vu les choses comme ça, tout comme t'as jamais imaginé que Jason serait resté si ton père s'était comporté différemment. Toi t'as appris à faire avec, avec ta mère, avec Bruce maintenant, peu importe comment ils se comportent avec toi, tu te dois d'être à leurs côtés et ça parrait plus simple de réfléchir comme ça mais les mors de ton aînés commencent à réveiller quelque chose en toi, le doute, et tu ne peux que baisser un instant les yeux, te sentant bien plus minuscule que tu ne l'es face à lui, parce que oui, tu peux être stupide mais pas au point d'imaginer que Jason se rangerait du côté du clown, pas après tout ce qu'il s'est passé, ou du moins ce que tu en sais.

Tes poings sont toujours serrés sur le tissus de ta cape, ton visage est sûrement crispé, reflétant parfaitement les conflits qui te hante, mais tu relèves à nouveau la tête, as presque un petit sursaut en sentant la touche sur ton épaule.

De tous tes frères et sœurs, Jason est celui qui a toujours évité les contacts, si tu sembles être celui qui refuse d'être touché habituellement, tu sais qu'il n'en est rien, t'as simplement jamais eu l'habitude de recevoir ce genre d'affection, les contacts ne sont pour toi que propices au combat, à la violence, à l'exception de ce geste tendre de ta mère, celui de coller simplement son front contre le tien quand tu étais encore enfant, comme pour vous connecter l'un à l'autre, silencieusement. Tu sais qu'au fond de toi ton cœur hurle pour un peu plus de douceur, cherche à combler ce dont tu as manqué, mais t'es habitué à repousser le monde entier, un rôle que t'as appris à jouer et dont tu ne sais plus te passer. Jason est différent, cela fait parti de lui, de sa personnalité, peut-être parce qu'il a également été brisé, mais tu sais qu'il déteste toucher et être touché, t'as pu l'observer au fil des années et c'est presque une évidence quand on le connaît, alors même si ce n'est que quelques secondes, tu profites de ce toucher, de cette caresse sur ton épaule tout en marmonnant entre tes dents "You're the pain in my ass" et t'aimerais lui dire qu'il n'est pas ton ennemi, qu'il est sûrement l'une des personnes de qui t'es le plus proche, mais t'es même pas vraiment sûr de ça, t'es complètement paumé alors tu restes les lèvres entrouvertes, incapable de parler.

Et le moment disparaît, Red Hood enfile son casque et tu sais qu'il est temps de rentrer, t'aimerais que ce soit si simple pourtant t'as le cœur lourd de savoir que vos chemins vont se séparer, que tu vas retourner dans cet immense manoir sans personne pour te guider. Parce que les choses sont compliquées avec Bruce, que t'as l'impression que ce fossé entre vous ne sera jamais comblé là ou les choses semblaient normale et presque simple avec ta mère.

Ton regard suit ton frère, tu sais que tu devrais le remercier mais on t'as pas appris à le faire, et peut-être que la meilleure façon c'est de simplement te taire, d'arrêter de lui cracher ton venin, tes doutes et angoisses au visage et quand il parle de ta mère tu ne peux que sentir la déception s'emparer de toi parce que quelque part t'esperais qu'il sache.

T'as l'impression que ton cœur a un problème, parce que tu sens cette pointe quand il te dit les mots que t'as pas l'habitude d'entendre, ceux que t'aimerais qu'on te répète et tu tourne une fois de plus la tête pour que Jason ne soit plus qu'une ombre dans ta vision périphérique, pour qu'il ne remarque pas la larme qui roule sur ta joue et que tu évites de balayer d'un revers de main. Et tandis qu'il disparaît dans la nuit tu murmures un simple.

«Araka qariben akhi »
À bientôt mon frère.