Guys, I screwed up. How does moving sound? (Jay et Rose)

guys, I screwed up. How does moving sound ?

Jason & Rose & Timothy

The strength of a family, like the strength of an army, is in its loyalty to each other. Mario Puzo.

« You fuckin’ kidding me ?? TU nous sors l’cul des ronces ?? », ta voix s’élève, rompt le silence un peu pesant qui s’est installé plus tôt. Tu n’es pas agressif, jamais tu serais agressif envers celle qui représente littéralement tout ton monde ; t’es simplement énervé, fatigué de retenir ce feu qui brûle toujours dans tes os. Alimenté ces derniers mois par une énième trahison de ta figure paternelle, par la stabilité que t’avais enfin retrouvée, même si un peu précaire, qui aujourd’hui menace de s’effondrer sous tes pieds. T’as perdu tous tes repères Jason, et face à l’adversité, ta réaction, c’est la rage. « J’tiens quand même à préciser que dans cette histoire à la con », tu pointes Timothy du doigt, « tu nous ramènes un dictateur complètement lobotomisé, et toi », ton index accusateur se tourne vers Rose, « son clébard assoiffé de sang. Si on est encore là plantés comme des sardines, c’est clairement pas à cause de MON caprice. Alors me colle pas sur le dos plus de torts que j’en ai déjà ! ».

La phrase de trop a été formulée de toute manière, dès qu’elle a prononcé le nom de la chauve-souris, t’as commencé à vriller, c’était peine perdue. La rancœur t’assaillit, tes vieux démons, tes insécurités, retrouvés à cause d’un seul homme dont il te semblait n’avoir rien à faire de l’opinion. Ta mâchoire se resserre, t’as même l’impression que tes dents craquent sous la pression, tes ongles en tout cas creusent la paume de tes mains froides. Tu reprends de plus belles. « J’ai rien de c’t enfoiré d’accord ?! J’transforme pas les gosses en putain de psychopathes, complètement cabossés du cibouleau pour ensuite les faire souffrir ! Je laisse - » tu brises ta phrase à son apogée, blocage soudain quand tu t’entends parler, que tu comprends où cela te mènes, les mots que tu ravales douloureusement – dévoilent bien trop à ton goût de l’abandon que tu ressens par rapport à Bruce, et l’amour que tu leur portes, à tous les deux. Tu te sens vulnérable, de donner de telles informations, d’articuler des sentiments même si tu leurs fais confiance, un peu comme si en parler rendait toutes ces choses d’autant plus réelles. Tu ne peux plus te voiler la face.

Tes poings se relâchent, tes épaules aussi s’affaissent, résigné. Entre ton pouce et ton index tu pinces l’arête de ton nez, baisses la tête puis soupires. Tu lèves le menton à nouveau, regardes d’abord Timothy, toute trace de colère délaissée au profit de l’abnégation. « J’laisse pas les gens que j’aime derrière moi. Okay ? » Ton regard s’attarde sur ta copine désormais, quand tu ajoutes un peu plus précipitamment : « Alors magnez-vous de reprendre vos clics et vos claques et on se tire. Ensemble ou pas du tout. Parce que j’veux pas vous perdre. Pigé ? »

C’est égoïste. Mais t’en as clairement assez, assez de perdre des morceaux de ta vie, voir s’en aller les personnes auxquelles tu tiens. Un grand silence s’installe pendant quelques secondes, quand tu attrapes ton sac de sport pour l’embarquer sur ton épale large, parce que les jours où Jason Todd vocalise son affection sont à marquer d’une pierre blanche. T’es pas même certain d’avoir formulé un jour clairement ce que tu ressens réellement pour ton petit frère.

Rose attrape finalement les clés dans la main du remplaçant, tu ne manques pas le sourire de ce dernier qui ramène un peu de normalité au milieu de la tempête. Et quand elles te sont jetées sur le torse tu les attrapes par réflexe, un sourire en coin toi aussi, pour cette petite victoire, comme un putain de chien de berger qui serait finalement parvenu à rassembler son troupeau. « Ouais », tu réponds à la question qui t’es posée par les deux colocataires, visage neutre. « On dirait qu’on va dépoussiérer l’terrier de l’Arkham Knight. » T’as encore pas mal de planques dissimulées dans toute la ville, dont t’as jamais partagé la localisation à la famille – à juste titre – et plusieurs d’entre elles pourraient faire l’affaire. Mais celle-ci, la plus ancienne, est de loin la plus sécurisée. Tu hoches les épaules. « Personne ne l’a jamais trouvé. » T’espères seulement ne pas avoir laissé trainer là-bas des choses compromettantes, vestiges de tes moments les plus obscurs – comme des photos de Tim épinglés sur une cible par des couteaux, voilà qui serait plutôt fâcheux malgré la prescription. Alors, à la suite de ta moitié, tu passes la porte de l’appartement au sein duquel vous ne remettrez jamais les pieds, faisant tournoyer les clés de métal autour de ton index.