[TERMINÉ] Welcome to the jungle ((Dami&Ozy))

Welcome to the jungle.

Jason & Damian & Oscar

The individual has always had to struggle to keep from being overwhelmed by the tribe. ― Nietzsche.

Pour ta défense, c’est le cornichon qui a commencé. C’est lui qu’il faut blâmer, cet espèce de gamin hyperactif et bien trop arrogant. Bon d’accord, ton frangin n’a fait qu’initier les hostilités physiques, et pour ce qui est de la joute verbale, honnêtement tu n’es même plus sûr de savoir comment elle est arrivée. C’est souvent le cas des échanges durant lesquels le ton ne fait que monter, passes si habiles de crasses avec une constante surenchère à qui aura le dernier mot ; encore plus tenaces lorsque des rivalités fraternelles entrent en jeu. Il n’y a pas de point de départ. En revanche il y a un point de rupture, celui où les mots ne suffisent plus : c’est le moment où les poings – et parfois même les dents selon l’âge de la personne en face – entrent en jeu.
En ce qui vous concerne, peut-être qu’au « MOTHERFUCKER ! » de Damian envoyé en pleine figure, tu n’aurais pas dû rétorquer « Ow kiddo, how riiiight you are » avec un sourire suggestif et des yeux remplis de provocation. Ce n’est probablement pas le genre de choses que l’on dit à un gosse de quatorze ans – et trois quarts. Surtout lorsque les insinuations sont fausses. Mais c’est plus fort que toi, tu es un idiot arrogant, et la réplique t’a échappé avant même que tu aies le temps de réfléchir. C'était trop tentant, trop beau pour être censuré. Cette grande et vilaine bouche causera ta perte, c'est ce qui restera gravé sur ta stèle. Seulement voilà, ton frère cherche à te provoquer depuis son arrivée, tu sais qu’il veut se glisser sous ta peau et te pousser à bout. Tu fais des efforts pourtant. Tu te montres extrêmement patient avec lui. Avec eux. Tes frangins. Tu tentes sincèrement d’être un humain pas trop détestable sur ce point. Mais Damian est d’une efficacité redoutable lorsqu’il s’agit de titiller là où ça fait mal, et tout homme a ses limites. D’autant plus que Wayne n’est pas un gamin ordinaire du moment où il se ballade avec un PUTAIN DE KATANA. C’est un cornichon armé, dangereux et énervé. Et maintenant, tu es profondément agacé.
Il n’empêche que si on te demande, c’est ton cadet qui t’a sauté dessus avant même que tu finisses d’articuler ton dernier mot. Il est celui qui a voulu se la jouer Fight Club dans la rue assombrie par le début de soirée et la pollution. C’est ce qui explique, probablement sans vraiment excuser, le fait que tu tiens actuellement une poignée des cheveux de ton petit frère entre tes doigts, et que l’asticot au bout de ton bras se débat pour te faire lâcher prise. L’encolure de ton ample tee-shirt à manches longues est déchirée de la lutte sur toute ta poitrine, tu as des griffures sur le menton et probablement quelques bleus à fleurir sur ton corps, pour raviver la couleur des anciens. Pourtant tu retiens toujours tes coups.

Un coup de pied dans ton intestin, ou peut-être un coup de genou tu n’as pas le temps d’analyser, te fait lâcher prise. Tu n’es pas en armure, tu n’as pas même ta veste en cuir pour amortir un peu les frappes de ton adversaire, juste un fin vêtement en tissus. Un bras protecteur se place sur ton ventre tandis que tu essayes de renvoyer un poing en réponse à l’assaut surprise, sans franc succès. Le garçon est agile, tu ne peux pas le nier. Pour ta part tu n’as jamais été le plus rapide des Robin, loin de ça, un peu plus encombré par ta carrure naturellement plus large et imposante. De nouveaux coups arrivent, tu serres les dents et grogne au fond de ta gorge. Cette fois tu sens l’énervement qui te monte à la tête. Tu te redresses et repousses Damian qui termine sa couse entre les quelques tables et chaises fort heureusement vacantes de la terrasse d’un bar, en balaye la moitié sur son passage qui s'écrasent tout autour. Alertés par le vacarme, les quelques personnes à l’intérieur du boui-boui sortent pour voir la scène, certains crient d’arrêter, les autres incitent à cogner, mais c’est à peine si tu les remarques. Tu n’en as rien à faire. Tout ce qui compte, c’est donner une leçon à Damian, histoire qu'il te foute la paix une bonne fois pour toutes.

Welcome to the jungle.

Jason & Damian & Oscar

The individual has always had to struggle to keep from being overwhelmed by the tribe. ― Nietzsche.

- Except in your case, obviously. You don’t need alcohol to be a total asshole. Tu arques un sourcil accusateur à Damian, sans bouger de ta position solide et stoïque contre la paroi de la petite cellule.

Tu n'en dis pas plus cependant, laisses à ton cadet le soin d’expliquer ton historique évidemment bien épuré avec Grayson sans intervenir, serres la mâchoire et détournes le regard – peut-être honteux, ou agacé à l’évocation de ces batailles qu’il a le plus souvent remportées. Tu retenais tes coups. La plupart du temps. Passée sous silence la véritable nature de vos altercations, bien loin de vagues accrochages ; t’as essayé de le tuer, pratiquement réussi - il a contribué à ton internement, du moins n’a pas levé le petit doigt en ta faveur et pour ça tu lui en veux. Deux frères opposés à bien des égards, deux faces d’une même pièce qui ne cesse de virevolter dans les airs.
Pourtant, les non-dits, les liens qui vous unissent tous deux sont bien plus riches et complexes que cette surface à peine effleurée, après introspection t’aurais du mal à mettre les mots juste pour définir ce qui existe entre vous, semble si simple d’un œil non averti. Ces années de jalousie conditionnée, de colère ou frustration de ne jamais pouvoir l’égaler aux yeux de votre paternel – aux yeux du monde ; il y a tant de haine dans ton cœur dirigée contre le fils prodige, tant d’amour aussi. Parce que t’as beau le rejeter de toutes tes forces, détester son incarnation du fils parfait, du héros aux cheveux soyeux que tout le monde adore – peut-être qu’il est celui dont tu testes le plus les limites pour forcer les conflits en permanence ; il n’empêche que, gamin, c’est le seul frère que t’aies connu. Complice proche duquel t’as grandi et qui a bien voulu te montrer un peu – trop – d’affection dans ce manoir froid et bien trop vaste. C’est aussi le seul plus âgé que toi, sur lequel t’aimerais bien parfois, égoïstement, avoir le réconfort ; parce qu’il a cet effet sur les gens et c’est ce qui t’agace le plus.
Oscar n’a pas besoin de connaître ces détails, pas plus que Damian ou quiconque respire sur cette maudite terre, à commencer par Dick. T’es pas même prêt à reconnaître la douceur sous-jacente de tes émotions, incapable d’accepter de tels sentiments au coin de ton palpitant ; par fierté, par dépendance. Par peur.
Maintenant cependant, dans ses vêtements tu te sens insulté, humilié. Rabaissé une nouvelle fois à prendre sa place, passer après lui pour porter ses vêtements et combler le vide de son absence. Animosité ravivée et prédominante dirigée à son encontre, comme la plupart du temps.

Outragé davantage par la remarque de ton cadet qui te pousse à baisser le regard sur ton propre corps, courbures finement sculptées au travers du tissus trop serré - ne laisse pas grand-chose à l’imagination. T’es pas vraiment pudique lorsqu’il ne s’agit ni de ta dignité ni de ta peau directement ; tu te trouves laid mais t’as pas nécessairement honte de ton corps, pas de cette manière. Pourtant à l’attention soudaine et non désirée sur ta personne, tu tires machinalement une nouvelle fois sur le vêtement, et surtout sur les manches pour recouvrir la peau découverte, sculptée de toutes parts, par les monstres de ta vie, par tes soins aussi.

- Well, and you looks like a little shit.

Tu siffles les mots en retour, agacement évident sur un visage implacable dont la froideur reflète celle de ton regard détaché. Mais toujours, tu restes immobile, les bras croisés, écoutes d’un air absent la plaidoirie de Damian.

- I’m way too surprised by the fact that you actually know who Magic Mike is to be offended. Where did you get that reference ? Et en t’adressant à Oscar, tu ajoutes : It’s a movie reference, about a stripper.

Tu ne compatis pas franchement à la frustration d’Oscar, pas plus que par sa visible peine de devoir contourner le règlement et vous ouvrir la cellule. Peut-être parce que quelque chose est cassé chez toi, que tu fonctionnes pas comme les autres ; manque d’empathie évident pour ce que tu peines à comprendre. Ces choses qui, importantes aux yeux d’autrui, semblent remplies de futilités sous ton angle de vue.
Et parce que t’as déjà suffisamment de ton propre agacement à gérer, qui t’aveugle, de manière égoïste tout purement ; tu ne peux décemment prendre les émotions des autres comme le font les jolis cœurs, au risque de te noyer au travers. Les jolis cœurs, ne finissent pas dans une cage pour commencer. Bien assez compatissant déjà de rester docile tout du long, alors que t’aurais pu déjà t’enfuir une dizaine de fois. Bracelets passés, enfermé comme un chien derrière les barreaux, contraint de prendre les dents serrées les pics acérés du plus jeune, porter le t-shirt du plus vieux. Retenir cette rage qui menace d’exploser hors de ton contrôle, alimentée par le puit de Lazare qui coule dans ton système ; incapable de comprendre ces règles que le jeune flic s’applique autant à suivre. Vous ne venez pas du même monde, tout simplement. Parce que lui, contrairement à toi, fait partie des bons gars.

Sans gêne t’ouvres la porte déverrouillée de la cellule, signe proche d’une courbette exagérée lorsque tu laisses sir Damian prendre les devants et marcher vers la liberté ; lui emboites le pas de toute manière. T’as toujours l’amertume qui brûle le fond de ta gorge, dans tes doigts que tu peines à tenir tranquilles, mais au moins, ne plus être enfermé apaise ton état d’agitation. Cette appréhension de voir Bruce, de voir Dick débarquer ; de te sentir prisonnier, encore.
T’attrapes grossièrement une chaise proche du bureau où git le jeune flic, la retournes et t’installes décontracté – dossier face à toi.

- Don’t be rude on yourself. It would have been a shame to deprive the outside world of this little birdie here, tu pointes Damian de ton pouce sans même le regarder. Ok so… What do we do now ? Should I call a uber or something ?

Pourtant t’es bien trop familier avec le système, depuis tout gamin, pour savoir que rien n’est aussi simple, pas même quand on contourne le règlement.