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 Maman, j'ai peur ... ★ Jonathan Crane

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MessageSujet: Maman, j'ai peur ... ★ Jonathan Crane   Maman, j'ai peur ... ★ Jonathan Crane Empty15.02.22 8:46

Encore une histoire à dormir debout. Mais il fallait bien trouver de quoi mettre un peu de beurre dans les épinards, comme on dit. Je n’aimais pas me balader ainsi seul dans la nuit, surtout depuis l’élection de Bruce Wayne. Le Chevalier Noir avait bien changé depuis notre dernière rencontre et sa ville aussi. Un constat terrible me frappa alors que je regardais les pierres des anciennes maisons gothamites : Londres me manquait, terriblement. La vie, ici, était devenue un peu différente. Et, même si je ne voulais l’avouer à personne, je me sentais un peu oppressé par les gigantesques murailles qui entouraient la cité. En général, pour passer la terreur qui me hantait pendant les sorties du Nid, je buvais comme un trou jusqu’à m’endormir dans mon vomi, et me réveiller à la lueur d’un jour qui s’était bien trop fait attendre. Les fantômes étaient bien nombreux aussi, on pouvait en trouver à chaque embranchement, tellement traumatisés par leurs décès que même leurs projections ectoplasmiques étaient dénaturées, corrompues jusqu’à la moelle. Des pauvres êtres qui erraient sans but, sans comprendre les raisons d’une mort aussi absurde. J’avais de la peine pour cette ville et ses habitants. De mon côté, je me jugeais encore de passage, quand bien même j’y habitais depuis des années. Gotham ne sera jamais chez moi, jamais vraiment.

Toujours est-il que voilà, mes pas m’avaient emmenés dans une énième ruelle sombre, à la recherche d’une créature des ténèbres venu tourmenté quelques pauvres citoyens. Au début, j’avais cru à une simple attaque de Chauves-Souris, les gens confondaient souvent les sbires du gouvernement avec de véritables êtres chtoniens. Mais la description que m’avait faite cette jeune fille sonnait autrement, étrangement surnaturelle. Cela avait commencé par un nuage de fumée verdâtre, se souvenait-t-elle, puis un rire dément et une forme, sculptée par le clair de lune dans la toile éthérée du gaz. Une bête énorme, incompréhensible, qui s’était mise à poursuivre l’étudiante pour la dévorer. Par chance, ma cliente s’était échappée en passant par un passage secret. Probablement une Résistante qui connaissait les souterrains comme sa poche, un membre du mouvement de Napier. Encore une foutue merde cette histoire. J’étais un gars optimiste dans la vie mais, même moi et mon sourire benêt, j’avais beaucoup de mal à croire à la repentance du clown. On ne pouvait pas tuer des centaines de gens et faire comme si de rien n’était, sous prétexte d’avoir avalé une ou deux pilules. J’émis un petit rire : j’étais bien placé pour le savoir, j’en avais goûté de plusieurs sortes, des pilules. Ce qui m’avait convaincu de la véracité de son histoire ? Les marques de griffures sur son bras et son regard, des pupilles ravagées qui se baladaient dans leurs orbites, le signe d’une véritable frayeur. Les démons étaient très forts pour foutre les chocottes.

Evidemment, en ayant tout à fait conscience du danger, j’étais venu sur les lieux de l’apparition pour chercher la monstruosité. Je sentais dans ma main droite le poids rassurant d’un de mes talismans, le genre à pouvoir cramer sur place des petites putes échappées de l’enfer. Ce soir, j’étais le chasseur, pensais-je. D’un geste, une flamme apparut au bout de mon doigt pour allumer ma clope, que je m’enfonçais dans le gosier en soupirant. Pour le moment, tout était étrangement calme. C’était d’un ennui mortel. Excédé, je décidais de le faire venir à moi en le provoquant. Les enfants de Satan avaient souvent un gros égo.

─ Allons bon, tu viendrais pas me bouffer le cul gros tas de merde ? Il fait un peu froid ici, je serais pas contre me faire réchauffer le fondement par une queue infernale. Grossier, toujours, ma marque de fabrique. Ou tu préfères que je vienne t’enculer ? Je peux le faire, ça me dérange pas. Je suis polyvalent comme garçon.
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MessageSujet: Re: Maman, j'ai peur ... ★ Jonathan Crane   Maman, j'ai peur ... ★ Jonathan Crane Empty19.02.22 15:49


all our times have come. here but now they're gone. seasons don't fear the reaper, nor do the wind, the sun or the rain. we can be like they are. ( music ) -- @john constantine

Ce ne sont que des tests.
Des prototypes.
Des cobayes.
Rien de plus.
De vulgaires poupées de chiffon qui se tordent dans tous les sens. L'humanité te paraît lointaine, si peu familière. Les années ont effacé le garçon, ont permis au monstre de prendre sa place. L'épouvante, l'entité particulière qui torture les âmes. Il n'y a rien de mieux que la peur pour révéler le véritable visage des damnés, n'est-ce pas ? T'es un spécialiste, toi et ton grand cerveau, recroquevillés entre les murs dégueulasses d'égoûts qui te servent de laboratoire ; si peu digne de toi, mais nécessaires. Nécessaires à ta survie. C'est pas vraiment un endroit dans lequel on va venir te chercher ; c'est bien pour cette raison que tu t'efforçais de vivre là-dedans. Souvent, tel un fantôme, c'est bien la nuit que Gotham croise le visage déchiré de ton alter-égo. Le tissu pourrait être confondu avec la paille, tant il a été usé. Mais c'est une face que tu portes depuis des années ; si tu as déjà pensé à en broder un nouveau, tu n'as pas le cœur de le faire.

L'odeur est répugnante, mais tes narines sont habituées. L'hygiène est un luxe auquel tu t'adonnes occasionnellement, lorsqu'il en est véritablement nécessaire, mais est loin d'être l'une de tes priorités. Si ça l'était, de toute façon, tu ne te terrerais pas si bas. Tes pupilles scrutent avidement le mécanisme qui s'installe sous ton nez, manipulé de tes doigts crochus. Tes lèvres sont pincées, réflexe lorsque tu es concentré, focalisé sur tes formules, et si tu reprends du service depuis quelques temps, tu saisi aussi que ce n'est qu'une question de temps avant que Batman ne repère ta marque de fabrique. C'est bien pour cette raison que tu travaillais tel un acharné ; mais ton mode opératoire résulte du même, de toute manière. Si ce n'est pas ta toxine qui lui met la puce à l'oreille, ce sera certainement ce que les gens racontent. Des monstres, à leur image ; à ton image ; qu'ils voient. Leurs cauchemars, drogués à leur insu, et c'est bien la chose que tu préfères dans ce que tu entreprends ; leurs yeux écarquillés, lire l'angoisse sur leur visage. Enfant, femme, homme, nous sommes tous pareils. On a tous peur de quelque chose, et c'est une satisfaction que tu éprouves à chaque expérience dans laquelle tu t'engages. Mais parfois, cette sensation n'est pas suffisante, cependant. Elle est vite remplacée par la frustration, la peur d'échouer ; bien l'une des seules choses que toi, Maître de la Peur, craint. Tu n'as pas le droit à l'erreur, tu n'as pas le droit d'échouer. T'es bien mieux que le reste, pas vrai ? Alors prouve-le.

Tu as trouvé refuge dans les égoûts depuis que Batman a perdu la tête. Il faut croire qu'en fin de compte, il n'est pas mieux que vous autres, fraîchement sortis d'Arkham. T'en as toujours été persuadé, t'as juste attendu le Jour J ; et il était venu. Sauf que ça a menacé ta réputation, ton existence même, et les terres que tu t'étais octroyé ne sont plus tiennes. Ce sont pourtant des morceaux de territoire que tu as le désir de ravoir en ta possession, et c'est aussi l'un des projets sur lesquels tu travailles d'arrache-pied. De nombreux de tes hommes de main ont perdu la vie, depuis ; parce qu'eux, ils sont sur le terrain, à défendre ton honneur, pendant que toi tu étais ici, loin d'eux et protégé au maximum du danger extérieur, qu'ils ont fait le boulot à ta place ; et au final tant mieux, non ? Vaut mieux que ce soit eux que toi. Mais en tout cas, ça n'avait pas donné grand chose, de quoi déclencher maintes fureurs qui refusent de se calmer tant que la situation ne s'arrangera pas favorablement. Aujourd'hui, t'en as eu ras le bol. Alors pour une fois, en pleine journée, tu as décidé de te déplacer.
Derrière ta dégaine épouvantable, la peau sur les os, le visage creux, les yeux étincelles, la voix rauque qui résonne dans les ruelles de ce qui fut autrefois ton antre ; les frissons de tes fidèles, qui se dispersent sous tes ordres, sur plusieurs mètres et plusieurs ruelles ; sur une zone bien précise. Et au bout milieu de tout ça, il y a un crétin ; il y a toujours un crétin, dont la voix s'élève. Tu ne sais pas à qui appartiennent ces cheveux blonds que tu ne vois que de dos, mais telle une ombre tu te déplaces doucement, discrètement, dans son dos. Ta carcasse macabre semble le dépasser de quelques centimètres. - Navré de te l'annoncer...mais tu n'es pas mon genre. Encore une fois, ta voix résonne dans une ruelle trop calme pour l'heure. Tu ne sais pas réellement si c'est à toi qu'il s'adresse, mais si officiellement tu as perdu ton territoire, officieusement tu le considères encore tien ; et tu vas vite lui faire comprendre qu'il n'est pas le bienvenue, ici. - Je ne t'ai jamais vu. Qui es-tu ? La curiosité pique tes nerfs à vif, et tu es proche ; sûrement trop proche. Tes obsessions perverses te poussent à te rapprocher de lui, presque à le humer, et c'est ta main déjà crochue parsemée d'aiguilles au bout de ton gant qui vient épouser la forme de son épaule, tandis que l'autre se lève d'un geste vif, soudainement, pour venir asperger son visage à l'aide d'un dispositif caché au creux de ta paume, le repoussant en arrière à l'aide de ta première main lorsqu'il inhale ta célèbre toxine. - Et surtout...que crains-tu ?

(c) mars.
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MessageSujet: Re: Maman, j'ai peur ... ★ Jonathan Crane   Maman, j'ai peur ... ★ Jonathan Crane Empty28.02.22 11:47

J’avais l’impression d’être observé, un soupçon qui se confirma par une voix qui sourdait dans les ténèbres, avec un timbre très étrange qui laissait présager une folie dévorante, complète et infâme. La localiser me prit un peu trop de temps, et je sentis des doigts crochus qui se baladaient sur mon épaule, une haleine obscène chatouillant mon cou. J’étais prêt à réagir, à lancer un de mes sorts pour m’échapper ou à user du talisman que je serrais fortement dans mes mains. Mais j’étais joueur, le danger était l’un des trucs qui me faisait bander le plus. Et surtout, j’étais intrigué : quel démon ne connaissait pas le célèbre John Constantine, après tout ? Je commençais à me faire une petite réputation dans les Enfers ; pas au point de provoquer de la peur mais j’étais reconnu, une cible de choix pour les prédateurs qui se tapissaient dans les flammes chthoniennes. Je tentais de contrôler ma peur pour reprendre un peu de constance avant qu’un jet n’éclabousse mes narines, m’obligeant à respirer les effluves malsaines. Titubant, je me retournais vers la créature en me courbant, tentant de reprendre ma respiration. Je sentais mon organisme en train de lutter contre la substance étrangère. Mon corps ne pouvait pas la purger totalement, malgré les tatouages de protections qui ornaient l’ensemble de mon dos, mais l’intoxication allait être plus lente. Si c’était un poison mortel, mes runes allaient probablement m’offrir quelques belles dernières heures, de quoi chercher un moyen de me soigner.

─ Je croyais, crachais-je autant pour moi que pour la bête en face, que je n’étais pas ton genre. Une quinte de toux me stoppa dans mon élan, ravalant ma blague comme une coulée de salive salée. Mais si tu crois pouvoir abattre le célèbre Constantine avec un peu de gaz, tu te mets le doigt dans l’œil, et je vois que tu l’as bien long. J’incantais rapidement un sort pour concentrer mes forces, ça allait me desservir sur la durée mais j’avais besoin d’être le plus conscient possible si je devais affronter cet adversaire au physique beaucoup trop anthropomorphe.

Des hallucinations auditives commencèrent à me troubler : le cri d’une enfant, et le rire tonitruant d’une créature à la puissance caverneuse, celui de Nergal, le monstre qui m’avait plus ou moins donné naissance. Mon champ de vision se troubla pour dévoiler des formes cyclopéennes, des créatures faites d’ombres essayant de sortir pour me dévorer. Étrangement, je trouvais une certaine familiarité dans ces visions qui me troubla. Cette sensation de dérive m’était commune, et je sus que c’était de la drogue que l’on m’avait inoculé. Ce n’était pas la première fois que je faisais un mauvais trip après tout. Peut-être que j’étais d’ailleurs l’opposant parfait à l’Epouvantail, si je savais qui il était, puisque j’étais passé maître dans le fait de vivre avec mes cauchemars, et à me confronter à mes peurs tout en m’anesthésiant avec la première chose qui me passait dans les mains.

Une idée germa de mon esprit à demi-conscient : une pensée qui me fit esquisser un sourire sarcastique, alors que la situation ne prêtait pas à rire du tout. On voulait m’effrayer, bien, je pouvais faire de même.

─ Ce que je crains, plein de choses ma petite fiotte. Pas toi, en revanche. Un voile noir passa devant mes yeux, une forme qui me hantait encore, un être si fin que ça ne pouvait être qu’une enfant qu’on emmenait de force, qu’on kidnappait devant mes bras impuissants. Tu dois être le genre à te nourrir des mauvaises émotions, pas vrai ? Parfait, j’avais lu un truc rigolo à propos des monstres comme toi. Un petit tour de magie, rien de bien méchant. J’étais prêt à sombrer sous l’effet de la toxine, mais je pouvais encore tenir quelques secondes salutaires. De quoi te retourner la faveur.

Levant la main, je commençais à réciter une litanie, un ensemble de phrases embuées de pouvoirs, de forces arcaniques. Des signes et des pentagrammes se tracèrent dans l’air en suivant les mouvements de mes doigts. Je pouvais moi aussi m’infiltrer dans les méandres de l’esprit, condamner le démon à se plonger dans sa propre démence, pour finir par se dévorer de l’intérieur, en se nourrissant de sa propre frayeur. Je lançais mon attaque en riant, avant de succomber aux illusions et à mes propres fantômes.
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MessageSujet: Re: Maman, j'ai peur ... ★ Jonathan Crane   Maman, j'ai peur ... ★ Jonathan Crane Empty21.03.22 18:52


all our times have come. here but now they're gone. seasons don't fear the reaper, nor do the wind, the sun or the rain. we can be like they are. ( music ) -- @john constantine

Fidèle à toi-même, désireux de briser les plus courageux, les grandes gueules ; qui, en général, ne valent rien. Ta toxine est un littéral poison qui s’immisce dans les poumons, et fait perdre la raison. Elle est retravaillée, constamment, incessamment, dans l’unique but de devenir la meilleure version qu’elle puisse devenir, dans l’unique but de créer une arme, ton arme, infaillible et indestructible. Incontrôlée et incontrôlable.

Il résiste. Ils résistent tous.
Mais ce n’est qu’une question de temps.
Sauf qu’il résiste bien trop longtemps à ton goût, et la voilà de retour, cette étrange sensation qui te prend aux tripes, cette frustration qui tord ton estomac, cette rage qui grandit au creux de ta gorge, et s’il peut tomber sous ton propre sortilège d’une seconde à l’autre, tu as une pointe de crainte.
Cette crainte, toujours cette terrible crainte qui te pique au palpitant, cette peur de l’échec, cette peur d’être confronté, aussi, à ce que tu es ; juste un humain, et peu importe à quel point ton cerveau peut moduler quelques formules, tu ne seras jamais personne face aux mutants de ce monde, ou en l’occurrence, dans cette situation, face à la magie. Jamais tu ne t’es retrouvé confronté à ce genre d’individu ; à ce genre d’être humain capable d’user de ce genre de méthode ; tu es un scientifique, l’hypothèse de la magie a été écartée il y a de cela bien des années, mais les preuves se multiplient sous tes yeux presqu’ébahis, et tu réalises bien vite que ton égo t’a emporté dans une situation particulièrement dangereuse, devant laquelle tu te retrouverais presque démuni, presque impuissant. Les symboles se dessinent sous vos yeux, les tiens curieux, mais l’esprit peu tranquille.

C’est d’abord un cri aigu qui semble percer tes tympans, une poussée familière, et le bruit des battements qui t’alerte. Tu te revois petit gamin effrayé, petit gamin recroquevillé ; les hallucinations s’enchaînent, ce cri aigu semble te parvenir par dizaine, par millier, et ton premier réflexe s’avère de plaquer tes paumes creusées contre tes oreilles, de les camoufler en priant que ces hurlements cessent, mais ce n’est que le début de ton calvaire. Tu te revois jeune enfant, tu te revois faible et pathétique, tu te revois asservi par ta crainte d’adolescent, par cette figure que tu peux encore voir dans le ciel de Gotham de temps à autre projeté parmi les nuages ; mais tu te rappelles, années du passé, avoir grandi. Grand garçon détraqué, tu t'es nourris de tes propres craintes, tu t'es terrorisé jusqu'à avoir la force de te relever, de prendre les armes, d'affronter les démons ailés qui torturaient ton esprit dérangé. Et tu te penses imbattable, imbattable à ton propre jeu depuis bien trop longtemps, inatteignable, immunisé contre les horreurs de la vie ; horreur que tu es devenue, à l'image d'un démon qui hante les nuits et les songes, révélateur de souffrance,
mais au fond tu ne restes qu'un humain, caché derrière ton masque déchiré.
Face bâtie pour te protéger des péchés.

Maître de la Peur,
que crains-tu ?


─ Batman.
La silhouette de l'homme chauve-souris se dessine sous tes yeux, une silhouette sans visage ni âme, une méandre du passé, d'un temps où il n'osait lever la main sur plus fort que lui, d'un temps aujourd'hui bien trop lointain et distordu. C'était donc ça, ta pire peur, lui ? Ton but, et ton objectif ? Briser l'homme que l'on ne brise pas, ne pas y parvenir ? Des chuchotements te chatouillent les oreilles, mais tu ne comprends rien au charabia ; l'atmosphère est pesante, même pour toi ; macabre, si bien que des mains pâles se détachent de la terre et de tombes qui n'étaient pas là quelques instants plus tôt, et que cet homme sans visage, cette silhouette sombre, ne commence à refléter les traits de quelques visages familiers, de certains qui ont su marquer ton esprit plus que d'autres et de quelques inconnus.
Et il te pointe du doigt, soudainement, et tu comprends ; victimes de ton alter-égo, victimes de tes caprices, les chuchotements se font par millier, et au fond de tes tripes tu la sens monter, tu la sens t'envahir ; cette terreur qui n'est plus la leur, mais la tienne ; cette terreur qu'ils ont pu ressentir lors de leurs derniers instants de torture, avant de rendre leur âme, avant que tu ne le leur arraches de tes doigts crochus, et tous ces chuchotements deviennent des voix unies, en une seule et unique phrase qui te glace le sang, des mots pourtant si simples mais que tu redoutes, que tu redoutes tant. ─ Tu ne nous fais pas peur.

Tu réalises que l'autre agonise, encore ; emporté par ta propre toxine.
─ Qu'est-ce que tu m'as fait ?!, que tu rugis, que tu grondes furieux.
Tu tournes sur toi-même tel un monstre, t'approchant dangereusement de lui, l'attrapant par le col pour le soulever du sol et le regarder droit dans les yeux. Il vit son propre délire, tu le sais ; mais tu es hors de toi, envahi par une colère noire, et t'aimerais pouvoir lui arracher le cœur, mais l'angoisse te fait perdre la raison, et surtout tes moyens. Batman a souvent su te contrer sur bien des points ; mais jamais à ce point.

(c) mars.
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MessageSujet: Re: Maman, j'ai peur ... ★ Jonathan Crane   Maman, j'ai peur ... ★ Jonathan Crane Empty20.04.22 17:43

Dans mes cauchemars, j’avais l’étrange sensation d’être chez moi ; parmi mes démons, je me sentais à ma place et ce n’était pas l’horreur de la situation qui me faisait peur : non, c’était ma résignation à souffrir, à supporter l’enfer sans broncher parce que je savais que je méritais toutes mes malédictions. Les fantômes de mon passé, trop nombreux, se mêlaient les uns et les autres dans une danse psychédélique effrénée. J’étais comme assis sur une chaise, observant un spectacle qui m’était destiné sans pouvoir m’accrocher à un moment précis, à une prestation. Un film en avance rapide qui ne cadrait que mon visage, mon regard désabusé et mes pupilles qui renvoyaient, comme des marionnettes chinoises, les formes qui me hantaient.

Mon subconscient, aphone, subissait les effets de la toxine alors que mon corps, bruyant, répondait aux horreurs par des gémissements, des petits cris étouffés. J’étais totalement perdu, incapable de me souvenir d’où j’étais et de ce qu’il se passait autour de moi. Le temps semblait se dilater, régi par une horloge hyperactive et narcoleptique. Une main gantée me sortit cependant un peu de ma torpeur. J’eus la sensation d’être soulevé de quelques mètres dans les airs. Dans les ténèbres, je discernais maladroitement les contours d’une main, la sensation de ma chemise qui se froissait sous le contact de cette même poigne. Peu à peu, mes sens commençaient à émerger, me relevant une odeur insoutenable puis des bruits incompréhensibles. Enfin, une voix apparue comme une lumière dans les ombres, me remontant à la manière d’une corde du puit opaque dans lequel on m’avait plongé. La luminosité m’agressa. J’étais fébrile, les muscles cotonneux.

─ Ce que j’ai fait ? J’ai rien fait, c’était pas moi. Un vieux reflexe un peu enfantin, qui se termina par une toux et un sourire amusé. Mes pensées se réorganisaient dans mon esprit. La créature devrait être morte normalement, mais ce n’était pas le cas. Et, même après avoir goûté à sa propre peur, mon agresseur se tenait encore en face de moi, en plutôt belle forme. T’es pas mort, fils de pute ? Tu devrais être en train de te bouffer toi-même bordel !

Je tentais de me dégager en posant mes mains sur son visage pour le pousser. Je manquais de force pour me défendre correctement, il me fallait temporiser le temps de reprendre le contrôle. L’avantage d’être dans le coltard ? Ca ne pouvait pas être pire. Je profitais de mes marmonnements de drogué pour souffler une incantation, un sort basique mais qui allait sérieusement embêter la bête. En claquant des doigts, une boule de lumière implosa pour éclairer la rue, brouillant ma vision – et, espérons-le, la sienne aussi. Rampant sur le sol à la manière d’un serpent sous acide, je fouillais dans mes poches à la recherche d’un objet pour m’aider. J’avais toujours une merde magique à portée de main normalement. Mais, là, rien.

─ Bon, je propose une pause, éructai-je en continuant de fuir discrètement. T’es quoi au juste, si t’es pas un suppôt des enfers ? Je veux bien être un peu con, mais je connais mes classiques. T’as le physique d’un diablotin mais tu craches pas de flamme. Je suis peut-être tombé sur l’albinos de la famille. Ou alors, John, c’était peut-être pas un démon ? Oh. T’es un type en costume. Bordel de merde, je déteste cette ville, que des enculés qui se déguisent en Dracula. Je poussais sur mes jambes pour me relever, prenant appui sur un mur en briques. La sensation de la pierre était agréable. Je me sentais mieux. Franchement, c’est pas cool mon gars, j’ai un boulot, un business à faire tourner, j’ai pas le temps de balancer des sortilèges à un attardé en combinaison moulante. Oh. Me dis pas que t’es une chauve-souris, hein ? T’es avec notre grosse salope de maire ? Putain, merde.
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