What if I lose it all ? Oh sister I will help you out || ft. Cassie

Cassie & Dam

What if I lose it all ?
Oh sister I will help you out

Le fusain tache tes doigts, laisse son empreinte sur le papier à chaque mouvement de poignet. Rares sont les moments de tranquillité, pas avec toi dans les parages, petit démon dans le besoin constant de rébellion, obligé de hurler sur le monde entier pour assouvir ton autorité, mais parfois tu t'accordes ces moments reposant, ceux où tu ressembles juste à un gamin comme les autres, pas de lames ou de sang, pas de prise meurtrière ou de revolvers, juste un adolescent qui dessine tranquillement. T'as appris les plaisirs de l'art quand t'étais qu'un gamin et si beaucoup s'entrainent encore et encore pour se perfectionner, t'es de ceux qui sont naturellement doué. Aussi habile avec un crayon qu'une épée, c'est ce qu'on t'a répété.

Une douce musique résonne dans l'entrée principale, un classique, Chopin - Nocturne op.9 No.2, le piano t'aide à te concentrer, efface le monde autour de toi, parce que t'as besoin d'oublier, de laisser de côté cette soirée et de ne plus jamais y penser. Absorbé par ton dessin, les traits caractéristiques d'Alfred que tu retranscris sur le papier, la boule de poil te servant de modèle un allongée un peu plus loin, tu parviens presque à ignorer ton corps, les côtes meurtries, la légère entaille sur ta cuisse, tu sens la douleur se raviver à chaque mouvement, lorsque tu remues sur l'immense fauteuil pour t'installer plus confortablement.

Les choses auraient pu être bien pires, tu le sais, t'aurais pu ne pas rentrer ou être salement amoché mais ce qui te fait enrager, ce pour quoi tu t'es mis à dessiner à peine rentré, c'est parce que t'es pas celui qui a préservé ta propre sécurité. Cassandra l'a fait pour toi, s'est sacrifiée sans que t'aies rien demandé, t'as les nerfs, toi qui refuses d'être sauvé, qui clame haut et fort que t'as pas besoin d'être protégé. Au fond la colère est moins pour elle que pour toi, t'arrives pas à te pardonner d'échouer, t'as jamais eu la chance de savoir que c'était normal de ne pas toujours excellé, t'as pas le droit à l'erreur, encore moins à l'échec, toi t'es de ceux qui seront toujours au sommet. Tu te répètes ce genre de chose depuis tant d'année, t'en oublie que t'es qu'un gamin, ou c'est ce que tu devrais être, pas un guerrier, pourtant t'arrives pas a accepter que celle qu'on appelle ta sœur ait pris ces risques pour te protéger. Évidemment, tu ne l'as pas remerciée, comme si t'en étais capable, non toi tu l'as insultée, t'as juste gueulé comme le petit ingrat que tu es.

La page vierge est maintenant dissimulée sous la craie, des esquisses du chat qui se décide enfin à bouger, ça t'irrite, parce que t'as pas vraiment envie d'arrêter, t'as pas envie de penser, mais comme pour te rappeler à la réalité, t'entends du bruit dans la pièce d'à côté et tu poses le fusain, sachant très bien que tu ne pourras pas t'isoler encore une fois. Beaucoup de sentiments te sont étrangers, la culpabilité en est le parfait exemple, pourtant tu sais que c'est ce qui se rapproche le plus de ce que tu ressens, parce que tu délaisses ton matériel, étires tes jambes jusqu'alors pliées en tailleurs pour te lever et aller préparer du thé.

Le silence règne quand tu fais ton entrée dans l'un des salons du manoir mais tu repères immédiatement Cassandra et le sentiment que tu cherchais à faire taire t'envahis une fois encore. T'ignores pourquoi, peut-être parce que vous n'êtes pas si différent elle et toi, mais t'as pas envie de parler, tu t'contentes juste d'avancer, le plateau en argent fermement tenu entre tes doigts, la théière brûlante en son centre, deux tasses prêtes à être utilisées et suspendue à ton poignet, une des nombreuses trousses de secours.

T'es pas doué pour les excuses, encore moins pour montrer que tu t'intéresses à quelqu'un d'autre qu'à ta petite personne, pourtant en cet instant, c'est ce que t'essaies de faire, quand tu abandonnes le plateau sur la table basse et viens te planter devant l'Asiatique, tes prunelles d'émeraudes cherchant à repérer les dégâts que t'as causé.

« You need care. Let me do that. »

C'est pas un pardon, encore moins un je suis désolé, mais c'est la preuve que t'es capable d'éprouver quelque chose, la preuve que tu te sens concerné par l'une des seules personnes qui a choisit de rester.

AVENGEDINCHAINS

Cunning, Strength and Agony are the three roots of victory, and here is their secret doctrine...

Alfred avait retiré la balle avec une attention particulière, habitué épuisé des altercations et de recoudre des enfants qui se mêlent des histoires d’adultes. Probablement pas la vie qu’il imaginait la première fois que Bruce a ouvert les portes du manoir pour le jeune Dick Grayson, des années avant. Cassandra ne frémit même pas, elle ne ressent qu'à peine la douleur, elle a été élevée pour supporter bien pire. Même si elle voulait être plus prompt à écouter ses propres douleurs, elle n’en n’est plus capable. Pas quand elle a fait ça pour protéger son plus jeune frère. Quand il s’est véhément prit à elle, elle n’a pas flanché, n’a pas baissé les yeux, n’a même pas répondu. Elle est restée droite, les yeux dans les siens, à se faire insulter des noms d’oiseaux -en arabe- jusqu'à ce qu’il se calme et fatigue. Damian est jeune, inexpérimenté, malgré ce qu’il peut dire et penser, il traîne la même douleur qu’elle d'être les laissés pour compte, quoiqu’il peut dire. Mais s' il a le luxe d'être le seul qui a le sang de Bruce Wayne, il a aussi le luxe d'être le plus jeune. Il ne comprend pas le sens du sacrifice, il ne comprend pas pourquoi elle a fait ça. Il ne comprend pas ce que leur père veut d’elle. Il sait qu’il est le meilleur, le plus fort, et il ne voit que l’insulte que son geste représente à ses yeux.

Elle ne lui en veut pas. Elle en aurait été chagrine, aurait probablement reniflé sur le canapé de Dick pendant que ce dernier essayait de lui remonter le moral. Ou sur l'épaule de Stephanie qui lui aurait dit que c’est un gamin et faut pas le prendre mal. Mais maintenant ça ne lui fait plus rien. Elle n’a plus personne a qui se confier, même pas Alfred dont elle ne se sent plus aussi proche que fut un temps. Le vieux majordome a essayé, mais Cassandra n’a plus le cœur à ça. Ce n’est plus elle. Elle se demande si un jour ça a été le cas.

Pansements sur ses côtes, visible sur son tank top coupe court, Cassandra médite, yeux mi clos essayant de vider son esprits des moults pensées parasites qui la hantent nuit et jours. Surtout des cris, et des visages, qui ne la laissent plus tranquille. Enfoncée dans un des nombreux fauteuils hors de prix, un foyer de cheminées qui la réchauffe doucement, assise en tailleur, elle entendit, au loin, le cliquetis maladroit de la porcelaine qui approche. S'apprêtant a poliment congédier le majordome, probablement cherchant à remonter le moral de la jeune fille. Quand la voix de Damian raisonne, le sourcil de Cassandra s’agite, de surprise, avant que son genou droit glisse, brisant sa position de méditation.

Elle observe le jeune homme sans expression, cachant son étonnement, mais après une brève seconde, elle hoche la tête, ravie.
“Smells good.” Elle confirme, en s’approchant un peu de la table ou les tasses flirtent avec la théière. Saisissant avec élégance l’anse d’une tasse dûment remplie de précieux liquide -son thé vert préféré- elle assure au jeune homme. “I’m ok. It doesn’t even hurt.”

Ce n’est pas normal, de souffrir à peine avec une plaie béante dans le ventre, là où on a pris une balle dans la journée même. Mais Cassandra n'était pas normale, elle est une machine à tuer, et elle sera de retour dans l’action dès que cela sera nécessaire.

Son dos se repose sur le canapé, épuisé par la journée, mais l'œil toujours vif. Elle remarque bien le comportement de Damian, la gêne, l'indécision, mais ne fait pas de remarque : ça ne fera que l'énerver. Il est visiblement tendu. Mais l’attention la touche. Son œil glisse vers ses mains, ou elle devine le reste de charbon sur le bout de ses doigts, à peine perceptible après le lavage de ses mains. Elle admirait son talent, a l’epoque ou elle etait incapable de s’exprimer et devait parfois dessiner ce qu’elle voyait, ses gribouillis etaient loin d’etre aussi charmants.

Elle allait lui demander ce qu’il avait dessiné, avant d’entendre des pattes douces sur le parquet suivi d’un bref miaulement. Alfred veut visiblement prendre le thé avec eux. Le chat frotte son dos sur la jambe de son maître avant de s’approcher près des fauteuils, un perchoir de choix. “Aw. He’s been following you." Le sourire de Cassandra est sincere, et calme. Un rare moment d'allegresse dans le chaos de leur vie.

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